Les archives de l’expresso // Imprimer  |  Télécharger nous suivre sur Twitter nous suivre sur Facebook

Actualité : Le ministre mobilise contre l'antisémitisme 

Dans un entretien accordé au Monde le 5 février, à deux semaines de la guerre contre l'Irak et après la répétition d'incidents antisémites depuis le début de l'année dans les établissements scolaires, Luc Ferry a exprimé nettement sa volonté de lutter contre les dérives communautaristes et particulièrement contre l'antisémitisme. "Je demande aux recteurs de veiller à ce qu'on réponde avec la dernière énergie et la plus grande fermeté à tout ce qui ressemblera à des actes antisémites ou racistes. J'ai l'exemple précis d'un élève qui a fini par quitter son collège tant l'environnement devenait intolérable. C'est rigoureusement inacceptable.. Il faut faire preuve de fermeté. Le pire serait d'importer le conflit du Proche-Orient dans les établissements, y compris dans les universités. Nous payons très cher une dérive de l'ensemble de la société française vers le communautarisme... Face à la montée des communautarismes, nous devons avoir trois types de réponses : une réaffirmation sans faiblesse des principes républicains (appuyée sur des sanctions appropriées lorsqu'ils sont bafoués) ; un dispositif de veille relayé dans chaque académie pour aider les enseignants à prévenir les situations de crise ou à les résoudre au mieux ; des enseignements qui remettent en valeur l'apport de la laïcité dans le contexte de tensions communautaires que nous connaissons. Cela veut dire qu'un individu est respecté indépendamment de ses appartenances communautaires quelles qu'elles soient". Le ministre a condamné à nouveau les votes de boycott de certaines universités. Très clairement il a condamné les nouvelles formes d'antisémitisme. "Je pense qu'il y a aujourd'hui trois formes d'antisémitisme en France. L'antisémitisme traditionnel, hitlérien, qui peut exister dans certains partis d'extrême droite. Il est aujourd'hui résiduel et en régression. Une deuxième sorte est en lien avec le conflit au Moyen-Orient ; c'est l'antisémitisme le plus inquiétant, lié à la présence d'une très forte communauté musulmane en France. Je ne dis évidemment pas que les musulmans sont antisémites : leur religion, bien comprise, s'oppose, au contraire, à toutes les formes de racisme. Mais force est de constater que cela n'empêche pas les dérives. C'est pour cette raison qu'un professeur d'histoire-géographie est parfois interrompu quand il donne un cours sur la Shoah. Il y a enfin une tentation antisioniste qui vire parfois à l'antisémitisme, bien qu'elle vienne souvent d'intellectuels de gauche, démocrates, mais en désaccord avec la politique d'Israël. Cet antisionisme d'extrême gauche dérape parfois et déculpabilise des pulsions politiques déplaisantes. Ce fut le cas, je crois, à Paris-VI. Il faut savoir, là aussi, y résister".

Article du Monde

Par François Jarraud , le jeudi 06 février 2003.

Partenaires

Nos annonces