Les archives de l’expresso // Imprimer  |  Télécharger nous suivre sur Twitter nous suivre sur Facebook

Editorial : Carte scolaire : à qui profite la mixité sociale ?  

L'école peut-elle rester à l'abri dela ségrégation sociale ? Photo CP
Le débat sur la carte scolaire a au moins l'avantage d'amener le public à s'intéresser aux systèmes éducatifs de nos voisins et particulièrement à leur réponse à la ségrégation sociale. Car tous sont touchés. Ainsi Libération met en évidence l'échec des politiques d'assouplissement ou de suppression de la carte scolaire. Le pire est atteint aux Pays-Bas où s'opposent écoles blanches et écoles noires... "Nous sommes forcés de constater une augmentation des inégalités entre les différentes écoles, en termes de résultats scolaires" déclare une responsable éducative suédoise.

Ce qui revient à poser la question de l'efficacité scolaire de la carte scolaire. La mixité sociale est-elle rentable à l'Ecole ? Permet-elle de tirer les résultats vers le haut ?

"On peut avoir l'équité et l'excellence" affirme J. Douglas Willms dans une récente publication de l'Unesco,"Learning Divides". En se basant sur les tests internationaux Pirls et Pisa, qui correspondent à la fin du primaire et la fin du collège, il montre que si, partout, il y a une corrélation entre milieu social élevé et bons résultats scolaires, "les écoles à succès sont celles qui aident les élèves de milieu défavorisé. Les pays qui ont les meilleures performances sont ceux qui réussissent non seulement à élever le niveau mais à le rendre plus équitable".

Une constatation que confirme, avec nuance, une étude de M. Duru-Bellat et S.Landrier, publiée par l'Iredu en décembre 2003, sur " Les effets de la composition scolaire et sociale du public d'élèves sur leur réussite et leurs attitudes". Pour ces chercheurs la composition sociale des établissements a bien un effet sur les résultats scolaires. "En français, toutes choses égales par ailleurs, les élèves des écoles à recrutement social élevé progressent davantage que ceux des écoles à recrutement social faible. En maths, les lycéens d'établissements à recrutement privilégié progressent davantage que ceux des établissements populaires... Les élèves des établissements socialement mixtes progressent davantage que ceux des établissements populaires". La mixité sociale a donc un effet positif, particulièrement net en maths. Cela s'explique par l'attitude face à l'école : les lycéens de milieu populaire des établissements privilégiés ont davantage confiance dans leurs avenir scolaire que ceux des établissements populaires.

Faire respecter la carte scolaire, assurer la mixité sociale dans les établissements permettrait de lutter efficacement contre l'échec scolaire. Inversement, ne plus prendre en compte cet objectif de mixité sociale augmenterait l'échec des plus défavorisés.

Si l'on a ce souci, existe-il une politique de rechange ? Oui sans doute. Ce serait investir réellement dans les écoles des quartiers défavorisés. C'est ce que recommande T. Picketty. Ce sociologue a démontré qu'en diminuant fortement le nombre d'élèves par classe en zep on pouvait hisser les résultats scolaires. Une proposition qui semble avoir irrité la rue de Grenelle puisque l'étude de T.Picketty a disparu quelques heures après sa publication... Décidément, la liberté des parents a un prix.
Article Libération
Etude Iredu
Article Le Figaro


Par  François Jarraud , le jeudi 21 septembre 2006.

Partenaires

Nos annonces