Par Patrick Picard
A Paron, les profs en
ont pris pour dix ans !Non contents de s’impliquer dans un
projet annuel, c’est tout un pan de la mémoire collective que les
enseignants du collège de paron (89) ont décidé de faire découvrir à
plusieurs générations d’élèves, en faisant le pari d’un véritable
travail à long terme pour inscrire dans les consciences des futurs
citoyens leur inscription dans l’Histoire et la citoyenneté.Tout a commencé en 2002, est-ce un
hasard… Une petite équipe de profs qui se connaissent bien se lancent
un défi : réaliser dix documentaires sur l’histoire récente de l’Europe
: première guerre mondiale, résistance au nazisme, crimes contre
l’humanité, décolonisation, démocratie espagnole, rideau de fer…
L’ambition est multiple : faire rencontrer aux élèves des historiens,
des témoins, des documents, et les donner à lire en réalisant des films
dont les élèves vont assurer la prise de vue et le montage.
Mais comment réussir
le pari tout en préservant la gratuité ?Parce
qu’il ne veulent pas tomber dans la « sortie scolaire » qui sélectionne
les familles par leurs moyens, les enseignants se mettent à la
recherche de partenaires. Du Conseil Général à la Fédération Nationale
André Maginot, en passant par différents ministères, il faut chaque
année trouver plusieurs dizaines de milliers d’euros pour assurer les
frais : voyages des élèves, interventions des témoins et historiens,
réalisation des DVD…Petit à petit, les enseignants
impliqués se forment, se répartissent les tâches. Le chef
d’établissement prend sa part en prenant les initiatives nécessaires,
et les soutiens arrivent… Des grands noms acceptent de donner leur
caution scientifique au projet, et malgré les incertitudes les premiers
films arrivent à terme. Bien sûr, les contraintes débordent largement
ce qui avait été prévu, et il faut parfois finir la nuit ce qui n’a pu
être monté en temps et en heure…
« Un passage entre
générations »…Il y a quelques jours, ils ont a
nouveau présenté au public leur travail. Certes, la salle n’était pas
bondée, et le jeune public du collège, venu malgré tout voir le travail
des copains, avait du mal à comprendre ce que faisaient là les
sexagénaires venus pour continuer à entretenir la mémoire des années
noires. Mais malgré les choix sans compromis dans la réalisation, les
projections vidéo imposaient progressivement leur force et faisaient
délaisser les téléphones portables. Les images fortes des visites de
collégiens sur les lieux de déportation, la présence de témoins de
l’Histoire imposaient l’attention, sinon le respect. Comme l’expliquent
les enseignants, faire le pari du long terme, de l’exigence, du travail
de longue haleine n’est jamais gagné d’avance. Mais nul doute que les
petites graines plantées ne vont pas manquer de faire des fruits…
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