S.V.T. : "Les relations entre un élève motivé et son enseignant sont en règle générale meilleures" 

Prof de SVT, Jean-Pierre Gallerand est aussi auteur de logiciels, webmestre, lanceur de projets. Il montre ici comment les Tice peuvent être mises au service des SVT.


On dit souvent que les tice stimulent la motivation des élèves. Est-ce le cas en SVT ?


Les Sciences de la Vie et de la Terre motivent, en général, assez bien les élèves avec les élevages (parfois), le microscope, les expériences et même les dissections (mais pas tous les élèves!). Les TICE permettent de diversifier encore plus cette matière et par conséquence de motiver un peu plus les élèves. Il n'est pas possible parfois (souvent !) de réaliser en classe certaines expériences ou simulations pour des raisons de législation, de temps, de prix, de manque de matériel, de manipulation de produits toxiques et aussi de groupes d'élèves trop nombreux. Les expériences et les simulations virtuelles ne remplacent pas le réel mais permettent cependant de les réaliser lorsque pour une ou plusieurs des raisons citées précédemment ce n'est pas possible. Elles sont plus stimulantes que décrites dans un ouvrage ou présentées dans une vidéo. Elles sont même leur intérêt lorsqu'elles ont été réalisée en classe « en vrai », elles permettent aux élèves de les compléter et/ou de les refaire au CDI ou à la maison « en virtuel », ce qui est une stimulation au travail personnel.



Les TICE influent-elles sur la relation enseignant - enseignés ?


Les TICE permettent de motiver les élèves et leur permettent aussi de mieux s'approprier les connaissances et certaines compétences, avec la possibilité de presque tout revoir ou refaire au CDI ou à la maison. Les relations entre un élève motivé et son enseignant sont en règle générale meilleures, même si de nombreux autres paramètres interviennent dans cette relation. Je pense aussi qu'un certain nombre d'élèves sont conscients du travail réalisé par l'enseignant et lui en sont reconnaissants.



Quelles pratiques semblent les plus intéressantes sous cet angle ?


Un exemple en 6ème avec la dissection de la pelote de réjection de certains oiseaux (chouette,.. .), il est interdit aujourd'hui de les disséquer en raison de la grippe aviaire. Sans les TICE, les élèves travailleraient à partir du livre ou peut-être d'une vidéo. J'ai créé un logiciel qui "virtualise" toutes les étapes de cette dissection. Ce logiciel peut-être utilisé avec un TBI au laboratoire et sans cet outil avec un vidéoprojecteur. C'est également intéressant avec ce dernier mais l'élève est beaucoup plus «dans l'action » devant le TBI que devant l'ordinateur du laboratoire et sa souris. Il peut être aussi utilisé en salle multimédia (si elle est libre !) et c'est chaque élève (ou groupe de deux) qui dissèque virtuellement. L'utilisation de la salle multimédia permet à chaque élève de progresser à son rythme mais favorise moins le travail collectif, les deux ont leur intérêt. Le TBI est plus adapté à certaines parties du cours et la salle multimédia à d'autres. Entre la dissection virtuelle ou un travail à partir du livre, le choix de l'élève est vite fait. Ce logiciel comme les autres est très proche d'un jeu.

http://44.svt.free.fr/jpg/pelote.htm


Ce logiciel pelote a été téléchargé plus de 30 000 fois depuis sa création et la version en ligne a été utilisée plus de 20 000 fois ces 6 dernières semaines. Curieusement bien que téléchargeable gratuitement la version en ligne est beaucoup plus utilisée.


Le cahier de l'élève virtuel que j'ai mis en place stimule aussi les élèves. Il leur permet de retrouver et de refaire presque toutes les activités du cours (sorties, expériences, observations, …) avec des photos, des vidéos, des animations intégrées. Il permet également à l’élève de télécharger un document perdu ou abîmé,   un logiciel utilisé en classe, de trouver des pistes sur Internet pour approfondir un sujet que l'élève a particulièrement apprécié, de retrouver le résumé qu'il a peut-être mal copié,... Pour les plus motivés, ils retrouvent également les compétences du socle commun. L'intérêt pour l'élève absent est encore plus important.

http://sites.google.com/site/cahierdesvt/


Je viens tout récemment d'installer un forum (associé au site) pour me permettre de répondre aux questions des élèves et leur permettre d'échanger sur certains sujets. Je ne l'ai pas encore « ouvert », mais je crois vraiment à l'intérêt pédagogique de cet outil dans le cadre d'un cours.


Les outils collaboratifs sont également très intéressants comme Google Document ou le blog. J'ai créé pour mes élèves de 6ème un blog collaboratif et j'ai invité une dizaine de collègues (de Beyrouth, Bogota, Bombay, Tripoli, Shanghai,...), à collaborer à ce blog avec leurs élèves de 6èmes. Chacun présente son environnement (programme de SVT de ce niveau). Les élèves apprécient cet échange et certains de ces collègues apprécient de se sentir un peu moins isolés.

http://collegien.blogspot.com/


Certains programmes de SVT sont très axés sur l'environnement proche des élèves, j'ai créé des blogs pour leur permettre de découvrir certains de ces environnements et les inciter à sortir du virtuel en s'y déplaçant avec leurs parents. Un autre blog SVT News Junior leur fournit les informations présentes sur Internet en rapport avec leur niveau et la matière.

http://lacdebeaulieu.blogspot.com/

http://svtnewsjunior.blogspot.com/



De tous les objets passerelles pour introduire les Tice, le TBI semble particulièrement efficace. Quels sont ses avantages par rapport au tableau classique ? Comment en faire un usage qui aille plus loin que le cours frontal ?


Le TBI est un outil « Tout en un » qui regroupe le tableau « noir », le rétroprojecteur, la télévision (avec le magnétoscope et le lecteur de dvd associés), l'ordinateur de fond de classe (parfois inutilisé), l'écran du projecteur de diapositives et pourquoi pas en remontant dans le temps du projecteur super 8 et de l'épiscope (pour projeter la page d'un livre,...). Le « Tout en un » c'est pratique mais pas une révolution pédagogique! Si on se limite à « remplacer » ces outils ou si l'enseignant n'utilise que des diaporamas Impress ou PowerPoint , le cours frontal peut ne pas être loin.


Le TBI apporte un plus pour toutes les utilisations que je viens de présenter. La trace écrite sur un TBI peut-être sauvegardée et mise à la disposition des élèves sur Internet, l'intranet de l'établissement ou très prochainement pour l'Académie de Nantes sur l'ENT. La photo projetée peut-être annotée, schématisée et le tout sauvegardé. La même chose avec une vidéo mise en pause. Pour les schémas utilisés avec un rétroprojecteur, ils peuvent toujours être annotés et coloriés mais ils peuvent en plus être animés. Pour l'ordinateur, le TBI permet une projection collective de pages Internet et de documents avec toujours cette possibilité d'annoter, surligner et de sauvegarder. Certains livres scolaires sont maintenant numérisés, la projection d'une page du livre facilite le travail à partir d'un document du livre, de l'annoter et permet également à tous les élèves de participer même ceux qui ont oublié leur livre. Elle peut  permettre aussi d'alléger le cartable de l'élève. En SVT le TBI prend sa véritable dimension dans le domaine du virtuel, une expérience virtuelle ou une simulation sur grand écran c'est presque magique surtout si un maximum d'élèves l'utilise dans une séance et l'enseignant le moins possible. Les élèves doivent se l'approprier. La cinquantaine d'expériences virtuelles, simulations que j'ai réalisées à ce jour :

http://44.svt.free.fr/jpg/applicat.htm


Les « outils » des logiciels des TBI qui permettent d’écrire, surligner, capturer, … sont indispensables. Pour la partie « support du cours » de ces logiciels, c'en est un parmi d’autres (diaporama, blog, …) avec ses avantages et ses inconvénients. Un exemple dans lequel j'ai essayé d'exploiter toutes les possibilités offertes par le logiciel associé au TBI que j’utilise :

http://44.svt.free.fr/jpg/tbi



La société dans son ensemble utilise les tice et notamment les chercheurs. Peut-on dire des tice qu'en svt elles peuvent rendre plus pointus les contenus disciplinaires ?


Pour rendre un contenu disciplinaire plus pointu, il faut déjà que le contenu exigible soit acquis par tous les élèves et dans les limites des instructions officielles. Mais l'intérêt se situe dans la mise à disposition sur Internet, l'ENT, de ressources supplémentaires exploitables au CDI ou à la maison, et associé à un forum pour les échanges. A l'inverse il est aussi intéressant de mettre également du contenu permettant une remédiation pour les élèves en difficulté.



Peut-on dire qu'elles permettent des raisonnements plus difficiles à faire passer traditionnellement ?


Je vais revenir sur les expériences, simulations et modélisations virtuelles. Un élève peut lire un document présentant une expérience et il peut la réaliser avec un TBI ou un ordinateur en salle multimédia. Si le logiciel a été bien conçu (en respectant les étapes de l'acquisition des connaissances et des compétences) et est accompagné d'un document de travail respectant bien la problématique, le TBI ou l'ordinateur permettra probablement de mieux assimiler des raisonnements plus complexes. Les TICE seules ne suffisent pas, l'enseignant a encore son rôle à jouer, aussi important qu'avant mais différent.


Jean-Pierre Gallerand


Entretien François Jarraud



Sur le site du Café
Par fjarraud , le jeudi 18 février 2010.

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