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Marcel Pochard auditionné par le Sénat 

 

Par Françoise Solliec

 

 

L’audition au Sénat du 6 février fut pour Marcel Pochard l'occasion indirecte de tenter d’amener les enseignants à considérer moins négativement les réflexions de la commission qu'il présida et les perspectives ouvertes par son rapport. En présentant le livre vert sur l'évolution de la condition neseignante aux membres des commissions des affaires culturelles et des finances, il prit soin de souligner les réticences des enseignants et de répondre du mieux possible aux critiques rapportées dans la presse.

 

Aussi bien Jacques Valade, président de la commission des affaires culturelles, que Jean Arthuis, président de la commission des finances, ont souligné l’importance qu’ils accordaient à cette audition, occasion pour les sénateurs d’information et de débat sur une grande problématique de la nation, plus souvent vue à un tout autre moment et sous un autre angle à l’occasion du vote du budget.

 

En reprenant, deux jours après la conférence de presse au ministère de l’éducation nationale, les quatre grandes questions auxquelles le livre blanc devra apporter une réponse dans les mois qui viennent, Marcel Pochard a souligné la déception de la commission, qui a travaillé en toute bonne foi, honnêteté et transparence, par rapport aux réactions suscitées par son travail. Il s’est donc attaché à mettre en parallèle les raisons pour lesquelles la commission avait considéré ces questions comme essentielles et les critiques ou les réticences qui ont été formulées à leur sujet.

Ainsi, pour l’autonomie et la responsabilité des équipes, écoles ou établissements, il a souligné la réticence des enseignants à une proposition d’accroissement des pouvoirs des chefs d’établissement tout en revenant sur l’importance de l’effet établissement pour la réussite des élèves et sur l’implication accrue des collectivités territoriales dans les affaires pédagogiques.

En ce qui concerne l’hypothèse d’une annualisation des services, à laquelle il sait les enseignants hostiles, Marcel Pochard a plaidé pour la souplesse qu’une telle mesure apporterait. Il estime que le travail en équipe n’est pas suffisamment pratiqué et qu’il y aurait tout à gagner à définir clairement un temps de présence supplémentaire de 2 à 5 heures, organisé dans l’établissement et rémunéré. Cette mesure pourrait s’appliquer aux nouveaux enseignants et, sur la base du volontariat, aux anciens.

Sur la formation et le recrutement, il souligne deux constats : la formation professionnelle est insuffisante à l’entrée en classe et l’origine sociale des enseignants reflète très imparfaitement la distribution de la population française. Il s’agit donc de réfléchir aux procédures d’affectation, d’ouvrir le recrutement et la mobilité en cours de carrière et de réinstituer des dispositifs attractifs, de type IPES, pour faciliter l’accès à la profession de jeunes moins favorisés.

Concernant la gestion et la rémunération, il retient l’inutilité de la notation, le manque de suivi qui conduit à laisser se débrouiller seul ou à ignorer un enseignant en difficulté et le manque de gestion de proximité qui autorise l’affectation des plus jeunes dans les postes les plus difficiles.

 

A l’occasion des questions posées par les sénateurs, Marcel Pochard est revenu sur son rapport, qu'il estime décevant, avec les organisations syndicales et la difficulté qu'il ressent à nouer un dialogue social dans la fonction publique, même quand il s’agit, comme ici, d’un enjeu important, qui concerne quand même près d’un agent de l’Etat sur deux. Il regretterait beaucoup que le rapport soit enterré, car, dit-il, les conditions idéales pour amorcer une réforme ne sont jamais remplies. La réussite des élèves, les conditions d’entrée dans le métier, le sentiment de malaise qui ressort de nombreuses enquêtes montrent selon lui le besoin d’évolutions et il ne pense pas qu'on gagne à attendre davantage.

S’il devait, parmi les pistes de travail proposées par le livre vert, en préconiser 3, quelles seraient-elles ? A cette question, Marcel Pochard répond :

- mettre en œuvre une véritable régulation du système, en donnant plus d’autonomie et en demandant plus de responsabilisation aux établissements et aux écoles ;

- organiser une gestion de proximité des enseignants, trop souvent assurée actuellement seulement par les syndicats ;

- organiser un temps de présence supplémentaire dans l’établissement.

 

Pour Jacques Valade et Jean Arthuis, l’objectif d’une meilleure appropriation par le Sénat de la démarche entamée sur l’évolution du métier d’enseignant est atteint. Il faut maintenant, pense ce dernier, peut-être au moyen d’une table ronde, dialoguer avec les syndicats pour ne pas les laisser trop s’enfermer par rapport à des propositions nouvelles ou adopter systématiquement une attitude bloquante s’il y a des économies de moyens.

Pour Marcel Pochard, l’amour que les enseignants éprouvent pour leur métier, qui est ressorti des différentes rencontres et enquêtes, constitue un atout de taille. « La nation peut toujours être fière de ses enseignants », déclare-t-il, « il faudrait qu’ils sentent qu’on leur tend vraiment la main. Ils devraient la saisir car ils attendent beaucoup ».

 

Dans les prochains jours, Marcel Pochard aura sûrement l'occasion de mettre ses convictions à l'épreuve et de rediscuter en direct avec des enseignants des réflexions de la commission et des conclusions du livre vert. Première rencontre prévue sur BFM le 7 février avec Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU.

 

 

 

 

 

Par fsolliec , le .

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