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Pédagogie : La télé et l'intelligence 

" Un jour, si l'on n'y prend garde, la dernière mesure de Mozart, les dernières pages du Rouge et le Noir auront cessé d'exister parce que le dernier oeil curieux, la dernière oreille attentive, la dernière intelligence sensible auxquels leur message formel était accessible auront disparu". Pour Alain Bentolila, Paris 5, le responsable de cet anéantissement c'est la télévision. " Je tiens l'indécence télévisuelle - pas seulement télévisuelle ! mais qui peut rivaliser en influence avec ce médium - pour responsable de la progressive disparition de la «pudeur scolaire». Si bien des élèves sont incapables de tenir leur moi intérieur à distance respectueuse des objets d'études, s'ils sont prompts à la brutale déclaration d'opinion, si l'anecdote ponctuelle vient polluer intempestivement le débat d'idées, c'est beaucoup sans doute parce que leur médium favori leur montre à longueur d'émissions que toute chose intime est bonne à dire en tout lieu et à tout moment et que des intimités mêlées sont infiniment plus passionnantes que les paradigmes arides et froids des savoirs et des savoir-faire".

Contredisons-le avec Jean-Pierre Carrier et Christian Gautelier qui, en 2000, dans "Le petit écran des enfants" (Actes Sud), écrivaient : "Dire que la télévision pour enfants a une portée éducative globale, ce n'est pas nier qu'elle est d'abord et avant tout de la télévision, c'est-à-dire un média fait par des professionnels, avec pour visée essentielle le divertissement. Son public étant composé d'êtres en développement, le fait de se distraire intervient forcément dans la formation de leur pensée et de leur imaginaire, comme dans leur vie sociale et affective. Parler de télévision éducative, ce n'est pas alors considérer qu'elle devra être conçue et diffusée dans un cadre uniquement éducatif, comme une télévision scolaire qui n'aurait de place qu'à l'école. C'est dire qu'elle est une référence commune, souvent la seule, de la cour de récréation... Qu'à ce titre elle ne peut être ignorée par les adultes ou n'être considérée qu'à partir des lieux communs ou des préjugés les plus courants à son sujet. C'est dire que si elle est de fait un élément constitutif de la culture des enfants, elle peut devenir.. un instrument particulièrement utile... de tout projet éducatif contemporain".
Article du Figaro

Par  François Jarraud , le jeudi 31 mars 2005.

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