Internet en classe et sécurité 

Problèmes posés par l’accès libre en bibliothèque publique


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Entretien avec Thierry Delcourt, directeur de la Bibliothèque de Troyes

Propos recueillis par Serge Pouts-Lajus

Dans de nombreuses bibliothèques publiques, le catalogue se consulte sur un poste informatique. Progressivement, ces postes s’ouvrent aux ressources du Web. Dans les bibliothèques, la question de la sécurisation des accès à Internet se pose avec une acuité plus grande encore qu’à l’école en raison de la multiplicité des publics. Témoignage d’un directeur de bibliothèque qui se pose beaucoup de questions et ne les a pas toutes résolues.

 

De combien de postes informatiques donnant accès à Internet la bibliothèque de Troyes dispose-t-elle ?

La bibliothèque est distribuée sur trois sites géographiques. A la bibliothèque centrale, nous avons cinq postes informatiques, à la bibliothèque universitaire, une dizaine et autant dans une annexe située dans le quartier des Chartreux. Dans quelques mois, la bibliothèque centrale et la bibliothèque universitaire vont être regroupées dans un nouveau bâtiment où nous installerons plusieurs dizaines de postes informatiques.

 

L’accès libre à Internet vous pose-t-il des problèmes ?

Oui, il nous en pose, et parfois de sérieux, essentiellement à l’annexe des Chartreux. Au printemps dernier, nous avons ouvert un Cyber-Espace au rez-de-chaussée, près de l’accueil. C’était au moment de Loft Story. Nous avons aussitôt été envahis par un groupe de pré-adolescents qui ont rendu la vie des animateurs très difficile, infernale même, mais aussi celle des autres usagers de la bibliothèque. Au bout d’un mois, nous avons été contraints de fermer. Les postes en libre accès ont été regroupés avec ceux de l’Espace Culture Multimédia, une pièce fermée, à l’étage, où les accès sont payants mais où on peut aussi participer à des ateliers d’initiation ou de pratique artistique qui eux sont gratuits. Dans un quartier comme celui-là, quinze gamins décidés suffisent pour rendre la vie de tout le monde infernale ; nous ne pouvons pas y faire grand chose. En revanche, dans les deux autres bibliothèques, nous n’avons pas ces problèmes, les choses se passent bien. [...]

 

Vous êtes-vous posé la question d’empêcher l’accès à certains sites ?

Sur les postes qui donnent accès à Internet, nous avons d’abord fait installer un logiciel qui nous permettait d’interdire certains sites. Mais il fallait indiquer lesquels et cela, personne ne pouvait le faire. C’est impossible. On a ensuite pensé à un logiciel de filtrage automatique. Mais ça pose un autre problème parce qu’il faut cibler les postes. Les interdits ne sont pas les mêmes pour les enfants et pour les adultes. Nous avons par exemple des élèves d’une école de police. S’ils veulent faire une recherche sur la criminalité, la drogue ou même la pédophilie, il faut que ce soit possible. On peut aussi s’intéresser au nu en peinture.
Nous avions pensé à un système de discrimination positive sous forme de collections d’adresses de sites recommandés. L’idée était de faire avec le Web ce que nous faisons avec les livres. Mais, en pratique, c’est également impossible. Nous continuons à sélectionner les livres et nous n’avons pas de personnel pour faire la même chose avec le Web ; et puis, de toute façon, la taille du Web rend la chose matériellement inimaginable.

 

Le problème est donc sans solution ?...

Oui et non. Oui, parce que nous avons finalement baissé les bras devant cette masse documentaire qui nous dépasse. Non, parce qu’il nous a fallu faire un choix pour la nouvelle bibliothèque. Au départ, le multimédia devait être partout, libre, gratuit. Notre expérience nous a conduits à changer notre fusil d’épaule. Les postes seront regroupés dans un nombre limité de zones, et nous donnerons un rôle important aux animateurs multimédia. Mais je n’ai pas renoncé à constituer une banque de signets ; elle ne prétendra pas être un inventaire du Web mais posera quelques balises utiles pour nos usagers.

 

 

Propos recueillis par Serge Pouts-Lajus

 

 

Par sergepouts , le jeudi 15 novembre 2001.

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