Un TBI en maternelle ? Il y a quelques mois, Céline Barriol-Décot témoignait de la richesse des usages du TBI en grande section. Nous lui avons demandé de témoigner plus globalement sur l'utilisation des tice en maternelle. Un témoignage qui clôt notre état des lieux des tice suite à la publication du rapport Fourgous.

Le rapport Fourgous souligne le faible équipement du primaire et particulièrement de la maternelle. C'est peut -être que les élus sont aussi mal informés des usages des tice en maternelle. Les petits écoliers de maternelle sont-ils déjà des digital natives ? 

Mon environnement  fait figure d'exception, j’en suis bien consciente et je l’apprécie chaque jour... Il y a des années que la mairie de Bas en Basset investit et encourage les projets des écoles maternelles et élémentaires publiques, dans ce domaine. Cette évolution des matériels s'est inscrite dans le temps, ce qui a permis aux équipes à des degrés d'appropriation différents,  de se familiariser progressivement avec des usages et des outils.

Mais, à l'heure où on équipe dans l'urgence les écoles (plan Ecoles Numériques Rurales), il faut  prendre le temps d'envisager la pédagogie que ces équipements induisent. Il faut accompagner les enseignants sur le terrain. Qui le fera ?

La mission Fourgous ne préconise pas un plan numérique ZEP ? Il me semble pourtant que la dynamique pédagogique existante associée à ces outils pourrait apporter des réponses favorables pour réduire au moins en partie, l’échec scolaire. Pourquoi avoir plutôt choisi de développer les possibilités matérielles des écoles rurales ?

En ce qui concerne les "Digital Natives", je ne connais pas suffisamment la définition de cette expression... Néanmoins je pense que les élèves de mon école qui s'initient dès la moyenne section (MS) à diverses utilisations possibles des TIC, de manière quotidienne ont une maîtrise des premières compétences du B2I assez affirmée, si l'on compare leurs performances à l'état de cette "acculturation tice" d’élèves du même âge, au niveau national.

Les familles assez bien équipées dans notre environnement scolaire témoignent régulièrement des nouveaux  usages que leur enfant réalise dans la cellule familiale. Récemment, une maman s'étonnait surtout de l'usage de l'ordinateur pour écrire et se plaignait de la consommation importante de cartouches d'encre pour l'imprimante. "Il sait même imprimer et écrit plein de mots ! Il ne veut plus jouer avec Adibou".

Mes élèves savent utiliser les outils informatiques mais continuent de jouer, dessiner, modeler des escargots, enfiler des perles… L’adulte est là pour veiller à ce qu’il ne s’enferme pas dans une seule approche des apprentissages et savoir être. Ils ont de bonnes aptitudes et attitudes  mais peut-on parler de digital natives ?

Que peut-on faire avec un ordinateur en grande section ?

Difficile de faire un panel de toutes les activités que l’on peut envisager de mener avec un ordinateur. Je dirais que dans mon cas, je l’utilise dans tous les domaines, à des moments différents de l’apprentissage pour découvrir, s’entraîner, créer, réinvestir et évaluer. J’ai essayé, il y a deux ans de mettre en relation les compétences attendues en fin d’école maternelle et les logiciels et outils tice que j’utilise régulièrement. Conclusion, toutes les compétences peuvent être appréhendées avec cette entrée numérique mais il faut veiller à ne pas tomber dans une numérisation excessive des apprentissages à l’école. C’est un risque…

Le tableau blanc interactif est-il utilisé ?

Depuis que cet outil est arrivé dans notre classe, il n’y pas un jour où nous ne l’utilisons pas. Les premiers élèves avec qui je l’ai découvert l’ont surnommé "le tableau magique". Et l’expression est restée ! Je m’étonne quotidiennement de la relation entre l’enfant, les enfants,  les savoirs, le tableau magique et moi-même. Sur ces usages du TBI , je vous renvoie à l'article très documenté paru dans le Café mensuel n°108 (lien ci-dessous).

A quoi peut bien servir internet ?

J'ai peu de recul sur son utilisation avec les élèves car je ne souhaite pas utiliser le wifi. J'attends mes boîtiers CPL pour explorer d'autres situations. Mais ponctuellement, nous avons utilisé le site Cursivecole pour préparer collectivement notre support d'écriture avec nos mots choisis par le groupe classe. Et aussi l’Ecriveron pour mettre en page un récit.

Pour moi, c'est un outil de plus, qui vient compléter les ressources que le maître et les élèves peuvent utiliser. Une ouverture sur le monde ! Il me semble que l'intérêt d’Internet à l’école : c'est de développer la curiosité, de montrer qu'on peut avoir accès au savoir et aux savoirs. En découvrant précocement cet usage des tice, on induit un comportement de recherche, de désir d'apprendre et surtout, on anticipe et on évite de mettre de côté des élèves qui n’auraient pas un accès internet à la maison. C’est le rôle de l’école.

Peut-on parler d'efficacité des tice à cet âge ?

Oui j’en suis convaincue. V Bouysse dans sa présentation des nouveaux programmes s’interroge sur le rendement temporel de l’utilisation des tice/savoirs. J’aurais aimé lui dire que dans ma pratique, j’ai observé que le temps passé où on s’approprie les outils tice est largement récompensé par la qualité des savoirs et les compétences que l’on peut développer grâce à cet effort. D’autant que bon nombre d’enfants améliorent leur capacité globale d’apprentissages. C’est précocement qu’il faut envisager le recours à ces outils pour développer une réelle autonomie et maîtrise au service des apprentissages en développant les bons gestes, les bonnes attitudes. C’est un peu comme le vélo, une fois qu’on a appris, on n’oublie pas ! Et même si dans le cursus scolaire, on ne rencontre pas de manière continue ces outils, on ne perd pas la souris (ou les pédales).

Céline Barriol-Décot

Ecole maternelle publique de Bas en Basset (Haute Loire)

Sur le Café :

Apprendre avec un "tableau magique" au quotidien en maternelle

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