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Pédagogie : A 14 ans, les beurs au boulot ! 

Photo Affaires étrangères
"J'ai proposé que les élèves qui le souhaitent puissent entrer en apprentissage dès l'âge de 14 ans". Dans son allocution devant l'Assemblée nationale, D. de Villepin a annoncé son intention de revenir sur la scolarisation jusqu'à 16 ans, un acquis démocratique datant de 1959. " C'est une nouvelle chance pour des jeunes qui vont d'échec en échec" estime-t-il, alors que toutes les études internationales montrent justement l'échec de la sélection précoce.

"L'apprentissage est une voie ambitieuse" pour Gilles de Robien. Interrogé par le Café, le ministre estime qu'en apprentissage "on s'épanouit. Il y aura la possibilité pour ces jeunes de faire des études supérieures. On créera des passerelles." Mais est-ce vraiment possible avec un bagage en enseignement général aussi faible ? Sur ce point G. de Robien ne nous a pas répondu. Pour lui, l'apprentissage devrait éviter que les jeunes traînent dans la rue et permettre des expériences positives. On peut tout aussi bien considérer, c'est du moins l'analyse du Café, que le nouveau dispositif risque d'aggraver la ségrégation sociale. Ces jeunes des banlieues devraient avoir le droit à une véritable éducation et non être considérés à priori comme inéducables. Or c'est bien l'hypothèse gouvernementale puisque aucune autre mesure éducative importante n'est annoncée. Rappelons que les travaux de T. Piketty ont mis en évidence l'efficacité d'une politique réelle de réduction des effectifs en ZEP. Le gouvernement préfère exclure de l'Ecole plutôt que renforcer l'éducation prioritaire.

Les mesures gouvernementales sont vivement rejetées par les organisations professionnelles. Pour le Sgen-Cfdt, "les propositions du ministre aggravent l'exclusion... Ce n'est pas en rétablissant le couvre-feu qui ne peut que ramener à une période difficile de notre histoire que les banlieues vont reprendre confiance... Rétablir l'apprentissage à 14 ans pour ces jeunes en difficulté est une régression considérable. L'apprentissage n'est pas une remédiation à l'échec. Le Premier ministre ne semble plus croire au rôle fondamental de l'École dans la société. Que devient le socle commun qui figure dans la loi Fillon ? Que devient le nécessaire " vivre ensemble " ? Pendant que nous y sommes pourquoi ne pas rétablir le travail des enfants ?" Le Se-Unsa dénonce une mesure " réactionnaire et rétrograde... Pour des jeunes qui vivent au jour le jour la relégation sociale, il s'agirait donc de rétablir une voie de relégation scolaire abandonnée depuis trente ans ! L'égalité républicaine est-elle compatible avec l'orientation précoce ?" Pour la FSU "c'est lamentable. Loin d'améliorer la situation, cela va enfoncer encore plus les jeunes en situation de précarité, les mettre à l'écart de toute possibilité de vraie qualification et d'emploi... Le gouvernement veut accentuer le tri social, condamner définitivement à l'exclusion les jeunes les plus en difficulté".

La FCPE clame aussi son indignation. " Alors que les jeunes ont besoin, pour s'insérer socialement et professionnellement, de plus d'école, mais surtout de mieux d'école, le gouvernement rétablit l'apprentissage à 14 ans. Il revient 30 ans en arrière, lorsque la fin de la scolarité obligatoire était fixée à 14 ans ! Jamais encore on n'est parvenu à un tel niveau dans l'aveuglement et dans l'impuissance.".
Déclaration du premier ministre
T Piketty
Communiqué FCPE

Par  François Jarraud , le mercredi 09 novembre 2005.

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