Les archives de l’expresso // Imprimer  |  Télécharger nous suivre sur Twitter nous suivre sur Facebook

Editorial : Après la grève 

la journée d'action du 18 décembre - photo CP
Le succès de la journée d'action du 18 décembre amène évidemment à réfléchir à ses suites et à sa portée. Une grève aussi suivie, un mouvement qui s'amplifie de septembre à décembre peuvent-ils porter un changement ?

Un mouvement qui semble n'ébranler ni le ministre. Gilles de Robien a commenté à plusieurs reprises le mouvement du 18 décembre et toujours dans le même sens. Pour un communiqué de la rue de Grenelle, il s'agit de "'la grève la moins suivie". Dans un entretien accordé à Libération , le ministre défend la suppression des décharges au nom de la justice sociale et dénonce "une certaine désinformation" des syndicats. Enfin la revue ministérielle, qui arrive en ce moment dans les boîtes aux lettres des enseignants, défend sa réforme. Le ministre a même refusé de recevoir la délégation syndicale. Le ministre semble imperméable aux événements.

Ni la cohérence d'une gestion. C'est sans doute que le projet de décret a des racines profondes. Il s'appuie sur un audit que le Café a déjà présenté et qu'il invite à lire. Ce document contient en effet des prévisions budgétaires éclairantes jusqu'en 2010. L'application intégrale des rapports, comme celui sur les décharges, est programmée et devrait être appliquée sauf bouleversement politique. En résumé, leur impact est calculé : 9 203 emplois récupérés en lycée par réduction des horaires élèves, 9 609 par suppression des dédoublements au seul lycée, 3 000 emplois en langues par remise en question des dédoublements, 2 282 emplois du fait de la réduction des redoublements et un nombre non calculé de postes venus de la réduction du nombre d'options. " Au total, l'application des recommandations de la mission permettrait de dégager près de 24 000 ETP, sans compter les économies générées par une révision du système des décharges. Une partie de ces marges de manoeuvre supporterait le coût de déploiement de la loi d'orientation, une autre partie permettrait de piloter le système en redéployant des moyens en fonction d'objectifs pédagogiques exigeants, et enfin une partie représenterait des gains de productivité qu'un plan de gestion des ressources humaines adapté pourrait concrétiser pendant la période 2006-2010". Derrière la question des décharges il y a une véritable gestion de l'enseignement sur les prochaines années qui organise d'autres coups durs pour les enseignants. C'est un point à prendre en compte.

Passer de l'union des contre à celle des pour. Certes le mouvement suscite déjà des réactions politiques. Au PS, où le porte-parole de Ségolène Royal annonce qu'il "soutient les enseignants" et que la réforme du système éducatif "doit se faire dans la concertation, le dialogue et par des moyens supplémentaires". Plus intéressant peut-être pour Robien est l'énervement de son camp. Selon l'AFP, le secrétaire national UMP en charge de l'éducation tance le ministre de l'éducation estimant que "ce ne sont pas de telles punitions symboliques qui peuvent motiver les enseignants". Mais l'avenir du mouvement se décidera sans doute ailleurs que dans un parti qui critique un texte dont il vient d'adopter les éléments budgétaires.

Il se jouera certainement dans la capacité de l'intersyndicale à proposer un projet de service et de missions pour les enseignants en cohérence avec un nouveau projet pour l'Ecole. Se borner au statu quo et se limiter à un refus du texte Robien est sans doute le meilleur moyen de laisser les impératifs budgétaires s'imposer d'eux -mêmes. Il s'agit de passer de l'union des contre au consensus sur un avenir pour notre Ecole. Un grand chantier ou un rêve ?.
Sur les audits


Par  François Jarraud , le mardi 19 décembre 2006.

Partenaires

Nos annonces