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Editorial : Jeunes et vieux : ruptures et liens 

Jeunes et vieux : le conflit des generations ?Photo Morguefile
" Les jeunes doivent-ils aujourd'hui dénoncer une rupture unilatérale du pacte générationnel, faite à leur défaveur par leurs propres aînés ? " demandait le sociologue Louis Chauvel en 2003. Il dénonçait une rupture complexe dont nous extrayons quelques éléments. "Le premier élément concerne la répartition du pouvoir d'achat : en 1975, les salariés de cinquante ans gagnaient en moyenne 15 % de plus que les salariés de trente ans, les classes d'âge adultes vivant alors sur un pied d'égalité. Aujourd'hui, l'écart est de 40 % : les fruits de la croissance économique, ralentie depuis 1975, ont été réservés aux plus de 45 ans... Le deuxième facteur affecte les progrès des qualifications. En moyenne, d'années en années, la part des salariés porteurs d'une responsabilité ou d'une expertise valorisées continuent de s'accroître, même depuis la " crise ". Cette croissance est consubstantielle à notre représentation du progrès social. Pourtant, chez les salariés de trente ans, la part de ces emplois est la même aujourd'hui qu'en 1980, sans progression sensible : pour l'essentiel, l'expansion des cadres est portée aujourd'hui par la dynamique des quinquagénaires".

Ce "revirement des chances d'ascension sociale" est illustré par une récente étude de l'Insee sur l'emploi des jeunes. "Au cours de la période 1977-2002, les interruptions d'emploi sont devenues plus fréquentes chez les jeunes salariés, surtout les jeunes femmes. Le temps qu'ils passent sans emploi salarié au cours d'une année a lui aussi augmenté, mais dans de moindres proportions. En 2002, il était en moyenne de 12 semaines pour les moins de 25 ans. Chez les salariés plus âgés, les interruptions d'emploi salarié sont plus longues, mais elles sont nettement plus rares. Le temps moyen sans emploi salarié est en définitive beaucoup plus faible, moins de trois semaines par an pour les 45-54 ans". Les jeunes salariés changent d'entreprises en moyenne une fois sur deux au cours d'une année, alors que c'est une fois sur 10 pour les quinquagénaires.

Ces réalités affectent-elles les liens familiaux entre les générations ? Une récente étude d' Arnaud Régnier-Loilier pour l'Ined conclut au contraire à leur force. "En France 43% des enfants voient leur père et mère chaque semaine". Une proportion qui monte à environ 70% pour les 18-24 ans. Seule la composition familiale affecte notablement le maintien du lien. Si la moitié des enfants de couples traditionnels voient leurs parents au moins une fois par semaine, seulement 13% des enfants élevés par la mère seule voient leur père. La fracture des générations n'a pas encore brisé le cercle familial.
Article de L Chauvel
Document Insee (pdf)
Etude Ined (pdf)


Par  François Jarraud , le vendredi 13 octobre 2006.

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