Le SNPDEN veut un véritable projet pour l'école 

 

 

Par Françoise Solliec

 

Pour Philippe Tournier, secrétaire général du syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale, SNPDEN, la rentrée 2009-2010 est, encore une fois,  « techniquement réussie ». Mais que peuvent apporter les chantiers en cours, assouplissement de la carte scolaire, réforme des lycées, mastérisation des futurs enseignants, alors que le système éducatif français est « aujourd’hui paralysé à la tête » et que l’on constate « le décrochage » par rapport aux objectifs de Lisbonne ou de la loi d’orientation ?

 

 

Dans la conférence de presse de rentrée du SNPDEN, le 8 septembre, Philippe Tournier et quelques-uns de ses collègues ont balayé une partie des questions qui se posent aux établissements en cette période de rentrée, « techniquement réussie », ce qui n’exclura pas des difficultés de remplacement d’ici quelques mois.

 

Concernant la menace de pandémie grippale, la circulaire ministérielle paraît claire et compréhensible. Néanmoins, le SNPDEN estime qu’en cas d’interruption des enseignements, la continuité pédagogique ne sera pas assurée avec les seules modalités de travail en ligne. Des perturbations sont inévitables pour les élèves ; les personnels de direction s’emploieront à les rendre les moins gênantes possibles.

 

« Le ministère déclare que l’assouplissement de la carte scolaire est un grand succès » affirme Philippe Tournier, « mais aucune statistique n’étaie cette affirmation ». Le SNPDEN réitère donc à Luc Chatel la demande déjà formulée à Xavier Darcos, celle de la création d’un observatoire de la mixité scolaire et sociale. Si cette demande n’est pas prise en compte, le SNPDEN estime avoir les moyens de mener lui-même une étude déclarative sur ce thème auprès de ses adhérents.

 

Sur cette question comme sur d’autres, le SNPDEN estime qu’il y a une absence totale de pilotage et de régulation au plus haut niveau. En confiant les procédures aux académies, l’affectation devient un problème de gestion, régulé dans la grande majorité des cas par des principes de proximité géographique et de résultats scolaires. Ainsi les élèves qui ont les meilleures notes ont une plus grande liberté de choix et fuient les établissements les moins recherchés.

 

La reconquête du mois de juin a entraîné un certain nombre de difficultés, notamment au niveau des affectations, car les procédures n’ont pu se dérouler correctement faute de temps. Le SNPDEN souhaite que cette mesure soit revisitée, en soulignant en fait qu’elle n’a concerné que les élèves des filières générales (cela fait longtemps que les épreuves du bac pro amputent aussi le mois de mai) et qu’il serait utile de déconnecter les problématiques de la présence au cours et de la tenue des conseils de classe.

 

Sur la réforme du lycée, un courrier a été envoyé à Luc Chatel, demandant que cette réforme puisse faire sens pour les personnels. Il s’agit bien d’abord de permettre aux élèves de se déterminer, plutôt que d’être déterminés. Si les questions d’horaires paraissent secondaires au SNPDEN, il estime positif le souci d’améliorer l’orientation post-bac et plaide pour une simplification du baccalauréat. Il pense« que l’entrée par la notion de curriculum des élèves au sein du cycle terminal serait peut-être plus opérationnelle que celle de séries », même si elle est sans doute plus complexe. Le rééquilibrage des séries apparait en effet quelque peu mythique, compte tenu des mécanismes sociaux qui privilégient largement telle ou telle filière.

 

Quelles vont être les relations entre le SNPDEN et le ministre Luc Chatel ? « Ce qu’on attend du ministre, c’est une vision globale et prospective » déclare Philippe Tournier. Selon lui, le système éducatif français est depuis longtemps « paralysé à la tête » et, de plus, décroche par rapport aux objectifs européens de Lisbonne ; le taux d’accès au baccalauréat stagne globalement depuis 15 ans. Ce ne sont pas les questions techniques qui devraient être posées mais les questions stratégiques, qui ne sont pas abordées. « Personne n’a de vision claire aujourd’hui sur les objectifs » ajoute-t-il, « hormis celui de faire des économies ».

 

Dans ce contexte, le SNPDEN est-il prêt à s’afficher comme force de proposition ?

 

 

 

 

Par fsolliec , le mardi 08 septembre 2009.

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