Orthographe : L'AFEF combat les idées reçues 

Par Jean-Michel Le Baut



L'AFEF a organisé le 2 avril 2011 une rencontre-débat sur un sujet qui anime souvent les conversations de comptoirs et les essais polémistes : la baisse constatée du niveau en orthographe. Plusieurs experts reconnus sur la question de l’orthographe ont apporté un éclairage intéressant autour de cette question sensible et complexe pour aider les enseignants et la société entière à penser ce qui peut apparaître comme un échec collectif et à trouver des pistes de travail. Le site de l’AFEF propose un compte rendu de Martine Louveau et des enregistrements audio des différentes interventions : une invitation à lutter contre les idées simplistes et à bousculer l’opinion commune, qui souvent en la matière stigmatise les enseignants (incompétents), les élèves (incultes), le monde moderne (moderne)…


Le linguiste André Chervel montre ainsi que le niveau orthographique baisse non pas depuis quelques années mais carrément depuis 1925 : selon lui, cette baisse est d’ailleurs inéluctable. Deux voies sont alors offertes : soit renoncer à l’enseignement de l’orthographe pour tous les enfants et faire de l’orthographe une « compétence de classe », ce que le latin fut à une certaine époque, ce que les modules de recyclage  orthographique dans l’enseignement supérieur semblent tracer comme perspective ; soit réformer radicalement l’orthographe et l’enseigner à tous les élèves. "Si on veut changer quelque chose, enseigner une orthographe active, c'est-à-dire visant l’écriture, il faut reprendre le cours des réformes : suppression des doubles consonnes, des lettres grecques, de l’accord des participes passés. Les Français peuvent l’accepter, tout comme ils ont accepté le passage à l’euro. Toute autre orientation est illusoire."


Danièle Cogis, enseignant-chercheur à l’IUFM de Paris, développe une approche didactique.  Les méthodes d'enseignement anciennes ne correspondent plus à l'organisation et aux horaires du système actuel : "Le modèle traditionnel d’apprentissage (leçon/application/règle) est immuable. Mais il correspondait à un apprentissage par la répétition et l’entraînement. Or, les élèves ont perdu un tiers de leur temps d’apprentissage en vingt ans, ce qui interdit de procéder selon ce modèle." D'autres approches sont alors nécessaires : "Les pistes pour un apprentissage réussi sont connues : reconnaître que les élèves peuvent progresser, procéder à une analyse fine des erreurs et des réussites pour identifier les obstacles, s’appuyer sur ce qu’eux-mêmes disent de leurs difficultés, utiliser des démarches actives."


Jacques David, maitre de conférences à l’université de Cergy Pontoise et rédacteur en chef de la revue Le Français aujourd’hui, présente ses analyses sur "les néographies à l’épreuve de l’orthographe (et réciproquement)", autrement dit ce langage SMS qui selon beaucoup serait la cause de bien des maux : "Les élèves (8 /12 ans) qui utilisent les textos sont souvent les meilleurs scripteurs. Il n’y a aucun effet négatif sur les compétences du lire – écrire. Au contraire, cette pratique développe des habiletés métagraphiques dont il apparaît que les élèves parviennent à les transférer sur les pratiques scolaires d’écriture : les texteurs les plus assidus sont aussi des scripteurs très performants par ailleurs." La graphie SMS n'entraîne donc pas la baisse en orthographe : "Il faut se méfier des discours de déploration opposant la qualité orthographique des écrits normés et les textos, puisque la pratique de ceux-ci développe un savoir-écrire. "


Jean-Michel Le Baut


L’intégralité des contributions et des débats est à découvrir ici :

http://www.afef.org/blog/post-la-lettre-de-l-afef-n-[..]



Par fjarraud , le vendredi 29 avril 2011.

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