Conditions de travail en collège : les premiers résultats de l'enquête SGEN 

 

 

Par Françoise Solliec

 

 

« Ils aiment leur métier, les élèves et vivent de bonnes relations entre eux, mais aussi avec les parents et les élèves. Mais l’administration ne met pas en place une politique de ressources humaines et n’utilise pas tous ces points positifs pour la réussite des élèves », telles sont les conclusions tirées par le SGEN d’une enquête sur les conditions de travail des personnels en collège. « Le métier a changé dans les collèges, il faut que l’institution le reconnaisse ».

 

Un travail lourd qui devrait se traduire dans la pratique syndicale

Cette enquête, explique Thierry Cadart, secrétaire général de la fédération, est le fruit d’un gros travail, de réflexion et d’organisation. Nous avions délibérément choisi d’enquêter sur les conditions de travail, car un c’est des thèmes de la CFDT et de s’intéresser aux personnels de collège, car c’est à ce niveau que nous semblent concentrées les plus grandes difficultés. Le système y fonctionne, mais à quel prix ?

Nous avons voulu avoir une vision globale, continue-t-il, en nous intéressant à tous les personnels et en les interrogeant sur de nombreux aspects de leur vie professionnelle. Mission a donc été donnée aux adhérents volontaires de distribuer en mains propres plus de 50 000 questionnaires dans près de 1 000 collèges : une stratégie payante, puisque 20 000 retours ont été enregistrés. Nous avons d’ailleurs été surpris par l’ampleur et la rapidité des retours ainsi que la satisfaction exprimée par les personnels quant à la qualité et à l’intérêt de l’enquête.

Le reste des réponses devra être dépouillé d’ici septembre, précise encore Thierry Cadart, car nous souhaitons que les restitutions se fassent à l’échelon local, celui de la région ou même de l’établissement quand i y a suffisamment de retours. On dispose là d’un outil d’une grande richesse, qui permettra de faire avancer les personnels : il faudra que cela se traduise dans la pratique syndicale.

Nous avons ouvert d’autres chantiers cette année, comme le lycée ou l’évolution du métier d’enseignant, mais l’enquête nous pousse à nous intéresser aussi au collège, car les réponses sont révélatrices d’une très grande attente de ces personnels en termes d’amélioration de leurs conditions de travail. Nous avons fait le pari de montrer aux personnels que le syndicalisme peut leur parler, ne les décevons pas.

 

 

Un focus sur les ruptures révélées par l’enquête

La représentativité de l’échantillon est confirmée par les réponses aux quelques questions sur l’identité des enquêtés, précisent ceux qui ont travaillé au dépouillement. La répartition des catégories de personnels, la répartition hommes-femmes, la pyramide des âges des différentes catégories sont conformes aux données ministérielle. De même, le taux de personnes syndiquées, 29%, est conforme à ce que déclare les différents syndicats. De manière générale et un peu surprenante, les réponses ne dépendent pas du type de collège enquêté.

Pour les responsables du SGEN, l’enquête révéle de profondes ruptures entre les missions données par l’institution aux personnels des collèges et ce qu’ils vivent sur le terrain.

 

Parmi les 6 propositions sur ce qu’est avant tout le métier d’ensegnant, 70% des enseignants répondent qu’il s’agit « d’éduquer et de socialiser ». Pour près d’une moitié d’entre eux il s’agit d’un préaable à la transmission des savoirs. Mais pour l’institution, explique le SGEN, les programmes disciplinaires restent l’élément essentiel de la politique éducative. Or, « les enseignants les trouvent à 13% impossibles à réaliser, à 23% avec des objectifs inatteignables et à 50% trop ambitieux ».

 

De même, toutes les catégories de personnels répondent à 84% qu’il serait nécessaire de recruter des personnels. Pour 67% des enquêtés qui expriment un choix de catégorie, c’est en vie scolaire que devraient s’effectuer ces recrutements. Cependant aujourd’hui, soulignent les responsables syndicaux, la politique est à la suppression de postes et à l’embauche de personnels à statut de plus en plus précaire.

 

Les personnels participent-ils à la vie de l’établissement ? Pour le SGEN, les retours montrent que la conception du métier a déjà beaucoup évolué chez les personnels : 84% d’entre eux participent régulièrement à la vie de l’établissement. Le travail en équipe est accepté par 94% des personnels, mais 56% des personnels « souhaitent avoir les moyens et le temps de le développer ». Pourtant, si « 85% des personnes disent s’impliquer dans leur travail, seulement 52% pensent que cet investissement est reconnu. De plus une large majorité pense qu’il faut faire évoluer les outils institutionnels de la reconnaissance (notation, avancement d’échelon, promotion de grade ou de corps ».

Les responsables syndicaux entendent bien souligner ces points, en lien avec le chantier ouvert sur le rapport Pochard.

 

Comment les personnels de collège voient-ils leur avenir ? Tous âges confondus, ils sont 40% à envisager de changer de métier, si l’on exclut ceux qui sont sûrs de perdre leur emploi comme les assistants d’éducation. « Dans la tranche 30-39 ans, c’est 45% des personnels qui souhaitent changer de métier ou se reconvertir ». Mais « la seconde carrière n’est pas mise en place, les acquis de l’expérience ne sont pas reconnus par l’administration ».

Le SGEN rejoint d'ailleurs là l’opinion de la rédaction du Café pédagogique, qui consacre chaque mois une rubrique à la « seconde carrière ».

 

Dans les expressions libres, très peu de propositions concrètes ont été relevées par ceux qui ont traité l’enquête. Elles font plutôt apparaître une forte attente de reconnaissance, y compris financière, surtout pour les plus jeunes dont les débuts de carrière sont réellement difficiles à cet égard.

 

« Les personnels des collèges s’investissent dans leur travail », concluent les organisateurs de la présentation. « Ils aiment leur métier, les élèves et vivent de bonnes relations entre eux mais aussi avec les parents et les élèves. Mais l’administration ne met pas en place une politique de ressources humaines et n’utilise pas tous ces points positifs pour la réussite des élèves ». Les résultats de cette enquête nous permettront de dénoncer la contradiction entre les différentes missions attribuées par l’institution, respect des progammes, orientation-sélection, d’une part et faire accéder tous les jeunes aux compétences du socle commun, d’autre part. « Le métier a changé dans les collèges, il faut que l’institution le reconnaisse ».

 

La synthèse des premiers résultats devrait être très prochainement disponible sur le site de la fédération.

 

 

 

Sur le site du Café
Par fsolliec , le mardi 20 mai 2008.

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