La CFDT veut lancer un nouveau débat sur l’Ecole 

Par François Jarraud


Qui a le droit de parler d’Ecole ? Pour la CFDT c’est très clair : l’Ecole n’appartient pas qu’à la galaxie Education nationale. La confédération, épaulée par ses deux fédérations enseignantes, le Sgen pour le public et la Fep pour le privé, a choisi le 1er septembre pour présenter l’ambition de la CFDT pour l’Ecole. Avec une revendication principale : la nécessité d’un débat national sur l’Ecole. Et un point fort : la capacité du syndicat à renverser les perspectives et à poser des questions pertinentes.


Sortir de la logique comptable. « Au lieu de demander des moyens il faut définir nos ambitions pour l’Ecole et voir ensuite les conditions pour les atteindre », explique Anousheh Karvar, secrétaire nationale. « Restituer des postes ne mettrait pas fin aux problèmes du système éducatif et aux difficultés du métier », ajoute Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen. « On n’a plus les moyens de bien faire notre travail. Le système éducatif n’arrive plus à assurer le minimum de bien-être aux élèves et aux professeurs. Mais on reproche au ministre son approche strictement comptable. Evitons de faire un simple renversement. Il faut débattre des missions et des moyens ».  Si le syndicat estime qu’il faut revaloriser le salaire des enseignants et leur donner des moyens pour travailler (bureau, secrétariat etc.), la revendication de moyens ne peut prendre sens à ses yeux que par rapport à des missions redéfinies.


Des ambitions. Ces missions, la CFDT les dessine. Le syndicat veut « prévenir les inégalités dès la petite enfance » et préconise la scolarisation précoce. Il veut mettre l’accent sur les transitions entre école maternelle et primaire, puis avec le collège, le lycée et l’université. Le lycée serait un élément d’un cycle regroupant allant de bac -3  à bac +3. Il souhaite donner aux enseignants les moyens en temps d’associer les parents à la vie de l’école. Cela passe une refonte du socle commun et la généralisation de l’accompagnement personnalisé « pour changer la relation pédagogique ». La CFDT veut aussi une « adaptation des rythmes scolaires à ceux de la Cité », ce qui ouvre largement le débat sur les rythmes scolaires.


Quel clivage politique ? Sur d’autres points les positions de la CFDT rejoignent le discours, à défaut des faits, ministériel. La CFDT veut personnaliser l’éducation. Elle veut « davantage d’autonomie » pour le directeur d’école et les établissements. « La place du directeur d’établissement par rapport à l’équipe enseignante et la place de l’établissement dans un territoire et par rapport aux autres acteurs doivent être revues ». Le syndicat veut aussi « généraliser le parcours de découverte des métiers et des formations », avec des stages de découverte en entreprise. Il envisage des « internats de respiration pour l’accueil de jeunes en difficulté sociale, familiale ou comportementale ». Sur d’autres par contre il est à l’opposé des positions gouvernementales. Ainsi la CFDT veut « refonder l’éducation prioritaire » en cessant l’empilement des dispositifs. Elle veut « reconstruire la carte scolaire » avec « une répartition équitable des filières des options et des élèves » dans chaque bassin de formation.


Une autre vision de l’Ecole. « On ne peut pas tout changer avec l’Ecole », annonce T. Cadart. Pour la CFDT, « ce n’est pas à l’école seule de relever le défi économique de la France ». Il faut « enlever de la pression sur l’école » en rendant le marché du travail moins dépendant des diplômes », soutient A. Karvar, allusion sans doute aux travaux de sociologues comme M. Duru-Bellat. L’autre versant de cette conception c’est que « les autres corps doivent aussi avoir leur mot à dire sur l’Ecole ». Le syndicat déplore qu’elle soit « déconnectée » de la sphère économique, que jamais les organisations professionnelles ou patronales ne soient « invitées à parler de leurs attentes » envers elle.


Pour un nouveau débat. C’est à ce large débat qu’invite la CFDT. Pour A. Karvar, cela pourrait prendre la forme d’un « Grenelle ». « La nécessité d’un changement est devenue évidente » estime T. Cadart. « Si les organisations syndicales s’entendent, elles peuvent se faire entendre » parie A Karvar.  Affaire à suivre...


François Jarraud


Par fjarraud , le lundi 05 septembre 2011.

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