Afficher : 
Démarré : 28/02/2008 08:04 par fjarraud
L'Expresso du 28 Février 2008
(sans texte)
L'Expresso du 28 Février 2008
Modifié : 02/03/2008 11:11 par fjarraud

Sur le rapport Pochard par Pyerch

Une lecture de vacances.. s'il en est ou en peut être !

Trois points qui me paraissent majeurs dans ce rapport, deux concernant le diagnostic, le troisième ses propositions.

1. Le diagnostic

Une lecture attentive des analyses du système (le rapport remonte à celle d'A. Ribot de 1899, mais il aurait pu aussi bien s'appuyer sur celle de Durkheim de 1902, dans son ouvrage "L'évolution pédagogique en France"), qui sont réalisées tant par l'iGEN que par l'iGAEN depuis une vingtaine d'années, que celles de la sociologie de l'éducation (A. Van Zanten faisait partie de la commission -cf. son Que-Sais-Je sur "Les politiques d'éducation" à défaut de sa thèse sur "L'Ecole de la périphérie") et je ne vais pas tous les citer, de Bourdieu à l'IREDU, Derouët, Dubet, pourquoi pas jusqu'à la critique de Poupeau, permet de se rendre compte de problématiques récurrentes.

J'en vois deux essentielles :

- l'identité professionnelle de l'enseignant du 1er et du 2nd degré en France.

Celle du 1er degré autour de "faire la classe", celle du 2nd autour de "faire un cours".

Celle qui semble poser le plus problème est celle du 2nd degré car mettant en évidence la tension entre d'une part une identité construite uniquement autour d'une discipline et le comptage de l'obligation de service qui ne prend en compte que le cours devant la classe.

Entre "obligation réglementaire de service" (ORS) et temps de travail voilà un premier point d'achoppement.

L'institution a essayé de résoudre la question en développant le concept de projet (des 10 %, PAE et autres jusqu'au projet d'établissement). JP Obin indique précisément dans son ouvrage sur "La crise de l'institution scolaire" que le projet d'établissement était (est ?) un moyen d'impliquer les enseignants dans leur collège ou lycée.

La pseudo autonomie (relevée par le rapport) y a très vite limité ses ambitions (au projet..).

D'où les "contrats d'objectifs" qui n'ont rien d'un contrat et qui ne répètent que les objectifs de la Centrale ! Au moins c'est plus clair !

A. Van Zanten concluait dans son QSJ que les projets d'établissement n'étaient que des coquilles vides.

Modifier réellement l'identité professionnelle des enseignants du 2nd degré nécessiterait de s'attaquer à leur formation de base (les termes sont guerriers) c'est-à-dire essentiellement à leur formation universitaire.

Pour accrocher l'identité professionnelle à l'établissement il faut la détacher de l'Université ! Et là est mis en cause le rôle de l'Université française dans la formation des élites.

Les instituteurs de la III° République (mais aussi de la IV° et de la V°) étaient formés dans des "Ecoles Normales" qui ont créé une identité forte !

Ce n'est pas en mettant les iUFM sous la coupe de l'Université que les choses vont changer !.. au contraire !

Mais ne me faites pas dire ce que je ne dis pas : une formation universitaire est souhaitable certes, mais cela ne doit pas être la condition sine qua non de la fonction enseignante !... ouf !

- la deuxième problématique est la Gestion des Ressources Humaines. Deux rapports préalables à ce sujet, celui de l'IGEN-IGAEN de 2000 et celui des journées de la DEGESCO de 2006. Le premier critiquait l'impossibilité de la chose dans un système qui ne resterait que trop hiérarchique, le second tournait autour du pot quant à savoir qui du chef d'établissement ou de l'Inspecteur Pédagogique était le mieux à même d'évaluer.

Le rapport Pochard répond simplement : le coût de la GRH d'un agent de la Fonction Publique d'Etat s'élève à 1520 €, celui d'un agent du Ministère de l'Education Nationale à 380 €, quatre fois moins !

Tout est dit !

Il n'y a pas de gestion des personnes, mais des masses, des corporations.

Le débat est grandement ouvert à ce sujet.

Ce qui nous amène au second point.

 

2. Les propositions du rapport

Elles sont du genre caoutchouc. J'avance, souvent prudemment, et puis je recule...

Mettant en évidence les intérêts très particuliers des corporations qui se sont exprimées (cela va de l'Inspection Générale au plus petit syndicat de personnels) elle se rend compte qu'ils sont souvent, si ce n'est trop souvent, en contradiction.

Alors après un diagnostic souvent judicieux l'on en reste au statu quo... ou à quelques mesures financières dont on dit en même temps qu'elles ne peuvent suffire.

On voudrait bien que le chef d'établissement soit un vrai évaluateur, mais l'on se rend compte qu'il n'a aucune formation pour ce... et en même temps on se demande comment l'Inspecteur pédagogique peut prendre en compte la dimension établissement.

Et là on hésite entre "effet-maître", "effet-classe" et "effet-établissement". Sur ce dernier voir l'étude de Dumay et Dupriez (Université de Louvain 2004) "Effet d'établissement, effet de processus et/ou effet de composition" où ces derniers concluent que l'effet-établissement n'est qu'un effet de composition, l'organisation pédagogique s'adapte à la population qu'elle reçoit... etc... quant à la mixité sociale... et aux effets de reproduction...

D'où effectivement un sentiment de malaise à la fin du rapport.

Mais il laisse au politique le soin de choisir.

 

Alors que conclure ?

Qu'un énième rapport va poser les bonnes questions et qu'une énième réforme va apporter les mauvaises solutions ?

 

... à suivre...

Par Pyerch

 

Modifié : 02/03/2008 11:14 par fjarraud
Réforme de l'école
Bonjour, Si j'en crois la note d'information 08 05 de Janvier 2008 publiée par l'IGEN, "le nombre d'élèves quittant le système éducatif sans un niveau de qualification reconnue a considérablement baissé en trente ans passant de 170 000 à 42 000". Pourquoi de telles données ne sont-elles prises en compte ? Pourquoi ne cesse-t-on de faire référence à un "âge d'or" qui visiblement n'était pas l'âge d'or de l'égalité des chances ?
Eric Sonzogni



De : Eric Sonzogni
Publié : jeudi 28 février 2008 08:04
Objet : L'Expresso du 28 Février 2008

Partenaires

Nos annonces