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Démarré : 08/02/2010 09:15 par fgiroud
Les inspecteurs de l’Education Nationale : Un grand corps malade
(sans texte)
Les inspecteurs de l’Education Nationale : Un grand corps malade
Modifié : 31/03/2010 12:28 par fjarraud
Publié lundi 8 février 2010 09:15
Objet : Les inspecteurs de l’Education Nationale : Un grand corps malade
Je relis aujourd'hui la tribune de Pierre Frackowiack, pensant trouver sur le site du café de nombreuses réaction. Pas une seule en fait... Inspecteur moi aussi depuis vingt ans, ce qui commence à faire, j'ai été recruté au moment des lois Jospin sur la mise en place des cycles, avec un profil peut être un peu décalé par rapport aux exigences précédentes de l'institution. Institution dans laquelle je me suis moulé avec plus ou moins de bonheurs au fil des tâches et des inspecteurs d'académie, trouvant dans les programmes de 2002 une sorte d'aboutissement de l'ensemble des textes parus de puis la deuxième guerre mondiale, "l'architexture" du projet éducatif prenant pleinement en compte et le sens et la complexité. L'atterrissage est d'autant plus rude depuis quatre ans, avec le retour en force (et "en force" est le mot) d'un autoritarisme institutionnel que je n'avais pour ma part jamais rencontré, mais mes souvenirs ne remontent pas si loin. Néanmoins, ce qui m'a le plus surpris en vingt ans d'exercice d'inspecteur c'est de n'avoir pas croisé de manière, disons, ordinaire, comme c'est le cas pour l'apprentissage de la division au cycle 3, d'article ou de réflexion un peu sérieux sur l'inspection elle même. Sur son histoire, sur quelques rares grandes considérations d'accord mais sur l'acte d'inspecter, les choix à faire, les modalités, les ceci et les cela du métier, rien. Aussi bien, me direz-vous, pourquoi ne pas l'écrire moi même ? Par paresse peut être ; et puis je n'ai pas toutes les clés, pas envie, pas le talent que sais-je... Par contre il me semble de plus en plus nettement qu'une profession entièrement intellectuelle qui ne réfléchit jamais sur son exercice devient plus une aporie qu'une réalité à proprement parler. Je ne suis donc guère plus optimiste que mon estimé et retraité collègue, au contraire même. Par contre il me semble, concernant l'autoritarisme ou l'acte d'inspection qu'au final nous avons toujours le choix. Il est possible, c'est même préconisé dans les plans de travail académiques, de faire des inspections d'école plutôt qu'individuelles. On peut au moins essayer d'aider, ou du moins de ne pas empêcher de faire, même s'il faut pour cela quelquefois interpréter avec un minimum d'intelligence des consignes qui pour être claires sont souvent un peu sèches, ou comme disent les médecins "primum non nocere", d'abord ne pas nuire. Ou le moins possible...
 
David Lefebvre
Modifié : 31/03/2010 12:25 par fjarraud
pour information, plusieurs réponses à l'article de P. Frackowiack ont été publiées dans le Café ici. La page renvoie également à un article de fond sur l'inspection et le métier d'inspecteur, qui est effectivement un sujet de recherche trop peu investigué.
M. Brun


De : fgiroud
Publié : mercredi 10 février 2010 17:04
Objet : Les inspecteurs de l’Education Nationale : Un grand corps malade

Publié lundi 8 février 2010 09:15
Objet : Les inspecteurs de l’Education Nationale : Un grand corps malade
Je relis aujourd'hui la tribune de Pierre Frackowiack, pensant trouver sur le site du café de nombreuses réaction. Pas une seule en fait... Inspecteur moi aussi depuis vingt ans, ce qui commence à faire, j'ai été recruté au moment des lois Jospin sur la mise en place des cycles, avec un profil peut être un peu décalé par rapport aux exigences précédentes de l'institution. Institution dans laquelle je me suis moulé avec plus ou moins de bonheurs au fil des tâches et des inspecteurs d'académie, trouvant dans les programmes de 2002 une sorte d'aboutissement de l'ensemble des textes parus de puis la deuxième guerre mondiale, "l'architexture" du projet éducatif prenant pleinement en compte et le sens et la complexité. L'atterrissage est d'autant plus rude depuis quatre ans, avec le retour en force (et "en force" est le mot) d'un autoritarisme institutionnel que je n'avais pour ma part jamais rencontré, mais mes souvenirs ne remontent pas si loin. Néanmoins, ce qui m'a le plus surpris en vingt ans d'exercice d'inspecteur c'est de n'avoir pas croisé de manière, disons, ordinaire, comme c'est le cas pour l'apprentissage de la division au cycle 3, d'article ou de réflexion un peu sérieux sur l'inspection elle même. Sur son histoire, sur quelques rares grandes considérations d'accord mais sur l'acte d'inspecter, les choix à faire, les modalités, les ceci et les cela du métier, rien. Aussi bien, me direz-vous, pourquoi ne pas l'écrire moi même ? Par paresse peut être ; et puis je n'ai pas toutes les clés, pas envie, pas le talent que sais-je... Par contre il me semble de plus en plus nettement qu'une profession entièrement intellectuelle qui ne réfléchit jamais sur son exercice devient plus une aporie qu'une réalité à proprement parler. Je ne suis donc guère plus optimiste que mon estimé et retraité collègue, au contraire même. Par contre il me semble, concernant l'autoritarisme ou l'acte d'inspection qu'au final nous avons toujours le choix. Il est possible, c'est même préconisé dans les plans de travail académiques, de faire des inspections d'école plutôt qu'individuelles. On peut au moins essayer d'aider, ou du moins de ne pas empêcher de faire, même s'il faut pour cela quelquefois interpréter avec un minimum d'intelligence des consignes qui pour être claires sont souvent un peu sèches, ou comme disent les médecins "primum non nocere", d'abord ne pas nuire. Ou le moins possible...
 
David Lefebvre
Modifié : 10/03/2010 15:42 par fjarraud
Votre commentaire résume à la perfection mon état d'esprit. La phase de sidération passée après la lecture du pamphlet de notre ancien collègue, la phase de colère arrive puis la phase d'abattement devant la réponse que demande la longueur du texte incriminé. Comment répondre à une telle somme? Et quel intérêt d'y répondre? Puisque rien de notre pratique professionnelle n'est sauvé et que notre fonction, depuis que notre collègue l'a quittée, est sinistrée. Merci à vous d'avoir de façon sereine et concise décrit la prosaïque réalité du métier, qui, je le constate, attire des collègues motivés, respectueux des autres et même montrant quelquefois de l'empathie aux autres. Efforçons-nous simplement, comme nous l'exigeons de nos collègues professeurs à "agir en fonctionnaire d'Etat et de façon éthique et responsable". J'ai l'impression que pour beaucoup d'entre nous, cette compétence est ce qui caractérise l'exercice de notre fonction.
Alphonsek
Modifié : 31/03/2010 12:26 par fjarraud
Je découvre vos tribunes sur le métier d'inspecteur et cela m'incite à vous soumettre une anecdote relative à la valeur de l'inspection. Je suis enseignante depuis 4 ans, après 15 années - brillantes, paraît-il - dans le secteur privé, marquées par un sentiment d'inutilité personnelle et une quête de sens jamais aboutie. Il y a 5 ans, donc, j'ai choisi de rejoindre un projet et des équipes, l'Education nationale. Je ne regrette aucunement ce choix, qui me permet, chaque jour, de retrouver mes élèves avec impatience et, j'ose le dire, l'impression de les aider à grandir, à comprendre, à découvrir de nouveaux horizons. Première inspection il y a 2 ans, avec un inspecteur respectueux, discret et qui se présentait clairement comme une aide et non comme un évaluateur "borné". Aucun autoritarisme de sa part, son rapport m'est parvenu après quelques semaines, complet, positif et fidèle à notre échange. J'avais l'impression d'être sur la bonne voie, encadrée par des équipes attentives et bienveillantes. Quelle ne fut pas ma déception de découvrir, quelques mois plus tard, que la note attribuée par cet inspecteur après 2 heures dans ma classe n'était qu'une proposition, invalidée par un Inspecteur d'Académie qui, lui, ne m'a jamais vue travailler, jamais rencontrée ! Une nouvelle note m'est parvenue de l'Inspection académique, avec un commentaire manuscrit encourageant, "Poursuivez ainsi". Bien. A ceci près que la note avait été baissée d'un demi-point. Aucune importance, sans doute, à l'aune d'une carrière, mais quelle signification donner à cette contre-évaluation ? Nous, enseignants, qui nous appliquons à donner du sens aux apprentissages, à motiver nos appréciations, comment devons-nous comprendre le processus de notation incohérent auquel nous sommes soumis ? Mes collègues, plus anciens, ont l'air parfaitement désabusés, sourient gentiment de mon indignation de "jeunette" face aux aberrations bien connues de la "grosse machine" Education nationale. Cela ne m'empêche pas d'enseigner avec la même conviction, mais je m'interroge avec amertume, après cela, sur la façon dont cette grosse machine motive ses troupes... et valorise le travail de ceux qui sont supposés l'aider à fonctionner de façon optimale.
Modifié : 31/03/2010 12:29 par fjarraud
Objet : Les inspecteurs de l’Education Nationale : Un grand corps malade
 
Je ne doute pas que cette tribune trouvera l'adhésion de nombre de lecteurs.
Jeune instituteur, ma première inspection ne fut pas annoncée. Je me souviens que ce sont les élèves qui m'ont signalé qu'un monsieur était entré sans frapper. Il  s'était installé à mon bureau pendant que j'écrivais au tableau. C'était l'inspecteur.
Je me souviens aussi que ma mère, un temps institutrice, devait recopier à la main son rapport d'inspection et le retourner à son supérieur pour en attester bonne lecture...
La tribune de l'inspecteur honoraire est longue.
Elle se veut polémique, elle n'est pas sans rancoeur.
Ce qui m'a posé problème à sa lecture c'est qu'elle place sur le même plan des aspects liés au style personnel, à l'éthique et d'autres qui relèvent davantage du système et de son organisation, de choix politiques...
Bien entendu, comme dans le vieil adage, "méfie toi de tes amis", il faut avouer qu'il n'est guère plaisant de se voir ainsi décrit par l'un de ses pairs, adhérent me semble-t-il d'un syndicat d'inspecteurs ...
Devrais-je face à ce réquisitoire me justifier en disant que dans la circonscription les dates d'inspection sont annoncées, que le questionnaire préparatoire ne comporte qu'une page, les rapports rédigés dans la semaine  et que le respect de la personne fonde mon action ?
Faut-il affirmer que je ne pilote pas sans discernement avec des courbes ou des camemberts et que je ne suis en rien "réfugié" sur un territoire ne serait-ce que parce que j'aime en changer ?
Faut-il décrire ce quotidien fait de rencontres, d'échanges, de travail avec les maîtres, animé par le souci de faire progresser tous les élèves, de travailler par compétences, de rechercher les meilleures solutions possibles ?
Contrairement à ce que dit l'inspecteur honoraire, l'accompagnement des maîtres et la pédagogie ne sont aucunement au placard.
Mais l'inspecteur n'impose pas son modèle.
Nous osons même parler compétences, penser la place de l'élève dans l'évaluation loin des visions de l'évaluation sommative d'antan.
Nous ne cherchons pas à faire comme autrefois, nous ne prétendons pas que tout est facile mais non, décidément, je ne me reconnais pas dans ce portrait...
Si j'entends nombre de critiques, je remercie Monsieur Frackowiak qui fut certainement un inspecteur formidable, d'entendre que nous travaillons modestement, loin des représentations qui sont les siennes, non pas sans questions, non pas nimbés de certitudes... mais loin de cette vision amère et nourrie de moraline qui est la sienne.
--
Vincent Breton
inspecteur de l'éducation nationale du premier degré


 
Modifié : 31/03/2010 12:30 par fjarraud



De : alain
Publié : lundi 8 février 2010 09:15
Objet : Les inspecteurs de l’Education Nationale : Un grand corps malade

bonjour... je voudrais simplement témoigner que simple instituteur "spécialisé" , j'ai toujours rencontré au cours de ma carrière (déjà longue ...) des inspectrices et des inspecteurs compétents et dotés de grandes qualités humaines ... est ce la spécificité de l'enseignement aux élèves en situation de handicap qui veut cela ... est-ce parce que c'est bien souvent par hasard ou nécessité que l'on s'oriente vers cet enseignement et par choix que l'on décide d'y rester ... ou est-ce tout simplement dans mon cas le hasard qui a bien fait les choses ... et si c'est le cas , à l'heure ou l'on parle d'inclusion et plus d'intégration , laissez-moi au moins rêver que l'intelligence peut être contagieuse ... c'est en lisant la réponse de Vincent Breton que je me suis décidé à écrire ... je pense qu'il aurait beaucoup à dire également sur les TICE ... et comment cette expérience l'a amené à avoir une autre vision du monde enseignant ... cordialment alain l. [url]http://eveil25.info[/url]

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