Réformes et programmes au cœur des journées de l’APMEP 

Par Didier Missenard


Pour son 100ème anniversaire, l’Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public (APMEP) organisait des Journées du 23 au 26 octobre à Paris dans le cadre prestigieux du Lycée Louis le Grand. Elles ont permis aux congressistes d’assister à de nombreuses conférences, dont l’une de Wendelin Werner (médaillé Fields) et de participer à une centaine d'ateliers. Elles ont été l'occasion également d'échanges avec la doyenne de l'Inspection sur les programmes du lycée


Prés d’un millier de personnes ont participé à ces journées, intitulées « D’un siècle à l’autre, le pari des athématiques ». Cette vitalité montre bien l’engagement d’une bonne partie de la profession dans son métier. L’Inspection Générale ne s’y trompe pas, qui participe à chacune de ces journées en la personne de son doyen. Cette année, c’est donc Brigitte Bajou qui s’est prêtée à un exercice toujours délicat, qui est de répondre aux questions d’une séance dédiée aux actualités, devant une salle bondée. L’exercice est difficile, en particulier du fait que certains participants assimilent hardiment l’Inspection Générale au cabinet du Ministre, voire au Ministre lui-même, ce qu’elle est très loin d’être… Nonobstant ces problèmes, la doyenne a répondu à un bon nombre de questions, dans les limites des missions de sa fonction.



Dans les filières générales des Lycées


Pour ce qui est des Lycées, le programme de Terminale des sections générales est en cours de construction depuis septembre : la commande est qu’il soit achevé le 25 février. L’Inspection a déjà consulté les syndicats, et les Inspections Générales des autres disciplines scientifiques (avec le projet de pointer des thèmes transversaux, à l’image de la radioactivité dans le programme précédent). Elle doit consulter les sociétés savantes avant de terminer le travail d’écriture. Des projets de documents ressources avancent : en particulier, un document pourrait être commun aux trois disciplines scientifiques, et traiter de la mesure des erreurs.


Relativement au projet d’option informatique, la réflexion est en cours quant à la façon de former les futurs enseignants de cette option (qui ne seront d’ailleurs pas nécessairement enseignants de mathématiques), ainsi qu’à propos de son programme. L’espoir est d’arriver à proposer des modalités d’évaluation au baccalauréat analogues à celles des autres spécialités, pour que les notes dans cette spécialité puissent être du même ordre que celles que les élèves obtiennent dans les autres disciplines scientifiques.


Les contraintes d’écriture des programmes sont nombreuses : l’adéquation des contenus à l’horaire (pour ne pas renouveler les difficultés posées par l’ancien programme de Première S), le souci de continuité, et celui de faire évoluer la discipline (avec l’algorithmique et les probas-stats) sans néanmoins trop déstabiliser les enseignants. À ce propos, a été pointée l'incongruité des actuels programmes de CPGE, qui ne contiennent toujours rien, ni en probabilités, ni en statistiques : les élèves sortiront donc du secondaire avec un intéressant bagage dans ces domaines, et devront attendre deux ou trois ans avant de les retrouver en école d’ingénieur. Quand on sait le temps que prend l’appropriation par les étudiants d’une conception probabiliste, on ne peut qu’être désolé d’une telle inertie : est-elle le fait de l’absence de commande institutionnelle (les programmes relevant du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, en lien avec les écoles d’ingénieurs), ou bien du corps enseignant dans ces classes, peut-être insuffisamment enclin à la nouveauté… ? De fait, les programmes de CPGE se retrouvent ainsi bien isolés, car l’enseignement des probabilités et des statistiques fait désormais partie des cursus licence de tous les pays développés.


À propos des programmes, le Président de l’APMEP a fait savoir que la DGESCO avait souhaité qu’un suivi des programmes soit réalisé en collaboration avec l’APMEP, ce dont on ne peut que se réjouir.


Pour la classe de Seconde, l’Inspection suit avec attention la mise en place de l’enseignement d’exploration MPS (et la place des Mathématiques dans cet enseignement), et la façon dont l’accompagnement personnalisé est décliné par les équipes.


Dans l’enseignement technologique et en STS


Les préoccupations dans ces sections portent sur plusieurs thèmes :

- des dispositifs sont à mettre en place pour permettre aux élèves issus de Bac Pro de suivre avec profit les cours de mathématiques de STS ;

- une évolution des programmes de STS est envisagée pour lier davantage les mathématiques aux autres champs disciplinaires ;

- une réflexion est menée quant à l’évaluation : certification progressive, attribution de crédits ECTS, évolution vers un CCF  (Contrôle en Cours de Formation) ?


Dans les sections du cycle terminal, les programmes sont en cours de refonte rapide, mais avec des délais courts.


À propos de la formation


La situation de la formation initiale a été qualifiée de « délicate, très compliquée, très préoccupante » par la doyenne, qui rejoint ainsi les préoccupations de tous les acteurs impliqués.

Pour ce qui est de la formation continue, la doyenne a aussi formulé des inquiétudes, les moyens académiques semblant avoir été encore réduits, dans un paysage déjà dévasté.


Pour le Collège


De la salle, ont émané des inquiétudes vis à vis de la difficulté à scolariser correctement, dans le cadre du présent dispositif, des élèves si hétérogènes. La validation du socle commun pose aussi problème, malgré les documents ressources parus : une demande d’outil informatique ad hoc a été formulée.


Ainsi, les journées de l’APMEP sont-elles toujours le lieu privilégié où les enseignants les plus actifs se retrouvent et échangent, pour faire évoluer une discipline qui a connu, depuis quarante ans, une histoire turbulente ; les enjeux sont de faire en sorte que les jeunes reçoivent une formation solide et attrayante en mathématiques, le besoin de professionnels en mathématiques étant toujours important (et pas seulement pour l’enseignement et la recherche). C’est aussi la clé de la survie de l’École Mathématique française, qui est toujours, depuis Descartes, l’une des meilleures du monde.



Le programme

http://www.apmep2010.fr/index2.php



Par dmissenard , le jeudi 04 novembre 2010.

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