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Pédagogie : Loi Fillon : Consternations et indignations 

Qui est satisfait du projet de loi sur l'éducation de F. Fillon ? Les critiques pleuvent sur des mesures qui ne semblent satisfaire personne.
C'est du coté des parents que la désillusion semble la plus grande. " La PEEP avait mis de grands espoirs sur cette volonté de faire évoluer notre école. Quelle désillusion ! Que de temps perdu ! Que de gâchis pour les élèves" s'exclame l'association de parents d'élèves. " La PEEP déplore, par ailleurs, le mépris total affiché pour les parents d'élèves dont le ministre n'a même pas parlé dans son intervention. Nos craintes étaient fondées, nous en avons la preuve. La PEEP a espéré une réforme concrète : nous avons concrètement un recul inacceptable". La FCPE dénonce " la vacuité du projet ministériel en matière de lutte contre les inégalités scolaires. Proposer jusqu'à 3 heures de soutien individualisé à l'école primaire n'est qu'un effet d'annonce lorsque le ministre tente de combiner cette mesure avec l'accent mis sur le redoublement, dont toutes les recherches s'accordent pour décrire l'inutilité et les conséquences néfastes... Inscrire la notion floue, ambiguë et dangereuse de «liberté pédagogique» dans la loi, ce n'est rien d'autre que renoncer à redéfinir la mission des enseignants, qui est la pierre angulaire pour lutter contre les inégalités scolaires, faire vivre la mixité sociale et faire que l'Ecole constitue son propre recours.
Passer à la trappe ce problème essentiel, c'est faire son deuil de toute évolution durable du système éducatif."

Les lycéens, particulièrement concernés par la loi, la rejettent. Ainsi la FIDL dénonce la réforme du bac et voit dans le projet Fillon "l'école de nos grands-parents".
La Ligue de l'enseignement évoque "un conservatisme patelin qui entretient une Ecole inégale.. Pas un mot sur les projets d'établissement. Rien sur le travail en équipe. Aucune mention de la place des parents. Silence sur les autres acteurs éducatifs".
Du coté syndical, le Snes estime que le ministre "n'a pas fait la démonstration qu'il se donnait les moyens d'atteindre ces objectifs en donnant un nouvel élan au système éducatif.. Le contrat personnalisé de 3 h de soutien individualisé semble correspondre à un simple redéploiement des moyens actuellement attribués aux établissements prioritaires". Le Snes manifeste son opposition aux réformes du bac et du brevet. Le Sgen estime que la conception ministérielle de la liberté pédagogique "exclut de fait toute prise en compte de l'évolution du métier indispensable à la transformation : le travail en équipe et la pratique du projet, la nécessaire concertation, le rôle des parents, des associations, ... Les annonces concernant le redoublement, l'orientation précoce s'inscrivent bel et bien dans le cadre d'une politique éducative réactionnaire. En fait de nombreuses propositions comme celles concernant l'examen du baccalauréat, qui mérite effectivement d'être revu, semblent avoir comme motivation essentielle des considérants budgétaires. Le ministre a sans doute réussi sa prestation de « communicant », mais l'École, la réussite de tous les jeunes, la prise en compte des inégalités ont besoin d'un projet ambitieux, courageux même. Ce n'est pas le cas".
La presse est, elle aussi, critique. L'éditorialiste du Monde estime que F. Fillon "n'a pas su trouver une réponse neuve à la contradiction à laquelle est confronté le système éducatif français". Dans Libération, E. Davidenkoff voit au contraire dans la loi "un changement de cap radical" : les enseignants détiendraient "toutes les clés de la réussite scolaire" tout en estimant que cela n'arriverait pas à les convaincre de soutenir le projet.
Rarement un projet aura suscité autant d'opposition. Au point que, le 21 au soir, le premier ministre intervenait pour dire qu'il souhaite "qu'une place particulière soit faite aux parents qui sont des acteurs à part entière de la communauté éducative". Un communiqué qui fustige le ministre.

Communiqué PEEP
Communiqué FCPE
Dépêche AFP

Par  François Jarraud , le lundi 22 novembre 2004.

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