Lycéens : des violences minoritaires 

 

Alors que de nombreux lycées sont touchés par les mouvements sociaux et connaissent des violences aux abords des établissements, nous avons interrogé Henriette Zoughebi, vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France en charge des lycées, qui nous explique ici ses réactions et son plan d'action pour développer la démocratie lycéenne.

 

Par rapport aux actuels mouvements sociaux et manifestations, quelles sont à votre avis les préoccupations des lycéens ?

J’ai rencontré beaucoup de lycéens ces derniers temps et j’ai constaté qu’ils entraient assez massivement dans ce mouvement, avec une problématique très intéressante. Ils ont la volonté de prendre en mains la question de leur avenir, pour les deux aspects emploi et travail. Si l’âge de la retraite est reculé pour leurs parents, leur recherche d’emploi sera d’autant plus difficile. Ils ne veulent pas se laisser ballotter de CDD en CDD, ni commencer à travailler à 27 ans.

 

Que pensez-vous des violences qui ont eu lieu dans certains lycées ?

Les jeunes que j’ai rencontrés sont souvent très jeunes (15 ou 16 ans), mais ils font preuve dans leur discours d’une étonnante maturité, qui fait d’ailleurs écho à la maturité des équipes éducatives. Les chefs d’établissement expliquent que ces violences sont le fait d’une toute petite minorité, en général extérieure à l’établissement. Les équipes refusent de monter en épingle ces incidents violents, malgré l’intervention souvent étonnante des forces de police.

 

Comment analysez-vous l’intervention de la police au lycée de Montreuil ?

Le proviseur affirme ne pas avoir appelé la police, qui en fait était présente dans le quartier pour des expulsions. Ils ont eu une attitude répressive sans commune mesure avec les provocations des jeunes. Je ne saurais croire que ces réponses soient de la responsabilité d’un policier ou d’un autre : ce n’était pas une attitude responsable de la part de la police. De même au lycée de Vaucanson, aux Mureaux, la répression policière était loin d’être justifiée et complètement disproportionnée.

Il est cependant plus que jamais nécessaire d’être vigilants par rapport aux violences, car ces incidents remettent en cause l’image des lycéens. Il va falloir encore davantage travailler avec les élus aux conseils, parents ou élèves, pour développer la démocratie lycéenne.

 

Le conseil régional d’Ile-de-France s’est engagé pour la réussite de tous. Quel est son plan d’action ?

Un rapport Agir pour la réussite a été voté à l’assemblée régionale le 1er octobre. Il comporte en particulier un chapitre sur la démocratie lycéenne, thème de travail régional. Avec Victor Colombani, président de l’UNL, nous avons convenu d’une rencontre de travail avec tous les délégués lycéens, presque mille. Nous avons l’intention de mettre un budget à leur disposition dès l’an prochain, pour encourager les actions à la citoyenneté. Nous voulons initier une dynamique de confiance avec ces jeunes et aider les délégués qui souvent ne voeint pas très bien quel peut être leur rôle. Si on les écoutait bien, on verrait clairement ressortir des questions récurrentes qui les touchent au plus près : le décrochage, les discriminations (notamment pour trouver un stage), l’emploi, les violences qui sont très souvent un signe de mal être à prendre en compte. Nous avons à mener un travail d’écoute et à imaginer des solutions.

 

Entretien : Françoise Solliec

 

 

Sur le site du Café
Par fsolliec , le dimanche 17 octobre 2010.

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