Le Guide des parents, rentrée 2006 : Comprendre mon enfant 

F. Jarraud


Psychologie

Ados : bonheur et scepticisme
"Pour avancer mieux vaut pas trop s'inquiéter". L'enquête réalisée par Ipsos pour la Fondation Wyeth pour la santé auprès d'adolescents de 15 à 18 ans dépeint une jeunesse heureuse mais pas béate.

Car tout va bien pour nos ados : 95% disent avoir beaucoup d'amis, 80% ont de bonnes relations avec leurs parents et 79% se sentent bien à l'école. Ce qui compte pour eux c'est d'abord la famille (90%) puis les amis et les amours (57%), l'école arrivant en 5ème position, pour seulement 37% d'entre eux. 64% d'entre eux sont confiants dans leur avenir personnel. Huit sur dix croient d'ailleurs dans l'engagement.

Mais le trait marquant de cette génération est sans doute le scepticisme certain. Seulement un adolescent sur quatre (25%) croit que "le monde sera meilleur demain", neuf sur dix sont inquiets face aux évolutions du monde et de la France.

Ainsi les auteurs de l'étude classent les ados en 5 groupes. La moitié d'entre eux seraient soit très confiants en l'avenir soit satisfaits de leur sort personnel. Un quart restent indécis et croient peu en l'action. 22% sont inquiets ou angoissés face à l'avenir. C'est particulièrement le cas des jeunes de L.P., issus de milieux modestes ou dont les parents sont séparés.

L'enquête révèle un phénomène intéressant : neuf jeunes sur dix affirment connaître le métier qu'ils veulent faire. Le médical est plébiscité devant l'industrie, les arts et le sport et l'administration. Une information à se rappeler quand on est devant des élèves muets sur leur orientation…
http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/1849[...]

Les valeurs Internet adoptées par les jeunes
"Première génération née avec internet, les 6-14 ans sont aujourd'hui largement influencés par les valeurs véhiculées par les nouvelles technologies : gratuité, de l'information, de la musique ou de l'image, absence d'intermédiaires propre au média internet, rapidité, dématérialisation des relations interpersonnelles. Emergent de nouvelles façons d'être ensemble, qui échappent au contrôle direct des parents : essor du peer to peer, de la messagerie instantanée, des forums et des blogs personnels… Près de 30% des 6-8 ans utilisent déjà aussi internet, une proportion qui atteint 80% chez les 13-14 ans". Cette enquête réalisée par Ipsos vise à aider les entreprises à deviner les attentes et à "profiler" les publics jeunes.
http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/1627[...]



A savoir : Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans
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"Cette tentative de définition de la personnalité des enfants dès leur plus jeune âge constitue un véritable enfermement; ils seront définitivement catalogués, devenus des objets décrits par le premier psy qu'ils auront eu la malchance de rencontrer… On retrouve dans cette recherche la tentative de voir en chacun des humains le simple aboutissement des informations qu'il a reçues lors de sa conception. Cette hypothèse du tout génétique est à l'opposé du regard des généticiens qui sont conscients de la pauvreté de cette dotation initiale". Personne mieux qu'Albert Jacquard ne pouvait l'affirmer dans sa préface à l'ouvrage du collectif Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans".

On sait que ce collectif s'est constitué en réaction à un rapport de l'Inserm qui définissait une nouvelle maladie,"le trouble de comportement" et demandait la détection et la surveillance des enfants dès l'âge de trois ans. La pétition lancée par le collectif frôle les 200 000 signatures et reste d'actualité : le projet de loi sur la délinquance juvénile pourrait en reprendre plusieurs points.

L'ouvrage réunit les contributions de spécialistes hostiles au rapport : pédopsychiatres, pédiatres, psychologues, sociologues, spécialistes de la prévention ou de l'éducation. Ils démontent le texte et mettent à nu l'idéologie qui le sous-tend. Ainsi, Pierre Suesser, pédiatre, rappelle que "inciter à dépister "la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme, l'index de moralité affective bas" renvoie à des notions sujettes à caution et inadéquates chez de jeunes enfants. Préconiser d'inscrire à 3 ans dans le carnet de santé "n'a pas de remords, ne change pas sa conduite" conduit à situer les professionnels dans un registre normatif et moral et non plus médical".
Le sociologue Laurent Muchielli porte la contradiction sur la notion même de délinquance. Il explique que des études portant sur des jeunes de Grenoble et Saint-Etienne ont montré que 76% d'entre eux avaient fraudé dans les transports dans les 2 années précédentes, 32% acheté un objet volé, 24% volé dans un grand magasin, 18% dégradé un espace vert. Alors tous malades à surveiller ?

Philippe Meirieu rappelle la "méthode d'observation systématique des enfants" mise au point par Albert Huth, conseiller du gouvernement allemand de 1928 à 1945. Lui aussi appelait à distinguer des catégories physico-morales chez les enfants "pour mieux les éduquer". Il partait du principe selon lequel "il n'est pas possible de faire faire à n'importe quel enfant n'importe quoi". Pour P. Meirieu, "voilà justement l'argument d'autorité implicite dans tous ces travaux et qui les oriente toujours : l'éducation n'est pas un élément significatif dans le développement de l'homme et, en dernier ressort, celle-ci se résume à une opération de tri qui, par ailleurs, permet d'optimiser le fonctionnement économique et social". Le combat contre le rapport de l'Inserm est d'abord celui des enseignants, du moins de ceux qui posent le préalable de l'éducabilité.
Le collectif "Pas de zéro de conduite", Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans !,Paris, érès, 2006, 240 pages.
La pétition
http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org/index[...]
Le livre
http://www.edition-eres.com/resultat.php?Id=[...]
Le rapport de l'Inserm
http://ist.inserm.fr/basisrapports/trouble_c[...]
Rappel : L'analyse du Café
http://www.cafepedagogique.net/expresso/inde[...]





Santé

Ne réveillez pas l'ado qui dort
"La moitié des ados somnole en journée" selon Patrick Levy, Institut du sommeil et de la vigilance. Interrogé par Les Clés de l'Actu, un hebdomadaire destiné aux adolescents, "les tentations de loisirs multiples (jeux interactifs, activité sportive tardive, chats, télé etc.) et très probablement les horaires de cours et le travail scolaire, conduisent les ados à retarder leur heure de coucher et, au final, à se priver de sommeil". Résultat : irritabilité, baisse des performances, 55% de ados somnolent dans la journée au moins une fois par semaine.
http://www.milanpresse.com/magazine,les+cl%c[...]
http://sommeil.univ-lyon1.fr/PROSOM/index.ht[...]

Se vautrer est légitime…
"Avec son côté monté en graine et ses allures de Gaston Lagaffe, le vautré reste sourd au parental principe du "tiens-toi droit" répété par ses autorités exaspérées. Et, il a un peu raison, le Gaston. Car les médecins sont unanimes pour dire que la position assise traditionnelle, comparée à la posture debout ou allongée, s'avère être la moins conforme à sa physiologie". Libération du 12 mai interroge les spécialistes : ils nous révèlent que la position vautrée est une découverte scientifique. "Un angle d'assise à 127 degrés, que les scientifiques de la Nasa ont qualifié de "zéro gravité… permet de supprimer les tensions de la colonne vertébrale, tant au niveau des cervicales que des lombaires". A quand les canapés en classe ?
http://www.liberation.fr/page.php?Article=38[...]

Le cannabis se découvre en seconde
Quel est le profil de l'usager de cannabis ? C'est ce qu'a cherché à définir une équipe de l'Institut de veille sanitaire. Actuellement 18% des garçons de 17 ans et 7% des filles consomment du cannabis au moins 10 fois par mois. L'âge moyen d'initiation au produit est de 15 ans et 4 mois, c'est-à-dire au moment de l'entrée au lycée. Près de 8 personnes sur dix fument de 5 à 7 jours par semaine, près de 1 sur 5 considère comme difficile de passer une journée sans consommer et la moitié fume de 2 à 4 joints par jour en semaine. Pour 14% d'entre eux l'établissement scolaire est un lieu habituel de consommation. Une personne sur sept ressent des troubles de concentration ou de mémoire.
http://www.invs.sante.fr/beh/2005/20/index.h[...]

Drogues : Un guide contre la toxicomanie
"Que sais tu de la toxicomanie ?" demande ce guide publié par le ministère de la justice. Destiné aux parents et aux enseignants il apporte une information légale intéressante et à jour. Mais il n'aidera pas les lecteurs dans d'autres domaines.

On pourra plus utilement lire le guide publié en 2002 par le Desco suite à deux séminaires nationaux ou le guide de prévention réalisé par la MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie). " Il s'agit d'un guide d'intervention, c'est à dire d'un outil orienté vers l'action, conçu pour mettre à votre disposition les éléments concrets susceptibles de vous aider à intervenir dans un milieu particulier, caractérisé par des " règles du jeu " bien spécifiques (le milieu scolaire) sur un thème complexe qui met en jeu de multiples dimensions et conduit à poser un grand nombre de questions éthiques."
http://www.justice.gouv.fr/publicat/guide-qu[...]
http://eduscol.education.fr/D0004/Reperes.pd[...]
http://www.drogues.gouv.fr/fr/pdf/guide_inte[...]



Pour aller plus loin…Face au haschich
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"Nous assistons à un fait culturel nouveau et insidieux. De jeunes adolescents choisissent de prévenir les malaises de leur âge en s'autoprescrivant la molécule de cannabis… Les jeunes captifs de nouveaux idéaux, de nouveaux plaisirs, sont pris dans des réseaux de discours qui leur donnent de nouveaux droits… Pour un certain nombre de jeunes, ce pari conduira à l'impuissance à engager une vie d'adulte". On sait que près de 40% des jeunes garçons sont des consommateurs réguliers de cannabis (enquête OFDT). Pour Gisèle Bastrenta, psychologue clinicienne et analyste, le haschich est d'abord un phénomène culturel qui renvoie à une évolution globale de la société.
"Lorsque des parents, des professeurs affirment que si un jeune consomme, c'est parce qu'il a un malaise et qu'il souffre, ils inversent la problématique.. Cette affirmation indique que le malaise et la souffrance liés à l'adolescence ne sont plus une évidence. L'intolérance à la souffrance est un fait nouveau : on ne supporte plus de voir souffrir les gens qu'on aime. La normalité implique qu'il faille aller bien, les malaises n'ont plus droit de cité. Dans cette optique, l'adolescence est interprétée comme un symptôme à faire taire". C'est pour vouloir oublier que la souffrance est liée à l'état adolescent et à la vie, que notre société prépare la jeunesse à la consommation cannabique.
Aussi que faire dans les établissements ? Certainement pas faire débarquer la police et ses maîtres chiens : pour G. Bastrenta c'est signer l'impuissance de l'institution. Elle plaide pour le rétablissement des liens humains entre adultes dans les établissements et pour une prise en charge ouverte. "Ces actions ne visent pas l'abstinence. Ce serait un leurre que d'y songer. En revanche il est possible de faire entendre, et d'imposer des coupures entre le temps pour travailler et celui de la fête". Il s'agit d'abord d'amener à la vie des ados qui se murent dans un nuage protecteur.
L'ouvrage est accompagné d'entretiens avec les différents acteurs dans les établissements : infirmière, CPE, proviseur, prof, inspecteur etc.
Gisèle Bastrenta, Face au haschich en collège et en lycée, Comprendre, repérer, agir, CRDP de Grenoble, 205 p., 2005.
http://www.ac-grenoble.fr/cddp74/librairie/f[...]




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