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Editorial : La collaboration entre école et collège est payante 

Bien s'orienter de l'école au college... Photo CP
" Une meilleure coordination de l'intervention éducative entre généralistes du primaire et spécialistes du secondaire associée à une dissémination ainsi qu'à une diversification des dispositifs d'enseignement et d'apprentissage mise en place aux deux ordres pourrait-elle bénéficier directement aux élèves alors qu'ils sont à une étape cruciale de leur trajectoire scolaire? Les résultats obtenus le laissent croire. Dès lors, ne vaudrait-il pas la peine d'en soutenir les conditions de réalisation? Pour notre part, nous croyons que oui." Fait rare, le rapport de recherche de François Larose, Faculté d'éducation de Sherbrooke, Québec, invite l'administration à réagir immédiatement.

C'est qu'il met en évidence la nécessité d'une collaboration accrue entre enseignants et les conséquences heureuses d'un programme qui invite à combler le fossé entre école primaire et établissement secondaire. " Le constat de stérilité des “deux solitudes” et du discours de disqualification des pratiques des tiers et la découverte de la richesse d'une mise en commun des expertises entre praticiens des deux ordres nous semble aussi, en fin de parcours, caractériser un changement d'attitude majeur et durable de la part des participantes et des participants aux deux années de notre expérimentation."

Car tout avait démarré très classiquement. "Tout d'abord... la responsabilité de l'échec scolaire des jeunes lors de leur transition était systématiquement associée par les protagonistes à la qualité du travail ou de l'intervention éducative de leurs pairs d'un tiers ordre d'enseignement... Pour les enseignants du secondaire, les apprentissages préalables dans les matières essentielles, nommément en français ainsi qu'en mathématique, n'étaient pas adéquatement assurés dans le cadre de l'enseignement primaire. Inversement, pour leurs collègues du primaire c'était en grande partie la différence des conditions objectives du travail enseignant au primaire et au secondaire, soit la distance entre une tâche de généraliste et celle d'un spécialiste qui était en cause... En fin de processus, en juin 2005, nous constations une modification importante de ce discours chez nos collaborateurs. Les différences de pratiques et d'expertises y étaient maintenant considérées comme source de développement professionnel. La causalité majeure de la difficulté d'adaptation sociale et scolaire des jeunes était plus spécifiquement identifiée à l'inadéquation des ressources et des pratiques d'évaluation, de dépistage précoce de la difficulté d'adaptation scolaire au primaire ainsi que, particulièrement".

Du côté des élèves, "l'impact des activités collaboratives interclasses sur l'estime de soi des élèves en difficulté d'apprentissage, sur leur motivation et sur leur capacité de construire et de mettre en oeuvre certaines compétences transversales d'ordre méthodologique a eu des effets directs tant sur la qualité que sur la quantité des apprentissages réalisés".

L'enquête invite donc à croiser les expériences, les savoirs et les discours entre les deux niveaux scolaires et pose une question qui est encore une fois celle de l'unicité de l'école. C'est à vrai dire, en France, un très vieux débat. On se rappelle que l'école bourgeoise, les lycées du siècle dernier, comptaient des "petites classes" et ignoraient donc la coupure évoquée dans cette étude. Ce qui démontre que lier l'école et le collège, ce n'est pas forcément "primariser" l'éducation. Parallèlement l'école du peuple connaissait le "primaire supérieur" ou des instits chevronnés poussaient les meilleurs élèves à aller au-delà du certificat d'étude. C'est finalement la généralisation de l'enseignement secondaire et la création des CES qui a mis en place le système ternaire actuel.

A-t-elle une chance d'être écoutée ? En France, faire collaborer les deux niveaux c'est aujourd'hui faire dialoguer des enseignants de statut, de formation, de culture professionnelle, bref d'identité différents. Au sein même de l'établissement le travail d'équipe reste inexistant ou peu développé.

L'expérience menée par F.Larose montre pourtant que la séparation est nuisible. Ce travail rejoint une des pistes ouvertes par Philipe Meirieu dans "Ecole demandez le programme !". "Il nous faut construire une Ecole fondamentale unifiée qui permette de relier les élèves entre eux, de relier les différents étapes de la scolarité, de relier les pratiques pédagogiques et les apprentissages au sein d'un projet cohérent". La coïncidence des publications de part et d'autre de l'Atlantique n'est sans doute pas le fruit du hasard.
Etude québécoise
Le livre de P. Meirieu

Par  François Jarraud , le jeudi 14 septembre 2006.

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