Que seront les EPLE de demain ? 

 

 

Par Françoise Solliec

 

Une régionalisation du système éducatif ? UN EPLE différencié dans son architecture selon l’âge des élèves ? Un EPLE profondément modifié dans son organisation spatiale et temporelle par l’utilisation des ENT ? Toutes ces questions et bien d’autres ont été évoquées au colloque "Les vingt cinq ans de l’EPLE" organisé par le Snpden et A&I.

 

 

Les EPLE ont vingt cinq ans ! Pour célébrer cet anniversaire, un colloque a été organisé par le SNPDEN en collaboration avec A&I (administration et Intendance), avec le concours de l’AFAE le 24 novembre 2010. Après la rétrospective historique de la matinée, les interventions de l’après-midi tentaient de définir le visage de l’établissement scolaire de demain. 

 

Pour François Perret, encore récemment doyen de l’IGEN, l’établissement restera le lieu de socialisation et d’éducation de la jeunesse. Il estime cependant que c’est un exercice difficile que de prévoir une perspective vraisemblable, alors que des divergences importantes sous-tendent les différentes orientations possibles. L’enseignement sera-t-il régionalisé ? Vers quels aménagements du système éducatif se dirige-t-on ? Quoi qu’il e soit, l’autonomie de l’établissement devrait être renforcée, de manière à donner aux élèves la possibilité de véritables parcours. L’espace et le temps scolaire vont sans doute prendre de nouvelles formes avec l’arrivée des ENT.

Les anciennes articulations pourraient être quelque peu bouleversées. Il pourrait se définir des établissements du socle commun regroupant primaire et collège et une continuité accrue lycée enseignement supérieur. Il faudra alors réfléchir à la place du LP. La réussite du socle commun ira de pair avec cette réorganisation. L’école primaire est en avance sur ce qui concerne l’évaluation par compétences. Les interactions entre les enseignants du primaire et du collège seront bénéfiques à tous. Il pourrait aussi y avoir un avenir pour des réseaux d’écoles. Même à l’école il y a des choix d’organisation pédagogique à effectuer.

Comment régler le problème de la carte scolaire et de la liberté de choix des parents ? Les ENT sont peut-être un élément de réponse. De toutes façons les établissements ont besoin de s’ouvrir davantage sur leur environnement et de devenir de véritables biens publics locaux. Cela suppose d’associer à l’administration de l’établissement davantage de parents et d’élus locaux.

 

Ce qui frappe Alain Boissinot, recteur de l’académie de Versialles, c’est d’abord l’extraordinaire diversité des établissements : « l’établissement est pluriel ». Au niveau académique, il peut être intéressant de travailler par typologies, car les moyennes n’ont guère de sens. Ce n’est pas pour autant qu’il faut se détacher de toute notion d’égalité, mais il bon de disposer de jeux de références croisées. Dans le système éducatif français, 2 logiques s’affrontent : la culture centralisé voudrait que l’EPLE soit piloté, voire géré selon un processus uniquement descendant. Le principe de réalité montre que cette attitude est totalement illusoire, compte tenu de la complexité de ce qui se passe dans les établissements, mais les décideurs n’arrivent pas en tirer toutes les conséquences. De plus le temps du ministre n’est pas celui des établissements. Chaque politique veut imposer sa maque, alors qu’au contraire il faudrait donner au système la stabilité dont il a besoin en desserrant cette contrainte temporelle encore renforcée par la pression des médias. Alain Boissinot souhaiterait voir le niveau national ne garder qu’une fonction de veille de grands principes et de régulation et voir les académie négocier avec les établissements un mode de fonctionnement tenant compte des spécificités de chacun. Cela semble parfois se dessiner ainsi, mais on n’en est guère qu’au dessin. Il faudrait pourtant inventer les établissements du socle commun et reconstruire les services académiques dans une logique de régulation et de service aux établissements. On sera à l’avenir confronté à une conduite du changement. Laréforme des lycées avec ce qu’elle suppose d’individualisation et d’accompagnement introduit des points de déséquilibre qui permettront des avancées, pour peu qu’on sache aussi être dans la réassurance (espoir d’un meilleur fonctionnement, de meilleurs résultats …). Le plus simple serait sans doute de disposer de quelques moyens supplémentaires pour enclencher cette dynamique, mais, dans le contexte actuel, il faudra plutôt aller vers une image davantage valorisée de la fonction enseignante dans la société.

 

Dans la conclusion, Jean-Yves Rocca, secrétaire général A&I, a rappelé les liens de plus en plus étroits des EPLE avec les collectivités locales et la territorialisation de l’éducation. L’histoire future de l’EPLE dépend de ce que seront les politiques publiques. Un système horizontal devrait se substituer, ou comme bien souvent se surajouter, au système vertical actuel. L’autonomie passe par une gouvernance claire, pilotée par l’état.

Pour Philippe Tournier, secrétaire national du SNPDEN, l’EPLE a fait comprendre aux décideurs que, quoi qu’ils disent, l’EPLE arrivera à traiter localement des problèmes que l’on ne sait pas résoudre nationalement. D’ailleurs le national manque cruellement d’un projet éducatif explicite. Les temps de rotation des ministres ne le permettent pas. Pourrait-on imaginer de construire une ligne de TGV, si son tracé était remis en cause tous les 1 an et 9 mois, durée de vie moyenne d’un ministre de l’éducation nationale ? De plus notre imaginaire sur l’éducation n’est pas adapté à la situation actuelle, nos enseignants sont toujours sur un modèle de division taylorienne du travail. L’institution a besoin d’énergie pour fonctionner et il faudrait tout d’abord redonner confiance à des personnels, souvent moroses et découragés.

Patrick Gonthier secrétaire général d’UNSA Education, la fédération dont relèvent le SNPDEN et A&I, constate que l’état s’est fait plus absent dans le contrôle et le pilotage. Les EPLE ont subi des reculs de postes et de budget, alors que de nombreux rapports indiquaient que ce n’était pas souhaitable. Le système éducatif a besoin de stabilité pour pouvoir donner toute sa place à l’innovation et à l’expérimentation. Le socle commun est un point essentiel, mais l’état tarde à en tirer toutes les conséquences. Alors qu’on évoque des conventions tripartites entre EPLE, collectivités et académies, on sent bien que l’éducation sera un point très fort de débat pour les prochaines élections présidentielles.

 

 

 

 

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Par fsolliec , le jeudi 25 novembre 2010.

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