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Pédagogie : ZEP : Une "relance" du bout des doigts... 

de Robien le 8/2/06 Photo Café pédagogique
"Il faut donner vraiment plus à ceux qui en ont vraiment besoin. Et le faire selon des critères nationaux, précis et pertinents. Des critères sociaux et scolaires, qui traduisent la situation concrète des élèves". C'est avec ces fortes paroles que Gilles de Robien a entamé sa présentation de son "Plan de relance des ZEP - 1ère étape".

"A la rentrée 2006, tout établissement actuellement "zep" conservera les moyens qu'il reçoit à ce titre". Le ministre s'est voulu d'abord rassurant à un moment où la contestation fait rage dans certains établissements. Jusqu'à la rentrée 2007, les établissements sont divisés en deux catégories : EP1, les "plus prioritaires" et EP2 : les autres qui gardent les moyens acquis. Après cette date, un nombre indéfini d'établissements sera classé "EP3", c'est-à-dire destinés à quitter les ZEP. Pour le moment, il annonce l'entrée de 18 nouveaux établissements, principalement des DOM, en zone prioritaire.

La "relance" ne concerne donc que les établissements EP1. Le ministre a retenu 249 collèges auxquels s'ajoutent près de 1600 écoles. Ces établissements bénéficieront de moyens accrus : 3000 assistants d'éducation et 1000 enseignants. Ces derniers "conservant une charge d'enseignement à temps partiel, ont aussi pour mission d'accompagner les élèves dans le cadre des programmes personnalisés de réussite éducative et de participer à l'accompagnement des jeunes enseignants. L'affectation de ces personnels supplémentaires permettra aussi de donner de la souplesse à l'emploi du temps des professeurs pour favoriser le travail en équipe et la concertation". Collèges et écoles primaires seront organisés en réseaux pilotés par un "comité exécutif" constitué du principal et des directeurs.

Les TIC sont elles aussi mobilisées : "le ministère lancera un appel à projet visant à soutenir des initiatives de communes ou de groupements de communes, d'associations, de partenaires de l'Éducation nationale, pour la mise en oeuvre de services d'accompagnement à la scolarité utilisant les TIC. Les projets présentés concerneront en priorité les élèves de la fin de l'école primaire en difficulté scolaire pour des raisons diverses : maîtrise insuffisante de la langue, absence de méthode de travail, lacunes disciplinaires ; ils prendront en compte la nécessaire transition entre l'école et le collège".

Le ministre semble avoir entendu plusieurs remarques amenées par les mouvements pédagogiques, comme l'OZP, ou les syndicats. Il a enfin compris que la politique ZEP devait impliquer à égalité les écoles. Il y a l'amorce d'une volonté de stabiliser les équipes, en donnant aux enseignants de ZEP quelques avantages (priorité pour les mutations).

Mais ces avancées sont contrariées par d'autres choix. Ainsi le ministre abandonne le souhait de voir arriver en zep des enseignants chevronnés. Les 1000 "professeurs expérimentés" seront choisis parmi les plus anciens, ou les moins récents, des enseignants actuels en zep. Les équipes pédagogiques sont mentionnées mais les professeurs ne bénéficieront pas de temps de concertation. Alors que les travaux de T. Piketty ont établi qu'une baisse sensible des effectifs élèves aurait un impact positif sur les résultats des élèves les plus en difficulté en zep, les moyens annoncés ne permettent pas de l'envisager. Enfin, ces quelques moyens supplémentaires sont fournis par prélèvement sur les dotations des autres collèges, y compris, sans doute, les EP2.

Sur d'autres points le ministre assume totalement ses choix idéologiques. Ainsi quand il évoque les parents des élèves en zep. "Pour que les parents soient mieux impliqués dans le suivi scolaire de leurs enfants, l'école ou le collège devront expliquer aux parents le règlement intérieur". On retrouve là les préjugés négatifs du ministre.

Car, finalement, la définition sociale des zep n'est qu'une façade. "Mon action pour l'éducation prioritaire doit être comprise dans cette perspective : il ne s'agit pas d'une énième politique de zonage, il s'agit de l'application du même principe d'aide personnalisée , adapté à proportion du nombre d'élèves en difficultés !" affirme le ministre. L'échec scolaire reste une affaire individuelle. Ainsi il annonce la multiplication des bourses au mérite. Il maintient sa décision de permettre aux collégiens bien notés des zep de choisir leur lycée, c'est-à-dire de pouvoir sortir de leur banlieue, écrémant ainsi les établissements du secteur. Pour Gilles de Robien, la réussite individuelle vaut toujours mieux qu'une politique sociale. On atteint là la limite de ce qui est présenté comme une "relance".
Dossier de presse ministériel
Rappel : Etude de Piketty (Café 54)

Par  François Jarraud , le jeudi 09 février 2006.

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