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Editorial : L'école de proximité est-elle l'école de l'avenir ? 

L'école rurale réussit-elle mieux que l'école des villes ? Photo CP
"L'Ecole de proximité est le socle historique de notre système éducatif. C'est le cadre le plus performant pour la réussite de tous les élèves". Du passé à l'avenir, les partisans de l'école de proximité mobilisent aussi bien Jules Ferry que Célestin Freinet. Ils ont une certitude :le modèle d'école qui leur tient tant à coeur est à même de répondre aux problèmes de l'école française. Et si c'était vrai ?

L'école de proximité c'est l'école au village, souvent avec sa classe unique, immortalisée récemment dans un film populaire. Pendant longtemps cette école villageoise avait mauvaise presse. Yves Alpe, président de l'Observatoire de l'école rurale, rappelait récemment qu'en 1963 seulement 42% des ruraux entraient en 6ème à une époque où c'était le cas de 72% des petits Parisiens. En clair, l'école du village c'était celle de l'échec scolaire et du travail à la ferme ou du départ à l'usine. Dans une France en modernisation accélérée, les lumières de la ville étaient autrement attirantes. Les classes uniques des villages semblaient condamnées.

Deux générations plus tard, les défenseurs de l'école de proximité ne manquent pas d'arguments. Ils relèvent que l'école rurale n'a plus à rougir. En 1995, les évaluations de CE2 et de 6ème montrent que leurs élèves o,t d'aussi bons résultats que les citadins. Mieux encore, les résultats des élèves des classes uniques seraient supérieurs, les redoublements plus rares ! L'efficacité semble avoir basculé du côté des champs.

Mais l'école de proximité a encore bien d'autres arguments. Mettant en contact des enfants d'âge différent, elle faciliterait l'autonomie. Elle ferait face plus facilement à l'hétérogénéité des classes. Elle mobiliserait plus facilement la communauté et encouragerait la solidarité. C'est qu'au village toute fermeture de classe ou de section remet en question l'avenir de la communauté. En ce sens l'école de proximité participe de l'aménagement du territoire c'est-à-dire de l'équité républicaine.

Cette dimension citoyenne est d'ailleurs fortement déclinée dans un mouvement international, particulièrement développé dans le monde anglo-saxon : le "community based learnig" (CBL). Ses adeptes souhaitent des écoles où l'enfant apprend de la communauté dans laquelle il se trouve. Ils militent pour des méthodes actives capables de lutter contre l'ennui scolaire et d'offrir un apprentissage au rythme personnel de l'élève.

Sans partager forcément tous les idéaux du mouvement CBL, les partisans français de l'école sont souvent également des citoyens actifs soucieux de leur communauté. Et l'évolution de l'école rurale reflète des changements sociologiques profonds dans le pays. L'école rurale est souvent devenue une école périurbaine, qui accueille de plus en plus d'enfants de ménages qui ont un mode de vie urbain même s'ils l'abritent dans un cadre rural et même s'ils sont (rarement) agriculteurs. Sous cet angle, l'école rurale n'échappe pas à la fois aux utopies collectives et au repli sur l'entre-soi qui marquent la société française.

Face à cette école qui marche, ses adversaires passent pour d'affreux technocrates qui brandissent l'argument de l'amélioration de l'offre scolaire grâce aux regroupements pour mieux diminuer les services publics en zone rurale.

Les défenseurs de l'école de proximité tiendront congrès à Paris le 18 octobre avant d'inviter les Français à (re)découvrir leurs écoles au Salon de l'éducation le 19 novembre. De bonnes occasions pour écouter leurs arguments et comprendre ce qui motive ce mouvement.
Le site de l'école de proximité
Rappel : Colloque sur l'école rurale
Le mouvement CBL


Par  François Jarraud , le jeudi 05 octobre 2006.

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