Se-Unsa : Jean-Michel Fourgous parviendra-t-il à convaincre ? 

Jean-Michel Fourgous est convaincu de la nécessité de développer la culture numérique à l’Ecole. Il est également convaincu que l’utilisation des TIC à l’Ecole permet de développer des compétences essentielles chez les élèves et de mettre en place des pédagogies plus actives et plus différenciées. Il propose 70 mesures qui peuvent constituer autant de solutions pour dépasser les obstacles à la généralisation des TIC dans l’enseignement : équipement et maintenance, formation et accompagnement des enseignants et de l’encadrement, production de ressources, développement des ENT,… Le SE-UNSA est convaincu que si ces mesures sont mises en œuvre, notre pays devrait pouvoir refaire une partie de son retard dans la maîtrise de la culture numérique. Mais Jean-Michel Fourgous parviendra-t-il à convaincre le gouvernement de la nécessité de cet investissement dans l’avenir ? C’est une inconnue de taille.


L’intérêt du rapport ne s’arrête pas aux 70 mesures. Il développe au long de plus de 300 pages une conception de l’école et des apprentissages ainsi que du métier d’enseignant qui rejoint celle du SE-UNSA : « L’enseignant n’est plus le seul détenteur du savoir. La complexification de la société fait évoluer son métier et les avancées technologiques l’aident dans sa tâche. L’apprentissage actif et collaboratif facilité par l’utilisation des outils numériques, permet à l’enseignant de changer de place : ce n’est plus lui qui construit les savoirs pour l’élève, mais l’élève lui-même. »


Comment ne pas souligner le décalage entre les convictions pédagogiques de l’auteur, son plaidoyer pour une formation professionnelle de haut niveau des enseignants et la formation telle qu’elle s’annonce dans le cadre de la « mastérisation »?


Le SE-UNSA dénonce depuis de nombreuses années les inégalités territoriales d’accès aux TIC. Le rapport confirme que ces inégalités ne sont pas totalement résorbées et met en évidence le retard d’équipement particulièrement important dans le premier degré. Le plan Ecoles Numériques Rurales est un premier pas, il reste insuffisant. L’Etat doit poursuivre cet effort et assurer l’égalité d’accès aux TIC. Au-delà de l’équipement, l’utilisation généralisée des ENT, telle qu’elle est prônée dans le rapport, pose la question de l’égalité d’accès à Internet pour tous les élèves. Un nouveau problème, dont la solution est sans doute encore plus complexe que celle de l’équipement de tous en ordinateurs.


Si notre école résiste encore à la généralisation  des TIC alors que les Français sont convaincus que l’acquisition de la culture numérique et informatique  est indispensable aujourd’hui, c’est qu’au-delà des obstacles matériels, elle continue à défendre des savoirs disciplinaires sacralisés qui ne peuvent être modifiés sans qu’aussitôt certains  ne crient à leur « dénaturation » ou à l’instrumentalisation de l’Ecole au service du patronat ! La focalisation sur les enseignements disciplinaires n’a pas permis de mettre en place de manière vraiment satisfaisante les apprentissages nécessaires à l’acquisition du B2I dans tous les collèges, sans parler des lycées où il est quasiment resté lettre morte. Il est sans doute temps d’en prendre acte et d’associer au dispositif interdisciplinaire B2I des modules « informatique et société numérique ». Mais il faudra alors lui faire une place dans les emplois du temps des élèves.


Au SE-UNSA,  nous souhaitons que l’Ecole se rapproche de la vie et qu’elle permette à tous les élèves de développer les compétences dont ils auront besoin dans les métiers de demain et dans l’exercice de leur citoyenneté.


Claire Krepper



Par fjarraud , le lundi 15 février 2010.

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