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Pédagogie : Quel socle commun ? 

Cahiers pédagogiques 439
"Si le rapport Thélot affirme que ce socle commun "ne constitue pas la totalité de ce qui est enseigné à l'école et au collège", son articulation avec les "autres enseignements fondamentaux communs"... est pour le moins problématique. Les auteurs du rapport insistent sur la nécessité d'une différenciation croissante des parcours et contenus de formation... Et cette différenciation pourrait s'opérer avant même l'accès au collège ! Autrement dit, la scolarité obligatoire serait de moins en moins commune. La façade préservée de l'école et du collège uniques dissimulerait la coexistence de boutiques de riches et d'officines de pauvres". Dans ce numéro 439 des Cahiers pédagogiques, Jean-Yves Rochex (Paris 8) ouvre le feu sur le socle commun annoncé par le rapport Thélot et la loi Fillon.

L'actualité récente semble lui donner raison. On sait déjà que la mise en apprentissage à 14 ans décidée par le gouvernement Villepin écartera du "socle commun" une partie des jeunes des banlieues pauvres. Autrement dit, le "socle commun" est mort cet automne avant d'avoir été défini.

Inutile alors ce numéro des Cahiers ? Certes non. D'une part parce que le socle (presque) commun va être défini et mis en oeuvre. D'autre part parce qu'il invite à réfléchir sur les objectifs du système scolaire.

"L'idée de socle n'est valable que si on sort du disciplinaire... Il doit y avoir un changement global des pratiques" affirme Claude Thélot qui voit dans son projet l'occasion d'un recadrage de l'Ecole. Philipe Meirieu est nettement plus critique. "Autant je continue à défendre l'impérieuse nécessité d'un référentiel final de la scolarité obligatoire... autant je me méfie de l'idée de socle... Elle permettra seulement de rabâcher qu'il faut que les élèves sachent "lire, écrire, compter" et de discriminer des disciplines par rapport à d'autres... afin peut-être d'externaliser celles qui ne font pas partie du socle". Autrement dit, tourner le dos à la culture.

Philippe Perrenoud analyse le socle comme un avatar des inégalités sociales. "Pour concevoir une éducation de base qui préparerait à la vie, il importerait d'ancrer le curriculum dans une analyse des pratiques sociales ordinaires, pour répondre à la question décisive : de quelles connaissances et compétences les jeunes de demain auront-ils besoin pour être des citoyens à part entière dans la société... Or le curriculum actuel joue le rôle de socle pour une autre statue, celle des études longues, de la formation d'une élite. Ceux qui prétendent qu'on peut faire "d'une pierre deux coups" sont naïfs ou malhonnêtes. La citoyenneté exige un autre équilibre des disciplines et la relégation au second plan de ce qui n'est que propédeutique des études longues. Si le débat sur les socles... n'aborde pas ce problème, ce n'est qu'un trompe l'oeil".

Et c'est la grande force de ce numéro que d'avoir réussi à lier étroitement les réflexions de chercheurs et celles d'enseignants de terrain. Il n'oublie pas les TICE. Ainsi Mario Asselin montre comment, au Québec, en s'axant sur l'apprentissage des compétences à travers le portfolio électronique, il réussit à élever le niveau de connaissances. "Les parents constatent que les jeunes ont besoin de savoir (connaissances) pour bien agir (compétences). Et ça les rassure". Bruno Devauchelle analyse l'expérience du B2i comme un précurseur de la notion de socle commun.
Sommaire
Le dossier du Café sur le socle commun
L'éditorial du Café 66

Par  François Jarraud , le jeudi 05 janvier 2006.

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