Les archives de l’expresso // Imprimer  |  Télécharger nous suivre sur Twitter nous suivre sur Facebook

Actualité : Faut-il brûler les jeux vidéos ? 

Après la prostitution, les mendiants, les Tziganes, la télévision, une nouvelle cible se présente sur la ligne bleue de la majorité morale : les jeux vidéo. Ainsi Le Monde du 23 octobre donne la parole à Lionnel Luca, député UMP, auteur d'une proposition de loi tendant à soumettre les jeux vidéo à une commission de censure. Elle prévoit que "Les jeux vidéos cruels, violents ou dégradants doivent obligatoirement être assujettis à une commission consultative pour réaliser leur classement spécifique qui doivent figurer clairement sur leurs boîtier et jaquette". Pour lui, "le problème de ces jeux est le caractère virtuel des situations. Le vrai danger est là : ces jeux font entrer l'imaginaire des enfants dans une autre dimension...Il ne s'agit pas de faire des jeux aseptisés, la violence entoure les enfants. Mais là, je crains qu'on ne puisse plus faire la différence entre la réalité et le virtuel, cette banalisation de la violence est malsaine... Il faut rétablir quelques barrières morales, au bon sens du terme : il y a des choses qui ne se font pas. Or le jeu peut donner l'impression qu'on peut s'affranchir de tout, il n'est pas immoral, il est amoral".
Pourtant d'autres approches du sujet existent. Ainsi les Canadiens du "Réseau Education-Médias" ( http://www.reseau-medias.ca/fre/parents/jeuxvideo/univers.htm ) ont ouvert un site qui aide les adultes, élus ou pas, à comprendre les jeux et à faire face aux risques. Une étude officielle britannique (http://www.homeoffice.gov.uk/rds/pdfs/occ72-compgames.pdf ) a montré que les jeux permettent de développer la sociabilité des enfants. Les travaux d'A. et F. Le Diberder ne nient pas la violence existant dans ces jeux mais n'en généralisent pas la portée : " Il y a de la violence dans les jeux, il serait absurde de le nier. Mais il est utile de dire laquelle. Après tout, le meurtre est présent aussi dans les échecs, sans que cela pose un problème aux parents qui voient leur enfant s'y adonner. Il est important en particulier de distinguer les deux niveaux où la violence s'observe dans les jeux vidéo, celui du contexte narratif ou symbolique du jeu, et celui des actions qui sont demandées au joueur" (Qui a peur des jeux vidéo, La Découverte 1993). Et, rendant compte d'un livre de Laurent Trémel, le Café ( /lemensuel/larecherche/Pages/biblio_8_accueil.aspx ) pouvait écrire : " Les éducateurs qui liront ce livre comprendront mieux l’attitude des jeunes face aux jeux. Au delà ils pourront mieux accepter cette forme de citoyenneté revendiquée par les jeunes qui consiste à refuser les évidences, mêmes techniques, qui imposent des carcans à la vie et empêchent de vraiment « s ‘éclater »" . Une perspective qui ne réjouit pas tout le monde...

Article du Monde
Le site canadien Réseau Médias
Compte-rendu sur le site du Café

Par François Jarraud , le jeudi 24 octobre 2002.

Partenaires

Nos annonces