Nous en avons beaucoup entendu parler en début d'année, suite au séminaire « Du CDI au Learning Centre », et depuis pas grand chose. Les Learning Centres continuent à se développer à l'Université, et il n'y a pas de raison qu'ils ne reviennent pas sur le devant de la scène pour les établissements scolaire du second degré. Voici donc de quoi faire le point sur le sujet.

Le séminaire «Du CDI au Learning Centre»

En mars 2011, à l'ESEN, a eu lieu ce séminaire qui regroupait chefs d'établissement, CPE, profs-docs, IEN... pour mieux cerner le concept de Learning Centre et étudier sa possible adaptation au système scolaire français. Permettre la réussite de l'élève en modifiant les pratiques d'enseignement et de médiation dans l'enseignement secondaire... Quelle ambition ! La lettre de TIC'Edu documentation n°27 reprend largement l'événement (programme, compte-rendu du séminaire, vidéo des différentes interventions et veille sur le sujet). Mais pour mieux comprendre ce séminaire, on peut également se reporter aux comptes rendus réalisés par les équipes qui ont assisté à ces tables rondes, conférences et autres ateliers...

Des voix qui s'élèvent...

Au Café Pédagogique, nous nous étions aussi penchés sur le sujet et l'avions mis à la Une du mensuel documentation de février 2011. Cette Une présentait le concept, proposait une lecture sur l'évolution des bibliothèques vers les Learning Centres et se concluait par l'avis critique de Jean-Pierre Guéguen, paru sur le site des Trois Couronnes. En effet, dès janvier 2011, sur fond d'écriture et de ré-écriture de la circulaire de missions des profs docs, Jean-Pierre Guéguen dénonçait ces Learning Centres et leur principale conséquence : le glissement de la fonction de prof doc vers celle de chef de travaux. Depuis, un nouvel article est paru sur le blog des trois Couronnes, Silvia Ham y est, elle aussi, critique envers les Learning Centres « façon enseignement secondaire ». Elle affirme qu'il est impossible d'adapter le Learning Centre à notre système scolaire si l'on ne pense pas aux moyens supplémentaires qui seront nécessaires. Or actuellement, ce n'est pas vraiment le discours qui est de rigueur. Sans ces moyens humains et financiers, le CDI ne peut pas devenir Learning Centre... sauf si l'on ne retient du concept que l'amplitude d'ouverture du lieu et la polyvalence de ses personnels...Comme le dit Silvia Ham, « Les CDI sont déjà des lieux d’apprentissage et de socialisation, ils sont aussi des lieux de culture, où se côtoient l’imprimé et le numérique, et n’ont rien à apprendre des learning centres. »

Avis très critique de la FADBEN

La FADBEN s'était elle aussi intéressée au sujet, bien évidemment. Dans un article, paru avant que le séminaire ait lieu, elle s'était inquiétée des nécessaires «remaniements d’ampleur, à la fois structurel et statutaire qui ont de quoi inquiéter la profession ». Elle s'était aussi interrogée sur l'adaptabilité du modèle anglo-saxon à notre système scolaire français, et l'adaptabilité d'un modèle de bibliothèque à nos CDI. Enfin, elle mettait en avant une modification radicale de nos missions (tâches essentiellement techniques, prestations de services aux enseignants de discipline, moins d'actions d'enseignement, d'accompagnements des élèves...). Bref son avis tirait sur le négatif. Mais ce n'est pas seulement notre métier qui serait touché, il faudrait aussi repenser entièrement notre système scolaire...Alors, là, il y a du boulot ! Dans un second article, paru après le séminaire cette fois-ci, la FADBEN y allait de son analyse critique du modèle : accès aux ressources et services dans et hors de l'établissement (comment se débrouilleront les élèves non équipés chez eux ?), accent mis sur le travail autonome (que fait-on avec les élèves insuffisamment autonomes ?), nécessité de redéfinir les missions des personnels de l'établissement, questionnement sur les raisons cachées (économiques...) de cette évolution, apprentissages centrés sur la maîtrise des outils et non pas sur la culture informationnelle... Rien de bon dans les Learning Centres dixit la FADBEN.