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Pédagogie : Egalité des chances ou discrimination 

Photo MOrguefile
"Egalité des chances" ou renforcement des inégalités ? Le Conseil des ministres du 11 janvier a adopté le projet de loi sur "l'égalité des chances". Deux mesures concernent directement l'Ecole.

D'une part l'instauration de l'apprentissage à 14 ans : " Favoriser l'emploi des jeunes résidant dans les zones urbaines sensibles ou connaissant des difficultés d'insertion sociale et professionnelle. Le projet de loi institue l'apprentissage junior qui comporte deux phases : l'apprentissage junior initial, qui offre une initiation aux métiers, et l'apprentissage junior confirmé, durant lequel le jeune se trouve sous contrat d'apprentissage. Ce cadre nouveau permet un retour à l'enseignement général, si le jeune apprenti en formule la demande". Ce projet a suscité de nombreuses critiques. Le retour à l'enseignement général, si la future loi l'autorise, risque bien d'être un leurre puisque, du fait de la maigreur de l'horaire d'enseignement, le jeune n'aura pas le niveau lui permettant de suivre. De fait ces jeunes seront exclus de l'Ecole très tôt sans avoir acquis le minimum de connaissances permettant à la fois un apprentissage efficace et une évolution professionnelle. Car l'accès à un réel apprentissage semble également bouché à des jeunes en grande difficulté. De nombreux spécialistes s'interrogent sur cette mesure de sélection précoce alors que les études internationales, comme PISA, ont démontré leur nocivité sur le plan éducatif et sur celui des discriminations sociales. L'Allemagne, qui pratique la sélection précoce, est en train d'y remédier.

L'autre mesure concerne les parents. " Aider les parents à exercer leur autorité parentale Le projet de loi institue un contrat de responsabilité parentale confié aux conseils généraux en liaison avec les services académiques. Ce contrat permet d'assigner des objectifs aux parents et décrit le dispositif d'action sociale qui y est associé lorsque la situation de la famille le justifie. S'il n'est pas respecté par la famille, les autorités compétentes pourront prononcer la suspension provisoire de certaines allocations". Très clairement elle transforme un droit, les allocations familiales, en un privilège qui pourrait être remis en question. Cette mesure est très critiquée également parce qu'elle stigmatise certaines familles et fait peser sur une famille les fautes d'un seul de ses membres. Cette mesure semble inspirée de l'Angleterre où les parents peuvent être poursuivis, punis d'une amende voire emprisonnés en cas d'absentéisme répété Elle ne semble pas avoir réussi. En Angleterre, malgré des dépenses énormes (900 millions de livres) et un appareil répressif unique, l'absentéisme a encore progressé. Un élève du secondaire sur quatre a séché l'année dernière. Un jeune sur trois décroche à 17 ans.
Le Conseil des ministres
Le dossier spécial du Café sur l'apprentissage à 14 ans
Rappel : l'absentéisme anglais - Café 66

Par  François Jarraud , le jeudi 12 janvier 2006.

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