Forum de l'innovation – Paris 17 février 2010 

Quand l'institution organise une rencontre sur l'innovation, à quoi faut-il s'attendre ? Cette question m'a accompagné mercredi 17 février au lycée Deprez à Paris où la mission académique parisienne pour l'innovation, animée par François Muller, donnait rendez-vous à ses équipes.


Après une matinée de conférences devant plus de 100 personnes, l'après-midi était consacrée à un moment de rencontre entre une quinzaine d'équipes venues exposer leur démarche.


Il y avait là l'école maternelle de la rue de Thionville (20ème) qui organise des classes multiage. Pour sa directrice, Isabelle Huyghe, cette organisation a un important effet sur le climat scolaire : au contact des grands les petits ont moins d'anxiété et les grands sont plus calmes. Du coup tout le monde travaille plus sereinement. Mais cette distribution des élèves a n autre avantage : l'après-midi les petits font la sieste ce qui permet à l'enseignante de travailler avec les grands en groupe réduit.


A côté de l'école maternelle, le lycée Bergson présentait ses démarches d'éducation au développement durable qui mettent en jeu de nombreuses disciplines, l'EPS par exemple. Encore à côté, Mme Russo présente "Exploration boréale", un projet qui semble irréalisable mais qui est bel et bien en train de se faire : emmener toute une classe de Cm1-Cm2 de Sucy au Québec pendant 12 jours.  Ce voyage prolonge des échanges transatlantiques installés toute l'année et qui ont déjà valu à cette équipe d'obtenir un prix au Forum des enseignants innovants.


Continuons le voyage avec le projet ARB mené par Line Audin avec Mme Maurellet et M Agoumi au collège Rouault (Paris 19ème). Dans ce collège ambition réussite, cette équipe pluridisciplinaire (lettres, maths,anglais) utilise une méthode unique pour travailler sur les représentations des élèves et les aider à les reconstruire. Un autre collège nous attend, Béranger (3ème) où Hélène Lawson, prof de lettres, a  installé un atelier d'initiation à la médecine traditionnelle chinoise qui permet aux élèves d'évacuer le stress et d'améliore leur concentration. Au collège T Mann (13ème) Marja Doris et Eveline Alviset, profs d'anglais, ont développé la baladodiffusion et une façon bien à elles de faire travailler les élèves. Grâce à elle, "tout le monde est au travail" nous confient-elles.


Et puis on pourrait encore citer les dispositifs anti-décrochage du lycée Lurçat (13ème), l'Ecole Vitruve l'école maternelle des cendriers, la médiation par les pairs du collège Anne Frank (11ème) ou encore le défi techno du collège Gambetta (20ème). Qu'est ce qui unit tout cela


L'innovation a une géographie. François Muller a bien raison de réaliser des "cartes du tendre" de l'innovation, à l'image de ces géographies imaginaires des Précieuses. En vérité, l'innovation parisienne a son espace qui penche beaucoup vers le nord est et ses quartiers populaires. Ce qui pousse les profs à innover c'est toujours les situations pédagogiques délicates.


Par contre l'innovation manque d'unité apparente. Les projets sont tous différents : différences de niveau, de contenus, de disciplines engagées, d'objectif annoncé. Ils n'ont rien de commun. Et pourtant ils sont là. L'école maternelle visite et lui raconte ce que lui inspire le lycée…


Alors qu'est-ce que l'innovation ? François Muller nous dit que c'est la recherche de l'efficacité. Mais par des moyens particuliers. "Ces équipes se sont mises plus que d'autres à s'apercevoir que les élèves sont là", nous dit-il. L'innovation c'est ce processus actif de travail sur la relation qui permet l'efficacité. Hélène Lawson nous avait confié que le fait d'animer son atelier un peu spécial changeait le regard des élèves sur les profs mais aussi son regard sur les élèves. L'innovation c'est peut-être aussi accepter ce travail sur soi.


Comment peut-elle se diffuser ? "Sûrement pas en tâche d'huile", confie-t-il. Pour changer ses pratiques il faut autre chose qu'une information ou un accompagnement. Il faut une question et une rencontre.


Mercredi 17 février, à Deprez, tous les atomes étaient en mouvement. Les collisions sonnaient haut et clair. Les réactions en chaîne montaient en puissance. La récolte 2011 devrait être bonne.


François Jarraud


Par fjarraud , le mercredi 17 février 2010.

Partenaires

Nos annonces