Monsieur Jarraud, j'ai souvent apprécié l'intelligence et la mesure de vos propos.
Mais une fois de plus, lorsqu'il s'agit des CPGE, ces qualités disparaissent comme par enchantement et nous tombons dans le fantasme !
Oui, nous protestons "sans complexe" contre ce "travailler plus, pour gagner moins": devrions-nous avoir des complexes ? Accepteriez-vous, pour votre part, de travailler 25 % de plus en étant payé 15 % de moins ? Je connais peu de salariés qui seraient d'accord...
Je vous rappelle qu'un agrégé enseignant en CPGE a la même grille indiciaire et le même rythme d'avancement que ses collègues enseignant dans le Secondaire. Seule une "prime d'enseignement supérieur" de 87 euros mensuels nous est versée ; en contrepartie, nous n'avons pas de première chaire...
Ce que certains d'entre nous gagnent en plus, ce sont des heures supplémentaires. Comme dans le Secondaire, donc ! Tous n'en ont pas, loin s'en faut, et elles sont souvent imposées par notre hiérarchie elle-même !
Non, nous ne sommes pas des nantis élitistes : nos classes accueillent 30 % de boursiers et sont gratuites.
Non, nous ne sommes pas des privilégiés et, s'il est urgent de revaloriser les enseignants de ZEP (et les autres aussi d'ailleurs !), demandons dans ce cas des sacrifices à tous les fonctionnaires de catégorie A. C'est à la solidarité nationale de financer l'Ecole, pas à une catégorie de professeurs injustement cloués au pilori - y compris par leurs propres collègues, semble-t-il !
Il est navrant, monsieur Jarraud, que vous tombiez à pieds joints dans le piège tendu par le Ministère : diviser les enseignants, désigner des boucs émissaires.
Acceptons cette mesure et rêvons d'un monde merveilleux : demain, les enseignants de lycée financeront ceux de collège, les proviseurs se cotiseront pour revaloriser leurs adjoints, les CPE donneront leur obole pour les assistants d'éducation...
De : karineadami
Publié : jeudi 5 décembre 2013 07:09
Objet : CPGE : Une mobilisation sans complexe