La Ligue de Slam s'invite à la Culture 

Par Jeanne-Claire Fumet


De nombreux enseignants de français utilisent le slam pour faire travailler les élèves. Ils le retrouveront, avec Grand Corps Malade, au concours "10 mots de la langue française" organisé par le Ministère de la culture.  A l’initiative d'Universlam, collectif parisien, le cabaret des Trois Baudets recevait le 21 septembre les principaux acteurs du mouvement Slam français, réunis autour du chanteur Grand Corps Malade, pour le lancement de la Ligue de Slam de France. Destinée à rassembler les petites structures dispersées sur le territoire dans une organisation commune, l'association fondée en 2009, favorise le développement des activités de scènes, d'ateliers d'écriture poétique et d'animations scolaires ou extra-scolaires en province comme à Paris. Elle bénéficie du soutien de la Délégation à la Langue Française du Ministère de la Culture. L'occasion de découvrir les valeurs d'égalité, de liberté et de respect qui animent ce mouvement pas toujours bien connu du public.


Le Slam en deux mots.

Né à Chicago dans les années 80, arrivé en France dans les années 90, le Slam (claquement ou tournoi) se distingue des autres formes d'expression « parlée-chantée » par des règles spécifiques : sans musique, sans décor ni costume, le Slam est un texte poétique libre, déclamé en public par séquences de 3mn, avec plusieurs intervenants successifs s'affrontant en tournoi, évalués par des juges choisis au hasard dans le public et qui désignent un vainqueur.  



Un festival national à Joué-Les-Tours

En compétition ou en rencontre libre, le Slam offre l'occasion d'expériences de création poétique sur le langage sans discriminations d'âge, de niveau culturel ou de milieu social. La Ligue organisera sa 1ère Coupe de la Ligue de Slam de France en mai 2011 à Joué-les Tours, dans le cadre d'un festival national qui permettra de découvrir tous les aspects de cette pratique très ouverte.


Les Dix mots de la langue française.

En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue Française du Ministère de la Culture, la Ligue participera à l'opération « 10 mots de la langue française », support de création poétique et ludique lors de la Semaine de la Langue Française et de la Francophonie, du 13 au 20 mars 2011. Ce sera aussi l'occasion d'une nouvelle édition du festival Nuit du Slam.



Rencontre avec Grand Corps Malade.


Le slameur le plus célèbre de France a choisi de prêter son nom et sa notoriété à la Ligue de Slam de France. Nous l'avons rencontré à l'occasion du lancement parisien de la Ligue de France de Slam.


Vous êtes le principal représentant du Slam en France, mais paradoxalement, votre travail s'éloigne beaucoup de la forme d'origine. Cela signifie-t-il qu'il faut se détacher du Slam pour produire une œuvre originale ?


Mais non, c'est une forme dont on peut très bien se satisfaire ! Seulement, elle est à la frontière de beaucoup d'autres pratiques, et on peut la marier avec bien d'autres genres. J'ai commencé par des petites scènes Slam dans les bars et je n'ai jamais cessé d'en faire depuis. En ce sens, je me revendique slameur. Mais j'ai conçu un projet qui s'éloigne du Slam : mettre mes textes en musique, en faire des disques et des concerts. Ce n'est pas du Slam pur et dur : si on veut revenir aux grands principes du Slam, c'est avant tout de l'a cappella, c'est un moment de live, et c'est un partage de la scène. Quand je fais un disque, je suis tout seul, ce n'est pas a cappella et ce n'est pas du live mais pour un support audio. Donc on est très loin du Slam.


C'est peut-être la condition pour être audible du grand public?


En général, les slameurs se moquent complètement d'être connus du grand public. Ils veulent vivre leur passion, faire de petites scènes, monter des ateliers, faire des spectacles ; ils en vivent et ils n'en veulent pas plus. D'autres se contentent d'en faire leur passion du soir, leur échappée du quotidien. Chercher la célébrité, ce n'est de toute façon pas l'esprit du Slam. Si j'avais voulu faire une carrière de chanteur, je n'aurais jamais commencé par le Slam. Au départ, c'est vraiment une question de passion, et puis de rencontres et de hasard, mais ce n'est certainement pas une volonté   de ma part de faire carrière.


La Ligue s'associe à la semaine de la Francophonie : vous pensez que le Slam peut réconcilier les jeunes gens avec la langue française ?


Je pense que c'est déjà le cas, énormément, et depuis plusieurs années. Je reçois des centaines de témoignages de profs de français qui me disent qu'ils utilisent le Slam pour intéresser les élèves à la pratique de la langue : ils étudient des textes, organisent des ateliers d'écriture poétique, des spectacles... Et leurs élèves s'aperçoivent que le travail sur la langue, l'écriture est aussi quelque chose de vivant et de ludique, qu'ils peuvent se l'approprier, et cela les rapproche de la littérature.


Vous vous destiniez à l'enseignement, à l'origine. Votre participation à la Ligue de Slam s'inscrit-elle dans le fil de cette première vocation pédagogique ?


De toute façon, quand on est slameur, intrinsèquement on a envie de partager et de transmettre. C'est pour ça qu'il y a énormément de slameurs qui font des ateliers, parce que ça participe de la même dynamique qui est de transmettre cette envie, cet amour des mots, le désir de faire passer des émotions à travers des textes. C'est vrai que cette envie de transmettre, je l'avais quand j'allais être prof de sport ; ça correspond vraiment à ça.


Le site de la Ligue de France de Slam :

www.ligueslamdefrance.com


Le programme complet des Nuits du slam :

www.nuitduslam.fr.

L'ensemble des manifestations organisées dans le cadre de l'opération Les dix mots de la langue française :

www.dismoidixmots.culture.fr

Le site de la Délégation Générale à la Langue Française du Ministère de la Culture :

http://www.dglflf.culture.gouv.fr/



Par fjarraud , le mercredi 22 septembre 2010.

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