Sami Benméziane : dans l'attente du jugement, le comité de soutien ne relâche pas ses actions. 

Par Lucie Gillet


Un autre Rodolphe Juge ? Accusé d'avoir cassé le doigt d'un policier lors de l'occupation de l'inspection académique de Nantes le 11 juin, Sami Benmeziane, professeur des écoles à Indre, est poursuivi en justice pour violence à agent. Mercredi 8 octobre son comité de soutien convoquait la presse pour rappeler son innocence.


Comme chaque enseignant à la rentrée de septembre Sami Benméziane a repris le chemin de l'école, mais cette reprise est placée sous le signe de l'attente...

Ce 8 octobre, environ soixante-dix personnes se sont réunies pour une conférence de presse en la mairie d'Indre (commune voisine de Nantes) où enseigne Sami à l'école jules Ferry . L'avocat de Sami et le Maire Jean-Luc Le Drenn étaient également présents. Il s'agit de rappeler que d'ici le 23/02/2009, date à laquelle Sami passera en jugement, leur soutien ne faiblira pas.



En attendant le procès...

Pascal Auger , président du comité de soutien expose brièvement les faits que le Café avait rapportés en juin : au printemps dernier, en Loire-Atlantique, le mouvement des enseignants et des parents mobilisés contre les programmes Darcos est particulièrement fort. Ce jour-là, le 11 juin, parents et enseignants se retrouvent à l'Inspection Académique, pour remettre les avenants aux projets d'école concernant les 60 heures. Une délégation syndicale doit rencontrer l'Inspecteur d'Académie M. Prodhomme. Sur le moment, les portes s'ouvrent et une occupation pacifique des lieux s'improvise : les enfants sont présents, la bonne humeur et le soleil dominent. Mais tout s'accélère quand la police intervient avec force pour vider les lieux, Sami Benméziane, professeur des écoles est interpellé, il sera accusé d'avoir « résisté avec violence à un agent de la force publique ». Il encourt une peine d'un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende, sans parler des éventuelles sanctions administratives.


Dans les heures et jours qui suivent, la mobilisation pour soutenir Sami enfle très vite, chacun se sent concerné, le sentiment général demeure que ce jour-là c'est Sami qui fut interpellé mais que ça aurait pu être n'importe laquelle des personnes présentes. La solidarité se construit d'abord sur ce sentiment d'arbitraire et de nombreux témoignages sont collectés : ils attestent tous que la police est intervenue brutalement contre les parents et enseignants et seront versés au dossier de la défense de l'avocat.


Fin juin, le comité de soutien se constituait en association loi 1901, en 3 mois d'existence il est fort aujourd'hui de 358 adhésions individuelles, ainsi que de celles de la municipalité d'Indre, de nombreux syndicats, partis politiques et associations au-delà des strictes frontières de la Loire-Atlantique. Le comité oeuvre aujourd'hui à toujours faire connaître la situation de Sami et recueillir le soutien de la population et des élus tant au niveau local que national. Le comité revendique « L'action citoyenne ne doit pas être un délit ».



... On attend le dossier :

L'avocat rappelle qu'à ce jour, il n'a toujours pas accès au dossier ce qui ne facilite pas la préparation de la défense : « Les délais pour le transfert du dossier entre le commissariat et le palais de justice sont toujours très longs dans notre pays, le cas de Sami n'est pas une exception, il est très difficile en France d'avoir un accès rapide au dossier, contrairement à d'autres pays. Par conséquent il est très compliqué de préparer la défense, heureusement du coup que la date de jugement est lointaine, cela va nous laisser du temps, mais c'est tout de même inadmissible. »



Pour ne pas perdre espoir, agir...

L'assemblée se veut positive et certaine de l'issue du procès. Le cas récent de Rodolphe Juge, très similaire dans les faits (un enseignant arrêté au cours d'une manifestation et jugé pour « violence sur agent ») est évoqué : ce prévenu a été relaxé le 24 septembre dernier sur la demande même du Procureur.


Parmi les actions à venir, notons particulièrement la présence du comité de soutien lors de la manifestation parisienne du 19 octobre à Paris. Les nantais tâcheront d'être visibles au départ ou sur le parcours du défilé afin de continuer à faire signer les pétitions, engranger les adhésions et dons. Afin d'être vus de loin, ils seront accompagnés des « girafes de Casson », grosses têtes fabriquées par des enseignants pendant le mouvement afin de « voir plus loin que le bout de leur nez » , réfléchir à des politiques de long terme et clamer qu'elles en « ont ras le cou ! ».


En janvier, un mois avant le procès, le comité organisera des temps forts autour de films et débats pour jusqu'au bout marquer sa solidarité.


Un blog devrait être consultable très prochainement pour suivre l'actualité de cette affaire.



Sur le café :

l'expresso du 17/06 :

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/06/17062008Accueil.aspx

l'expresso du 23/06 :

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/06/23062008Accueil.aspx

la création du comité  de soutien :

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/06/soutienSBenmeziane.aspx

l'affaire Rodolphe Juge :

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/09/25092008Accueil.aspx

Par lucieromanegillet , le jeudi 09 octobre 2008.

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