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L'élève : La loi contre la délinquance se heurte aux médecins et aux associations familiales 

" Prévenir la délinquance, c'est d'abord agir sur les causes et non sur les conséquences." Pour la Confédération syndicale des familles, le projet de loi relatif à la prévention de la délinquance est "inquiétant".

La CSF souligne que " Si l'exposé des motifs pose l'éducation comme pilier central de la politique de prévention de la délinquance, rien n'est proposé dans ce domaine. Le texte confond en permanence difficultés sociales ou financières des familles et délinquance".

Elle donne des exemples. Ainsi le projet prévoit de lever le secret professionnel des intervenants sociaux et la création d'un fichier des élèves de l'éducation nationale croisé (art.9) avec celui des prestations familiales et celui des conseils pour les droits et devoirs des familles, sous la coordination du maire. Or celui-ci n'est pas astreint au secret professionnel et pourra librement divulguer des informations à sa propre administration. Le maire doit mettre en place un conseil des droits et devoirs des familles (at. 6) destiné à suivre les familles. "Autrement dit, les familles dites « à risque » sont discriminées et stigmatisées. Car l'amalgame dont on a parlé plus tôt sert en fait à repérer les familles dans lesquelles la délinquance a le plus de chance d'apparaître pour les « neutraliser » et non les soutenir". La CSF s'oppose donc au texte.

C'est le cas également, selon Libération, des médecins psychiatres. Pour Jean-Claude Pénochet, secrétaire général du Syndicat des psychiatres des hôpitaux,le projet ramène la psychiatrie en arrière. "Les mesures proposées sont terribles. On donne un axe central à la psychiatrie : non plus celui de soigner, mais celui de contrôle des libertés et de régulateur des conflits sociaux. Toute l'histoire de la psychiatrie s'est pourtant construite pour essayer de sortir de cet axe-là. Le plus grave, c'est que cela ne servira à rien. Les bénéfices seront très limités. Ce n'est pas en augmentant la vision sécuritaire que l'on arrivera à diminuer la dangerosité de certains malades. On a besoin de moyens et d'attentions, et pas d'une loi qui instaure un amalgame terrible entre malade et délinquant. Ni d'une loi qui protège de moins en moins le secret médical". Le projet de loi facilite l'internement d'office par le maire ou le commissaire de police sans confirmation hiérarchique et crée un fichier national des internés d'office, assimilés à des délinquants.
CSF
Article de Libération

Par  François Jarraud , le jeudi 14 septembre 2006.

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