Salon du livre de jeunesse d'Agen : lire, de différentes façons 

 

Lire, de différentes façons

 

Par Monique Royer

Le salon du livre de jeunesse d’Agen a commencé hier et se déroulera jusqu’à  samedi, trois jours pour vivre la lecture à l’ère du numérique.

 

Festival

Il est onze heures et des groupes d’élèves déambulent dans le hall du stadium d’Agen, piochant parmi les livres pour s’assoir un peu plus loin et déguster quelques pages. Le stadium n’est qu’une halte. Ateliers et rencontres avec des auteurs les attendent dans 28 autres lieux de la ville. Pour la plupart d’entre eux, cette journée est le point d’orgue d’un travail mené en classe autour d’un livre. Aujourd’hui, ils pourront dialoguer avec son auteur, lui poser les questions préparées en classe.

 

Alors, lorsqu’à midi les écrivains invités grimpent les marches pour rejoindre la scène centrale, les applaudissements sont nourris. Chacun d’entre eux arrive, escorté par un ou deux collégiens  en guise d’anges gardiens qui lisent une courte biographie souvent colorée d’une teinte d’humour. Et comme dans un vrai festival, des prix sont décernés, attribués à partir des votes des élèves. Lorsque Yves  Pinguilly reçoit le prix Papillotte pour le cycle 3, une véritable ovation s’élève des gradins, belle reconnaissance d’un jeune public pour le doyen des auteurs présents.

 

La différence

De l’Afrique à la Bretagne, du joueur de football à la musicienne d’Auschwitz, des albums pour cycle 1 aux romans pour ados, Yves Pinguilly fait voyager son talent et sa plume au gré de ses envies. Cet air de liberté qui se lit aussi dans son regard est sans nul doute une des clés de son succès auprès du jeune public. Habitué des salons du livre jeunesse, il apprécie particulièrement les rencontres avec les classes surtout lorsqu’elles ont été précédées par une lecture approfondie et un travail autour du livre.  Au cours de la journée, il rencontrera trois classes, trois classes qui reflètent la différence des publics, entre élèves d’une école de centre ville et ceux d’un quartier défavorisé. La différence sociale se manifeste également dans l’approche des livres, leur fréquentation et la familiarité avec les trésors et les difficultés qu’ils recèlent.

La différence, justement, est le thème retenu pour le salon. Elle s’affiche sur les murs du stadium sous forme de photos numériques, de peintures et de romans photos réalisés par les élèves. Les auteurs et les livres retenus visitent la différence sous toutes ses formes. Les classes participantes l’ont ainsi exploré. Avant le salon, nous avions rencontré  Nadia Mestour , enseignante en français au collège Paul Dangla d’Agen et Philippe Guillem, professeur des écoles à Moncaut. Tous deux saisissent l’opportunité du salon du livre de la jeunesse pour développer le goût de la lecture chez leurs élèves et proposer des activités en lien avec le thème retenu. Durant le salon, le travail se poursuit aussi dans les ateliers animés par des bénévoles ou des membres du CDDP : atelier de collages, de photo numériques, contes et écriture ludique, par exemple.

 

Lire en numérique

Le numérique a la part belle dans les ateliers proposés avec la découverte d’outils comme les liseuses ou le Tbi. Pierre Valade, nouveau directeur du CDDP d’Agen a ainsi apporté sa patte d’ancien formateur Tice à ce salon qui existe déjà depuis plus de dix ans. Intégrer le numérique lui a semblé couler de source. Editeur au sein du réseau Sceren, médiathèque, le CDDP a aussi pour mission de favoriser la culture et l’usage des Tice dans l’enseignement scolaire. Pour Pierre Valade, le développement des usages à la maison rend nécessaire un accompagnement au sein de l’école au risque de voir s’agrandir le fossé entre les élèves familiarisés à l’outil et ceux qui ne le sont pas et développer ainsi de nouvelles différences.

 

A l’heure de ‘arrivée de l’i-pad, la présence de la lecture numérique au salon est également une réponse à l’élan de curiosité et d’interrogations suscité par l’outil. Dans un atelier consacré aux liseuses, les élèves expérimentent la lecture numérique avec beaucoup d’intérêt. Leurs enseignants, eux s’interrogent sur la possibilité d’en disposer dans leurs classes. Les professionnels, documentalistes et bibliothécaires, étaient quant à eux invités à deux conférences autour de la lecture numérique, une occasion de réfléchir aussi aux évolutions des métiers autour du livre. Véritable rupture ou continuité dans les usages, le numérique provoque le débat. Les pratiques au quotidien des élèves s’exemptent de plus en plus des barrières et des filtres posés par l’institution et rendent indispensables une véritable éducation aux médias. Les outils sont de plus en plus performants laissant supposer de nouveaux usages. Mais pour que l’école reste en phase avec les pratiques au quotidien, les outils qui y sont utilisés, comme les ent, doivent intégrer aussi ces nouveaux usages.

 

Aux dires des intervenants, le livre électronique ne supplantera pas le livre papier mais agira plutôt en complément. En regardant les allées du stadium, on le constate aussi : l’attrait vers les liseuses n’empêche pas les jeunes lecteurs d’ouvrir les livres papiers. Que l’on tourne les pages de façon virtuelle ou réelle, lire est un plaisir découvert ou cultivé sur les bancs de l’école. Le CDDP d’Agen, soutenu par les collectivités territoriales, organise le salon du livre jeunesse comme une illustration à ce postulat.

 

Par moniqueroyer , le vendredi 28 mai 2010.

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