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Tribune : Le parti pris intenable des dissidents de la commission 

Sur fond de publication officielle du rapport Thélot, les dissidents, après avoir quitté les travaux de la commission Thélot avec grand bruit, en profitent pour rameuter leurs troupes autour d'un colloque anti-IUFM. Entrée sécurisée pour limiter le débat aux partisans d'un retour à l'âge d'or « d'une bonne instruction de base » garantie par le « niveau de savoir disciplinaire indispensable des enseignants ».

Pourtant ces mêmes dissidents ont eu l'occasion de faire valoir leur point de vue au sein de la commission, ce qui n'a pas été le cas des associations de spécialistes. S'ils n'ont pas réussi, ne doivent-ils pas en tirer courtoisement la conclusion que leur parti pris n'est pas tenable dans notre société ?

Le rapport Thélot fait la part belle aux « fondamentaux » ; mais, vouloir fixer un socle commun minimum que l'on peut garantir à tous les élèves est-il plus utopique que de fixer des programmes pléthoriques dont seuls les happy few peuvent profiter ? L'hypocrisie est facile : si tous les enfants de la République ont droit à l'instruction et à l'éducation, peut-on encore croire que le seul empilement de connaissances permettra aux enseignants de tenir leur classe et de faire progresser tous leurs élèves ? Peut-on à la fois développer un discours sécuritaire et autoritariste, et penser que cette autorité ne passera que par les contenus d'enseignement ?

Les associations de spécialistes, qui n'ont pas été consultées en tant que telles dans le Débat National sur l'école, ne peuvent pas rester insensibles devant ces tentatives régressives de saper les efforts entrepris pour professionnaliser le métier d'enseignant. Pour maîtriser la langue et la littérature, les enseignants de français sont bien convaincus que les élèves ont besoin de professeurs dotés de connaissances universitaires solides, mais aussi de compétences didactiques et pédagogiques que les IUFM leur permettent de développer dans la formation initiale.

Certes, il ne faut pas nous voiler la face : les IUFM ont connu des errements. Certes, ils ont besoin d'évoluer pour faire mieux face aux besoins des jeunes collègues, les premiers à en relever les dysfonctionnements. Mais ne soyons pas trop pessimistes, les améliorations sont non seulement nécessaires, mais possibles. Passer d'une vocation, d'un métier à une profession suppose une réflexion sur les pratiques, qui peut se mener dans différentes instances : les associations comme la nôtre offrent un cadre moins institutionnel pour un espace de débat qu'il serait dommage de négliger.

Viviane YOUX
Présidente de l'Association des Enseignants de Français
L'AFEF

Par François Jarraud , le mercredi 13 octobre 2004.

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