Le sac de plage 2011 : Le plan sciences 

Par François Jarraud


   

Présenté le 31 janvier, le Plan sciences de Luc Chatel catalogue les bonnes intentions au risque de laisser passer parfois des "Robienneries", parfois aussi des idées intéressantes. Beaucoup de bruit pour pas grand chose ?


Une nouvelle ambition pour les sciences et les technologies à l'Ecole". Le "plan sciences et technologies" de Luc Chatel a effectivement des ambitions. Il s'agit rien de moins que lutter contre l'innumérisme, relever le niveau en maths et sciences dès le primaire, susciter le goût des sciences au collège et encourager les vocations scientifiques au lycée, particulièrement chez les filles. Voilà de sacrés objectifs pour un ministère dont les moyens seront fortement réduits à la rentrée, y compris en temps de formation et postes d'enseignants.


Les concours de professeurs des écoles comprendront à l'avenir une épreuve écrite obligatoire de maths et sciences expérimentales visant "la maitrise des savoirs disciplinaires" et une séquence d'enseignement lors de l'épreuve d'admission. Par ailleurs , le ministre promet des formations pour les professeurs en poste et la publication de progressions types et d'un guide de sélection de jeux scientifiques.


A l'école primaire, le ministre annonce " un enseignement renouvelé des fondamentaux". Il faut "réaffirmer l’importance de l’apprentissage par coeur des opérations élémentaires de calcul : réciter les tables de multiplication et d’addition, automatismes de raisonnement, installer la pratique quotidienne du calcul mental à l’école, dans toutes les classes". Là dessus  le ministre s'appuie sur les programmes de 2008, pourtant fortement critiqués par les didacticiens spécialistes de l'enseignement des maths. Quant à "l'instauration" d'un temps quotidien de calcul mental, on est là aussi dans une posture à la Robien, puisque cet enseignement a toujours été pratiqué.  On reste dans la traditionnel avec une autre mesure phare, le déploiement de 100 inspecteurs correspondants départementaux pour les maths et 100 autres pour les sciences.


Au collège, l'enseignement intégré des sciences et de la technologie (EIST) sera étendu à 400 collèges CLAIR qui bénéficieront d'n DVD pour "favoriser la prise en compte des spécificités" de l'EIST. Ils auront aussi un "professeur référent" sciences et technologies. Surtout le ministre compte sur des partenariats avec des entreprises pour susciter le goût des sciences. " Dans le cadre du plan sciences et technologies à l’École, chaque collège est invité à construire et développer un projet collectif de sciences et technologies à partir d’expériences réussies. Les projets collectifs, transversaux et pluridisciplinaires, permettent aux élèves de développer leur sens de l’initiative et leur goût pour le travail en équipe... Ils reposent sur un partenariat avec les acteurs du monde scientifique et technologique : laboratoires,organismes de recherches, entreprises, musées, associations, etc.". En fait le ministre promeut les dispositifs "Course en cours" avec Dassault et Renault, ou C Genial avec d'autres entreprises.


Au lycée, c'est l'UIMM et les entreprises de C Genial qui seront aussi chargées de mobiliser les enseignants en les invitant à séjourner en entreprise. Ils pourront aussi compter sur le site spécifique créé sur Onisep. Enfin d es associations aideront les filles à s'engager dans les carrières scientifiques. Il est vrai que si les enseignants comptent sur la formation continue...

Dossier de presse

http://www.education.gouv.fr/cid54824/une-nouvelle-ambition-pour[...]  

Dossier calcul primaire

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/maths06_index.aspx  

Interview L CHatel

http://www.lejdd.fr/Societe/Education/Actualite/Luc-Chatel-dev[...]  

L'EIST sur Eduscol

http://www.eduscol.education.fr/cid53762/universite-de-printemp[...]  

Sur l'EIST

http://44.svt.free.fr/jpg/eist.htm  

Sur l'EIST

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2010/indis2011_[...]



Enseignement intégré des sciences en 6ème

Une circulaire invite toutes les classes de 6ème à mettre en place l'enseignement intégré des sciences. "La présente circulaire a pour objectif de préciser les orientations pour la mise en œuvre de l'EIST en classe de sixième et d'accompagner les établissements et les équipes pédagogiques qui souhaitent s'y engager". L'EIST est un enseignement intégré de physique-chimie, de sciences de la vie et de la Terre, et de technologie. Il nécessite la mise en place d'équipes pédagogiques réunissant au moins un professeur de chacune de ces disciplines. Cet enseignement est dispensé en groupe de 20 élèves au maximum, au besoin en formant 3 groupes à partir de 2 classes. Chaque professeur prend en charge la totalité de l'enseignement pour un groupe sur l'année scolaire. L'horaire de l'EIST se substitue à l'horaire d'enseignement de sciences de la vie et de la Terre (1,5 h) et de technologie (1,5 h), majoré de 0,5 h. Chaque élève bénéficie donc de 3,5 heures d'enseignement de science et technologie par semaine.

La circulaire

http://www.education.gouv.fr/cid56640/mene1115481c.html


Le ministère signe une convention avec Universciences

L'accord signé par Universciences et leministère met en valeur les productions d'Universciences vers la communauté éducative et annonce de nouvelles ressources pour la classe. Notamment une web TV éducative et un "espace éduc" avec une application de TD électroniques.


La convention signée le 31 janvier entre Universciences, une structure qui réunit la Cité de la Villette et le Palais de la Découverte, vise à produire des ressources éducatives prévues dans le plan sciences. Elle prévoit qu'Universciences développe un portail éducation "qui mutualise l'ensemble des ressources disponibles en ligne" et mette en ligne "une web TV "universciences TV" qui propose des productions audiovisiuelles scientifiques et culturelles hebdomadaires accessibles en vidéo à la demande".


L'accord prévoit également le développement de ressources pour l'éducation au développement durable et un espace de travail collaboratif en ligne "doté d'une application innovante de création de travaux dirigés électroniques" (espace "mon espace éduc".

Universciences éducation

http://www.universcience.fr/fr/education


Deux études de la DEPP confirment les difficultés en sciences des élèves français

"Environ un quart des élèves ont des performances indiquant une maîtrise satisfaisante des connaissances et compétences attendues en fin d’école primaire. À l’opposé, 15 % sont en difficulté", souligne une étude d ela Depp appuyée sur l'enquête CEDRE menée par la DEPP (direction de l'évaluation du ministère). "Entre les deux, 60 % des élèves se divisent en deux groupes égaux. Les moins performants répondent aux questions incluant des consignes simples qui leur permettent d’effectuer des correspondances terme à terme ; les autres atteignent un premier niveau de conceptualisation et peuvent exploiter des données organisées".


Au collège, " environ 85 % des élèves savent extraire des informations de documents habituellement utilisés en classe (tableaux, graphiques, croquis) et un peu plus de la moitié des élèves sait exploiter et traiter ces données. 10 % des élèves se montrent très compétents dans les différentes étapes de la démarche scientifique alors que 15 % des élèves ne maîtrisent aucune de ces étapes".

Primaire

http://media.education.gouv.fr/file/2011/82/3/DEPP-NI-2011-0[...]  

Collège

http://media.education.gouv.fr/file/2011/82/5/DEPP-NI-201[...]  




Chatel lance son plan numérique


"L'avenir de l'école ne s'écrit pas à la craie". C'est par cette belle formule que Luc Chatel a présenté le 25 novembre 2010 un "plan de développement des usages numériques à l'Ecole" qui veut agir à la fois sur la formation, la gestion des équipements, la production de ressources et la formation des élèves.


Pour Luc Chatel, il s'agit d'une "formidable opportunité d'élargir la possibilité d'enseigner et d'améliorer la personnalisation et le suivi des élèves". Rappelant le rapport Fourgous, il a mis l'accent sur la nécessité de "changer de braquet" sur le terrain du numérique à la fois pour des raisons économiques  et éducative. Le ministre a cité l'étude de R.J. Marzano sur l'efficacité du TBI. Le plan numérique s'articule en 5 parties d'importance inégale.


L'apport le plus important est peut-être les accords promis avec les collectivités locales. Luc Chatel a promis la signature d'une convention avec l'Association des départements de France (ADF), le 9 décembre. Un autre accord est prévu avec l'Association des régions de France. Ils devraient régler la question de la maintenance des équipements qui sera officiellement à la charge des collectivités locales. Cet effort important des régions et des départements va débloquer une situation où faute d'un partage des rôles le soutien technique sur le terrain était fort variable d'un lieu à un autre. Luc Chatel a annoncé que les académies devront proposer début 2011 un projet numérique en lien avec les collectivités locales. " Les dossiers présentés par les académies et les collectivités devront couvrir les grands domaines suivants, qui seront précisés dans un cahier des charges accompagnant le lancement de cet appel à projet : les infrastructures ; les services numériques ; les équipements ;  la maintenance ; les ressources numériques ; la formation des enseignants ;  l’accompagnement et le pilotage du projet", précise le dossier de presse ministériel. Mais à la fin de l'année scolaire 2010-2011, les fameux accords étaient encore attendus...


Un effort de formation est également annoncé. Un enseignant "référent pour les usages pédagogiques numériques" sera désigné dans chaque collège et lycée. Il devra accompagner les enseignants de l'établissement dans les usages des TICE et aider au pilotage TICE de l'établissement. Il recevra une indemnité. Interrogé par le Café, Luc Chatel n'a rien dit de précis sur cette indemnité. Rappelons qu'un décret du 8 septembre 2010 a prévu une indemnité pour "l'exercice des fonctions de référent pour les usages pédagogiques numériques". Un arrêté publié au même Journal officiel du 9 septembre fixe un taux de base de 400 € et un taux plafond de 2400 €. Pour le ministre il est clair que ce sont sur ces référents que pésera l'essentiel de la formation dans le secondaire. Dans le primaire ce sera sur les animateurs TICE, là où ils existeront encore... Il sera aussi fait appel à la formation en ligne. Les nouveaux enseignants devront valider le Certificat informatique et internet niveau 2 à partir de 2012.


Les ressources numériques. Le plan numérique veut "faciliter l'accès aux ressources".  Pour cela le ministère a imaginé un dispositif qui s'inspire visiblement du plan Ecole numérique rurale (ENR). D'un coté les établissements retenu dans le cadre de l'appel à projet recevront un "chèque ressources numériques" d'un montant variant entre 500 et 2500 € leur permettant d'acheter des ressources numériques pédagogiques. Ces commandes seront faites sur un portail national de ressources numériques pédagogiques  construit " en liaison avec le secteur de l’édition scolaire et multimédia". Le ministre semble vouloir aller plus loin encore et il veut " faire évoluer l’organisation des contenus éducatifs" et notamment " dans leur approche économique". Une allusion à Sesamath, dans son discours, montre que Luc Chatel veut privilégier des ressources "libres" qu'il assimile peut-être à "gratuites". En même temps il annonce que l'Etat veut  "accélérer les capacités des industriels" du secteur. Dans le cadre du grand emprunt un appel à projets sera lancé début 2011. Luc Chatel n'a pas précisé le montant du financement de cet appel.


Les ENT. Le ministre veut généraliser les ENT, sans fixer, comme ses prédécesseurs, une date butoir. Il maintient par contre la généralisation du cahier de textes numérique à la rentrée 2011, ce qui suppose que les collectivités locales aient les moyens de le faire.


Le B2i "révisé". Le ministre a annoncé une redéfinition du B2i qui, de l'école au lycée, est censé attester d'une formation aux TIC. " Devant la montée en puissance des réseaux sociaux et l’importance croissante des usages inappropriés de ces outils, il est aujourd’hui nécessaire de réviser le B2i et de renforcer les compétences que les élèves doivent travailler et acquérir dans tous ces domaines". Le CNDP accompagnera cette démarche  en ouvrant début 2011 un portail "internet responsable".


Quel financement ? Luc Chatel a reconnu qu'il n'avait pas obtenu de financement supplémentaire. Le plan numérique est financé par un redéploiement interne au budget de l'éducation nationale à hauteur de 60 millions sur trois ans. L'essentiel de cette somme ira aux chèques ressources. Le ministère prévoit de leur consacrer 8 millions la première année, 15 la seconde et 23 la troisième. Il restera peu de moyens pour la formation. Au total l'effort de l'Etat se situe à hauteur de celui du plan ENR (50 millions). Ce sont les collectivités locales qui apporteront l'essentiel des moyens du "plan Chatel"... Malgré cette modestie nous reconnaitrons au plan Chatel deux mérites. Le premier c'est de chercher à trouver une issue durable à la question du partage des rôles entre Etat et collectivités locales, une question qui empoisonnait l'atmosphère depuis longtemps. Même si la coordination entre les efforts de l'Etat et les investissements des collectivités s'annonce difficile, la question est abordée sainement sous l'angle du partenariat. Le second c'est d'avoir parlé du numérique en termes positifs, de le présenter comme une amélioration du système éducatif et de publier un argumentaire, largement inspiré du rapport Fourgous, en ce sens. Le grand plan numérique est un pas sur la bonne voie.

Le plan numérique

http://www.education.gouv.fr/cid54064/plan-de-developpement-des-[...]  

Le décret du 8 septembre 2010

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEX[...]  

L'arrêté du 8 septembre 2010

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT0000[...]  



Sur le site du Café
Par fjarraud , le jeudi 07 juillet 2011.

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