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Pédagogie : La Machine et l'Ecole 

"Est-ce que Internet va changer les modes de relations ? Quelles sont les nouvelles "normes" (règles) plus ou moins inconscientes qui apparaissent dans ces relations? (non-hiérarchie? tutoiement?...?) Quelles sont les caractéristiques de ces relations? (éphémères? informatives? superficielles?...).. Que recherche-t-on? (des informations sûrement, mais quoi encore? être reconnu? montrer qu'on existe?...) Ces relations auront-elles une influence sur les relations "classiques" (celles où on s'embrasse, se touche, vibre à une même émotion, c'est-à-dire où le corps a une place)? Est-ce qu 'elles les remplaceront? les exacerberont, au contraire, par un effet systémique?" Jacques Nimier ouvre un chantier sur l'impact des TIC sur les relations entre les personnes et singulièrement la relation pédagogique. C'est incontestablement un thème qui mérite réflexion. Nos élèves sont tous nés après l'ordinateur et il est grand temps de réfléchir à l'impact des TIC sur leur mode de pensée. Jacques Nimier propose trois approches différentes des rapports entre la Machine et l'Ecole. Pour Bernard Camou, professeur de maths en Uruguay, "la machine et l'EIAH ne déplacent pas l'enseignant ; au contraire l'EIAH peut le relever seulement d'une partie de son large travail (rendant au même temps ses apprenants plus indépendants), pour qu'il puisse se concentrer sur les autres aspects de sa tâche, ces aspects qui font que la personne humaine soit insurpassable comme objet pédagogique et qu'une machine ne peut pas faire". Guy Pouzard, inspecteur général honoraire, montre la nécessité d'un apprentissage de la technique. "À la lecture de ces quelques lignes on peut voir si l'on veut bien en accepter le bien fondé, que l'apprentissage de la technique... est rendu indispensable par la nécessité première de ne pas confier aveuglément trop de pouvoirs à la machine... Le développement d'un minimum de culture " informatitionnelle " ouverte (et c'est en cela que le travail des développeurs des logiciels libres doit être soutenu car il est capital), est nécessaire dans tout pays qui se veut ou se dit démocratique". Philippe Meirieu perçoit les changements induits par les TIC dans les mentalités mais en déduit une analyse très critique. A partir de l'exemple de la télécommande, il lui semble que la Machine infantilise son utilisateur. "Quand on sait que, d'après tous les chiffres dont nous disposons, les enfants passent en moyenne, sur une année, plus de temps devant la télévision, la télécommande à la main, qu'à l'école, il n'est pas étonnant d'entendre des professeurs se plaindre parfois d'être considérés comme des postes de télévision. Ils sont là, dans la classe, à parler dans un coin, pendant que leurs élèves s'adonnent à une multitude d'activités : certains remplissent leurs agendas, d'autres rédigent des textos, d'autres dessinent ou préparent un exercice pour le cours suivant... Et, de temps en temps, les élèves jettent un oeil, dressent l'oreille, attirés par une image ou une expression ; ils sont attentifs quelques instants... avant de se remettre à faire tout à fait autre chose et de regretter qu'ici, malheureusement, on ne dispose pas de télécommande pour changer de chaîne quand on s'ennuie ! Ainsi la télécommande contribue-t-elle à la désintégration de l'attention. Elle fait voler en éclats la perception linéaire, encourageant l'esprit à la dispersion systématique, le sujet à l'agitation permanente". Et si au contraire la télécommande, parce qu'elle pousse à la curiosité, et si le jeu vidéo, parce qu'il incite au tâtonnement expérimental, pouvaient apprendre l'apprentissage ? C'est ce que nous souffle Jason L. Frand, professeur à l'UCLA, dans un article paru dans Educause en septembre 2000 signalé dans le Café 44. Jacques Nimier nous invite à enrichir son débat.
Dossier site Jacques Nimier
Article d'Educause (en pdf)
Pour lire les pdf

Par  François Jarraud , le jeudi 03 mars 2005.

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