Le sac de plage 2011 : Lectures d'été 

La sélection de lectures du Café.


Réussir ses premiers cours... et les suivants


Comment faire cours au quotidien ? Comment obtenir la discipline en classe ? Evaluer efficacement ? Organiser son travail ? L'ouvrage "Réussir ses premiers cours" n'est pas un "kit de survie" qui vous dit ce qu'il faut faire à tout moment. C'est un compagnon qui vous offre 240 pages de conseils pratiques et les moyens de les dépasser. Pour son auteur, Jean-Michel Zakhartchouk, un enseignant très expérimenté et inventif, cet ouvrage est un appui pour penser et construire sa pratique. Parce que les professeurs en apprennent tous les jours, ce véritable guide du professeur débutant aidera également les enseignants chevronnés. Edité par ESF avec le Café pédagogique, il s'adresse prioritairement aux enseignants du secondaire. Mais nous le recommandons chaudement à tous nos lecteurs.



Le livre est très riche en exemples, en cas concrets. Il est sans doute le fruit de toute une carrière d'enseignant. S'adresse t il aux seuls nouveaux enseignants ? Est-il lié au fait que la formation professionnelle des enseignants a été largement amputée ?


On aurait pu compléter le titre : « Réussir ses premiers cours …et les suivants ». Il ne s’agit nullement du soi-disant kit de survie qui permettrait de « s’en sortir » pour qu’ensuite s’installent les routines. J’avais écrit précédemment un ouvrage « enseigner, un métier à réinventer » et d’une certaine façon, notre métier est à réinventer tous les jours. Donc, le livre s’adresse à tous ceux qui pensent qu’on ne fera pas que « reproduire » un modèle …jusqu’à la retraite. Précisons aussi que ce que je propose n’est pas seulement le fruit de mon expérience d’enseignant, mais aussi de celle de formateur et de militant des  Cahiers pédagogiques, qui à ce double titre a pu recueillir des idées, des suggestions issues de multiples pratiques un peu partout depuis de longues années. J’écris ceci au moment où, hélas, la formation continue est détruite et où d’ailleurs à titre personnel, dans mon académie d’Amiens, on m’enlève les quelques heures de décharge de service qui m’étaient accordées pour cette formation depuis plus de 25  ans…


Vous dites que "dans le domaine de l'éducation les solutions simples fonctionnent rarement". Peut-on dans un ouvrage de 230 pages apporter une véritable formation professionnelle ?


Bien sûr que non, la formation ne peut se contenter d’écrits, qu’ils soient sous forme papier ou sous forme numérique. Ce qui est passionnant en formation, c’est de reprendre collectivement des outils, voir ensemble ce qui est faisable, ce qui n’est faisable que sous certaines conditions, les risques de dérive, etc. Un livre peut donner des idées, formaliser, mettre de la distance, contextualiser, mais il ne remplacera jamais ce qu’on appelle d’un mot curieux le « présentiel ». Qui permet notamment de faire émerger la complexité et d’éloigner le prêt-à-penser des solutions « simples et pratiques ».


Le ministère a ouvert récemment un site officiel sur "la tenue de classe". Et il est vrai que la discipline dans la classe est une chose importante pour les progrès des  élèves. Où est le "plus" du livre sur ce sujet ?


Je déteste l’expression « tenue de classe » qui laisse entendre qu’il y a un préalable : d’abord tenir, ensuite faire travailler et apprendre. Or, je pense que bien souvent, c’est une impasse. J’ai essayé de montrer que la meilleure façon de gérer une classe est d’organiser le travail, de manière rigoureuse, sans s’épuiser dans la création d’un rapport de forces où on risque d’être perdant. Le désordre dans la classe, le manque de concentration, le bruit, ce sont bien entendu des obstacles majeurs aux apprentissages, et en particulier à l’innovation, puisqu’on est alors tenté de faire encore plus de magistral et d’exercices mécaniques pour avoir la paix en classe. Mais le problème n’est pas que les élèves restent debout au début du cours, ça ne pose aucun problème et me parait un rituel plutôt utile. La question est : « que se passe-t-il quand ils sont assis ? »  Ce que j’essaie de faire dans ce livre, c’est de lier les questions de discipline à l’apprentissage, à l’acquisition de compétences, alors que trop souvent, en particulier avec la notion de « tenue de classe », on les sépare…


Tout un chapitre est consacré au travail à la maison. Vous dites que "les devoirs peuvent être des outils pour la réussite de tous" à condition de "les bien penser". Le devoir à la maison est pourtant une pratique reine dans l'éducation. Pourquoi ces réticences ?


Je crois qu’il ne faut pas s’enfermer dans un débat théologique pour ou contre les devoirs à la maison.  Une vraie réflexion doit être menée sur le sujet qui amène à distinguer différentes fonctions du travail hors la classe (expression plus appropriée d’ailleurs) : s’agit-il de recherches préalables à un apprentissage, de recherches complémentaires, d’application, de prolongements, de création personnelle ? Tout cela doit être relié à l’acquisition de compétences de façon organisée. Trop souvent, les élèves ne perçoivent pas le sens de ce travail, de ce qu’ils ont à mémoriser, des exercices à faire. Etant un des responsables d’une association d’aide aux devoirs locale, à Creil, je me rends compte de l’importance de susciter une réflexion parmi mes collègues sur le sens de ce travail qui est demandé aux élèves. Un aspect important me parait être de laisser la possibilité aux élèves de reprendre un devoir plus ou moins raté. Dans ma matière, le français, on ne leur permet pas assez de reprendre un écrit, plusieurs fois ou de recommencer un questionnaire de lecture après la séance collective en classe.


Enfin, je dirais que les jeunes enseignants qui sont en zone difficile ne doivent pas « renoncer » trop vite. Un bon moyen d’avoir la paix sociale est de ne pas donner de travail hors la classe ; or, je pense  que cela renforce l’idée que l’école serait le seul lieu où on apprend. Il est important de réactiver les savoirs hors de la classe, mais cela veut dire aussi beaucoup d’énergie à dépenser et une organisation rigoureuse de l’aide


Vous abordez la question du travail en équipe dont vous dites qu'il y a "un écart entre le discours officiel et la réalité du métier". Comment un enseignant débutant peut il être épaulé par les anciens ?


En réalité, depuis une dizaine d’années, le discours vantant le travail en équipe s’est fait plus rare. Et aujourd’hui, il semble se réduire à ce tutorat anciens-nouveaux qui me parait très réducteur. L’expérience ne doit pas être confondue avec l’expertise ; bien des enseignants dits « chevronnés » en ont beaucoup moins que certains jeunes qui, très vite, acquièrent de la maîtrise et surtout deviennent ces praticiens réflexifs dont parle Perrenoud, et peuvent alors aider efficacement d’autres collègues. Je vois très bien cela dans mon collège, en zone très défavorisée, où il y a beaucoup de jeunes ; certains m’épatent par leurs compétences organisationnelles par exemple. Les conseils d’anciens, et je le montre tout le long du livre, peuvent avoir en revanche des aspects négatifs et conservateurs lorsqu’ils découragent d’innover ou développent un scepticisme caricatural de fonctionnaires fatigués. Le travail d’équipe, on le sait, est indispensable, mais doit reposer sur des valeurs communes et sur l’idée de départ que personne n’a « la » solution, qu’il n’y a pas d’un côté les vieux sages et de l’autre des jeunes naïfs qui devraient abandonner leurs illusions…


Vous dites que mener de projets est une des façons les plus gratifiantes de faire son métier. Est-ce possible pour un débutant ? Et dans le contexte des programmes actuels ?


 Oui, bien sûr, c’est possible. Je regrette très profondément la disparition de dispositifs comme les Itinéraires de découverte, j’enrage que l’ interdisciplinarité ne soit pas encouragée vraiment (par exemple pour prendre au sérieux l’éducation au développement durable), mais je m’appuie sur le socle commun et tout ce qui est énoncé dans le pilier 7 pour opposer à une logique très réductrice, où les programmes seraient des catalogues de notions une autre logique où il s’agit aussi de valider des attitudes intellectuelles telles que : mener un projet jusqu’au bout, savoir faire preuve de persévérance, savoir coopérer, écouter les autres, etc.

Mener un projet, même modeste, c’est bien ce qui donne du piment au cours, ce qui peut créer d’autres relations avec les élèves, c’est aussi réveiller chez eux des compétences « dormantes ».C’est une occasion de plaisir partagé, et ce mot « plaisir », il faut le réhabiliter et le revendiquer, contre l’image d’un savoir austère qui multiplie les préalables à toute création. Le projet, c’est une des réponses à l’appel à la créativité qu’on a récemment entendu dans les journées de l’innovation du Ministère. Mais il faudrait davantage d’appui à ces projets, y compris dans l’organisation des services et des emplois du temps, y compris dans l’évaluation finale du collège.


L'ouvrage ne s'arrête pas à des conseils sur les rapports entre enseignants et élèves mais il aborde aussi les relatons avec les parents et l'environnement professionnel. Pourquoi cela aussi est important pour l'enseignant ?


Je m’élève totalement contre l’idée d’une école « sanctuaire », qui est suicidaire pour les établissements en zone difficile. Dès les débuts dans le métier, il faut chercher à travailler avec d’autres.


Les parents sont plus que des partenaires, un rôle bien plus important doit leur être donné, et par exemple un livret de compétences s’il est autre chose qu’un pensum bureaucratique peut  contribuer à plus d’information sur ce qui est appris à l’école. Je propose des pistes très concrètes pour  améliorer les relations familles-école. Les enseignants doivent être capable, en professionnels qu’ils sont, de donner de véritables conseils méthodologiques aux parents, autre chose que de vagues « il faut qu’il travaille plus, qu’il apprenne mieux ses leçons »…

Concernant le monde professionnel, je crois qu’il faut se garder des dérives opposées : coupure et méfiance d’un côté, instrumentalisation de l’école de l’autre. Beaucoup de choses intéressantes ont été faites en troisième de découverte professionnelle, qui pourrait être étendues à d’autres classes, et ce qui a trait au « parcours des métiers » doit être développé. Un point m’intéresse particulièrement, c’est la mise en relation des compétences travaillées à l’école et celles qui seront à mobiliser dans la vie, dont le métier est une des composantes. Et on s’apercevra alors de l’importance de savoir s’exprimer à l’oral en tenant compte du destinataire, de savoir travailler avec d’autres, sans avoir des affinités particulières ou encore de savoir argumenter, y compris pour défendre ses droits. Rien ne m’irrite plus que la diabolisation du monde professionnel, comme si d’ailleurs celui de l’Ecole était tellement plus juste et égalitaire. Là encore, vive la complexité !


Deux chapitres sont consacrés au métier d'enseignant. Finalement quelle image du métier défendez-vous ? Enseignant est ce encore le plus beau métier du monde ?


 En fait, il y a plein de métiers qui sont les plus beaux du monde. J’ai coutume de dire à mes élèves que je leur souhaite de faire comme moi plus tard, c’est—à-dire pratiquer un métier que l’on aime. JP Obin, dans un rapport dont on a hélas bien peu tenu compte, avait développé l’idée que l’enseignant exerçait un métier de cadre, à opposer à un rôle d’exécutant qui ne fait qu’appliquer des consignes venues d’en haut.


Je crois à une dialectique qui fait qu’on doit être à la fois un professionnel, un créateur, mais aussi un fonctionnaire qui a des comptes à rendre à la collectivité (ce qui n’est pas la même chose que « l’Etat »). Si une des dimensions est oubliée, on a l’oubli de l’importance de l’affectif et du relationnel ou la liberté pédagogique érigée en absolu, ou encore l’éloge d’un feeling qui ne remplacera jamais la rigueur du « pro ». J’aime reprendre l’expression ancienne de Daniel Hameline pour qui les enseignants sont  ou doivent être à la fois des saltimbanques et des géomètres.


Au fond, je suis enclin à aimer particulièrement ce métier lorsqu’il est attaqué et dénigré, mais je peux aussi porter un regard moins bienveillant sur mes collègues quand ils se prennent pour des victimes ou quand ils défendent inconditionnellement ce qui est parfois indéfendable. Mais l’aventure de l’apprentissage et de l’apprentissage du monde de demain est un défi qui me passionne toujours autant, et si ce que j’ai pu capitaliser durant mes années de pratiques peut être d’une façon ou d’une autre transmis, mutualisé, alors je serais heureux d’avoir fait ce livre.


Dans quelques semaines une nouvelle génération d'enseignants va arriver devant les élèves. Quels conseils peut-on leur donner ?


Je regrette bien entendu qu’ils ne disposent pas de temps pour réfléchir à leurs pratiques et que durant l’année ils ne puissent se retrouver fréquemment pour en parler entre eux, en dehors de leur établissement. SI je devais retenir une idée force parmi les multiples « conseils » (ou suggestions, j’aime mieux) qui jalonnent tout le livre, ce serait : ne croyez pas que votre mission s’arrête au fait de « bien enseigner », car ce qui compte, c’est ce que les élèves auront appris. Si on a cette optique, cela change tout et bien des débats sur savoir si on a « fait » telle ou telle notion sont dérisoires, l’important est ce qui sera retenu, non pour l’interro immédiate, mais à plus long terme.  Et là, on est dans une logique de mobilisation des compétences qui est un des points forts du livre.


Et puis se méfier de tout ce qui serait trop simple, du « bon sens », des observations trop rapides (« ils ne savent rien »). D’ailleurs, si on ne sait pas toujours bien ce qu’il faut faire, on sait qu’il y a un certain nombre de pratiques qu’il faut proscrire. Et si on en croit des études récentes, ne pas oublier que le facteur décisif de la réussite pour les élèves est d’avoir une certaine estime de soi et une confiance dans ses capacités. Probablement que cela s’applique aussi aux enseignants.


Et puis un dernier conseil : il ne faut pas se contenter d’écouter des collègues grincheux ou nostalgiques d’un passé mythique, revenus de tout sans y être jamais allés comme dirait Meirieu  (le mieux est de ne pas les écouter du tout !); il faut se documenter, échanger, se tenir au courant des innovations, des recherches en lisant revues et sites pédagogiques (et bien sûr le Café), car il faut allier là encore la créativité personnelle, ce qui vient de sa personnalité et la construction collective, où on apprend des autres…


Jean-Michel Zakhartchouk


Jean-Michel Zakhartchouk, Réussir ses premiers cours, ESF Café pédagogique, Paris, 2011, 240 pages.



Et puis aussi...



L'essentiel du prof d'école 

"L’essentiel du prof d’école", publié par Didier et L’Etudiant sous la plume conjointe d’Elsa Bouteville et Benoit Falaize, prend délibérément quelques partis-pris qui en font une ressource utile.


La complexité du métier est souvent présente, comme en témoigne le plan de l’ouvrage : enseigner dans une école, c’est à la fois établir des relations humaines, transmettre des savoirs et travailler dans une institution. Une dimension spécifique du premier degré, la polyvalence, est sans doute assez rapidement abordée, les auteurs préférant développer les réponses aux questions sur l’autorité, la pédagogie, l’évaluation en y apportant leur propre cohérence.


Le chapitre sur les savoirs et les apprentissages est à la fois solide est concis, ce qui est une gageure. Notons d’ailleurs que les références bibliographiques et les auteurs cités en fin de chaque chapitre sont très cohérents, allant à l’essentiel.

Lisez l'analyse complète de cet ouvrage

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/primaire/[...]


L'école numérique devant un seuil critique ?

Comment l'institution pense-t-elle l'école numérique ? La dernière livraison de la revue de l'AFAE (association française des administrateurs de l'éducation) propose une vision précise et nuancée, qui n'oublie pas les difficultés. Parce que la culture numérique semble condamner aussi l'institution au changement...


Le numérique peut-il changer l'école ? Il est en train de le faire, répond l'inspecteur général Alain-Marie Bassy. Tout en reconnaissant que "l'intrusion du numérique s'effectue au forceps", il n'en minimise pas l'impact. "Le numérique impose à l'ensemble de la communauté scolaire la substitution d'une logique à une autre... S'impose désormais une révolution dans l'espace des savoirs et de leur transmission : une logique d'horizontalité se substitue à la verticalité d'un savoir hierarchisé". Ces changements affecteront lepilotage annonce-t-il. L'établissement scolaire a une place centrale. C'est lui qui devra définir une stratégie numérique selon AM Bassy. Mais combien en sont vraiment capables ?


Pour Bruno Devauchelle, formateur Cepec, "passer de l'appropriation personnelle à l'appropriation professionnelle des TIC semble être un des problèmes essentiels du monde scolaire".  C'est qu'on assiste selon lui à un basculement d el'usage hors classe à l'usage en classe.  Mais ce développement se fait avec celui des ENT ce qui interroge l'autonomie et la liberté des enseignants. "Accompagner sans imposer" semble être la bonne voie mais on retrouve là aussi une rupture de culture institutionnelle...


Le numérique contre les profs ? Alain Chaptal amène dans la discussion sa grande expérience des TIC dans les pays anglo-saxons. Pour lui si la France a un retard c'est plus dans les équipements que sur le terrain pédagogique. En Angleterre comme aux Etats-Unis, les TIC sont d'abord le support des tests et de tous les indicateurs qui pilotent le système. Autrement dit, leur développement s'accompagne de l'aliénation du travail enseignant. UNe évolution qui fait réfléchir et qui montre aussi bien que l'institution est menacée par l'horizontalité du net qu'elle sait se l'approprier pour se renforcer et accentuer la verticalité.

L'école à l'heure du numérique; Administration et éducation, revue de l'AFAE,n°1 2011.

Le sommaire

http://www.afae.fr/IMG/pdf/AFAE129-_sommaire.pdf  



Comment apprennent les élèves ?

Peut-on résumer une question aussi complexe en 180 pages ? L'AFAE vient de le réussir avec la publication du nouveau numéro de sa revue "Administration et éducation" (n°2010-2).


Dans un espace aussi réduit, l'Afae a su réunir des approches variées et d'excellents auteurs. Ainsi il faut lire Jean-Marc Monteil pour comprendre le poids du contexte sur  les apprentissages. Là où les enseignants sont enclins à parler de dons ou de travail, il met en évidence l'importance du vécu scolaire de l'élève et aussi du contexte dans lequel il apprend. "Les performances ne se réaliseraient probablement pas au mépris de l'histoire scolaire de ceux qui les accomplissent". Après ce premier article réellement éclairant, la revue aborde son objet sous un autre angle. C'est Olivier Houdé qui présente le développement cognitif du cerveau et montre l'importance des inhibitions dans l'apprentissage. C'est le modèle de l'escalier (de Piaget) qui est remis en question. "Se développer c'est non seulement construire et activer des stratégies cognitives nouvelles, comme le pensait Piaget, mais c'est aussi apprendre à inhiber des stratégies qui entrent en compétition dans le cerveau… Ce qui peut faire défaut à un élève ce n'est pas seulement une notion mais l'incapacité d'inhiber une autre notion déclenchée par un élément trompeur".  Puis c'est Gaëtane Chapelle qui apporte à son tour un nouvel éclairage en évoquant le lien entre inégalités sociales et inégalités d'apprentissage, notamment le poids de l'implicite. Face à cette question elle ouvre des pistes : réduire le fossé à grand coup d'enseignement explicite, ou augmenter les ressources des élèves en leur apprenant à gérer leur attention ou encore avoir une politique qui retarde le moment de la compétition. Sylvie Cadolle aborde la question du travail hors la clase et de son importance comme révélateur des difficultés de l'élève. Rien qu'aces ces artickes, que de portes ouvertes !


Mais la revue nous offre encore un autre angle de vue en proposant une table ronde sur les différences d'apprentissage selon les disciplines. Ce qui amène Roger François Gauthier à évoquer les méthodes et à leur apprentissage laissé au gré du hasard. Enfin toute une partie dela revue est dédiés aux TIC. Jonas Erin, Michel Mazaudier et Frédéric Thollon montrent que les TIC interrogent le cœur même des disciplines. Par exemple,en sciences physiques elles permettent de représenter des concepts abstraits par exemple en résolvant de façon interactive des problèmes par la simulation. L'impact des TIC n'est pas à chercher seulement dans l'organisation de l'Ecole il est aussi dans son efficacité. Florian Grenier montre l'apport des serious games aux apprentissages de base comme organiser son travail par exemple.


Bien d 'autres aspects encore sont à découvrir dans ce petit livre. C'est dire à quel point il est stimulant et éclairant. Car ce large panorama invite les enseignants à aller voir plus loin, à entrer plus avant dans telle ou telle  réflexion. On ne peut que les inviter à découvrir cet ouvrage qui nous a vraiment emballé. 

Administration et éducation, 2010 n°2, Comment apprennent les élèves ?

Le sommaire

http://www.afae.fr/spip.php?rubrique4


Un outil pour les profs principaux

Un ouvrage regroupe des fiches et des pratiques pour aider les professeurs principaux de collège et de lycée dans leurs actions.


S'il est un "métier" devenu difficile au sein de l'éducation nationale, c'est bien celui de professeur principal. Alors que les élèves ont davantage besoin de référent et d'uen coordination des enseignements, l'Education nationale n'a eu de cesse d'exiger chaque année davantage des professeurs principaux tout en ne reconnaissant ni financièrement ni administrativement leur rôle. Cette fonction est devenue en quelques année sun nouveau métier qui exige de l'enseignant de nouvelles capacités aussi bien dans l'écoute de l'élève, l'animation du groupe classe, la communication avec les enseignants et les parents. C'est dire que l'ouvrage de Jean-Luc Guillaumé "Elèves et professeurs : réussir ensemble. Outils pour les professeurs principaux et les équipes pédagogiques" est tout à fait bienvenu. JL Guillaumé a une longue expérience de prof principal en collège et lycée. Il est professeur d 'EPS ce qui lui donne aussi une vision particulière du métier, sans doute intéressante pour l'exercice de la fonction de prof principal.


Un fin connaisseur des problématiques scolaires. L'ouvrage repose essentiellement sur une cinquantaine de fiches pratiques, directement utilisables en classe. On n'est pas de grands partisans, au Café pédagogique, des fiches toutes prêtes qui conduisent parfois à oublier le contexte de leur usage. L'ouvrage de JL Guillaumé échappe à cette critique. Chaque fiche est intriduite par une réflexion pédagogique qui en dévoile les intentions et qui facilite, si nécessaire, son adaptation. JL Guillaumé connaît parfaitement son sujet et aborde les difficultés du métier avec un fond de connaissances et de réflexion parfaitement intéressants.


Des fiches pratiques. Les fiches accompagnent le professeur tout au long de l'année et l'invite à construire une réelle progression pédagogique annuelle. L'ouvrage s'ouvre avec des jeux d'intégration. Il aborde ensuite les comportements inacceptables des élèves et offre des outils pour y faire face en tant que professeur principal.  Il aborde la préparation du conseil de classe, la coordination des dispositifs d'accompagnement, l'oriuentation et les relations avec les parents.


C'est un ouvrage que nous recommandons aux professeurs principaux (collège et lycée). Il rendra aussi service  tous les enseignants qui y pècheront des outils pratiques pour gérer leur classe et même innover..

Jean Luc Guillaumé, Elèves et professeurs : réussir ensemble. Outils pour les professeurs principaux et les équipes pédagogiques, ESF, Paris, 2011, 245 pages.

Commander l'ouvrage

http://www.esf-editeur.fr/detail/684/eleves-et-professe[...]



Chut ! Le journal d'un directeur d'école

Connaissez-vous un métier où on est le matin coach, diplomate et secouriste; à midi flic, plombier et balayeur; le soir comptable, réparateur et psychologue ? Oui je parle bien de directeur d'école. Les rayons des librairies ne manquent pas de pamphlets et de livres sinistres sur l'école. Celui de Yann Bloyet est léger, drôle et finalement optimiste. Il est aussi certainement plus sincère que beaucoup d'autres.


 Quand l'inattendu sonne à la porte de l'école. Yann Bloyet est directeur d'école à Romainville. Dans ce récit il raconte son quotidien, c'est à dire l'exercice difficile qui consiste à accompagner la confrontation d'une institution à la vraie vie. Si un adjectif peut définir le métier (pas la fonction !) de directeur c'est "inattendu". Il se passe tout dans les écoles : des alertes incendie, des repas perdus, des larmes, des discussions à bâtons rompus avec les parents, les collègues, les enfants, l'inspecteur, la mairie... Tout ça retombe sur les bras du directeur.


Alors le récit de Yann Bloyet est aussi un plaidoyer. Il fait connaître ce qui n'est pas réellement un métier. Parce que directeur d'école aujourd'hui c'est une fonction qui échappe aux usages étatiques et sociaux. Et on sait que ça défrise certains qui voudraient en faire une fonction. Le directeur assume beaucoup de responsabilités. Pour autant il n'appartient pas à un corps spécifique et n'est qu'un parmi les  enseignants de son école. C'est lui qui assume au quotidien cet écart entre la loi de l'école et celle du monde qui l'environne. Avec la seule arme de la confiance il défend une valeur fondatrice de l'école. Mais l'ouvrage n'est ni une apologie, ni une défense, encore moins un tract.


C'est juste un récit, facile à lire, prenant par le style enjoué de Yann Bloyet. Né sur Internet, il restitue le quotidien. Pour l'extérieur, il permet ainsi de mieux connaitre et comprendre le fonctionnement d'une école. Les enseignants y retrouveront ce qui fait le métier et qui donne le matin l'envie d'aller l'exercer.

Yann Bloyet, Chut ! Le journal d'un directeur d'école, Paris, éditions Jacob Duvernet.



Quels curriculums pour l’Ecole, demande la Revue de Sèvres

Enseigne-t-on la même chose partout dans le monde ? La réponse est non, affirme un nouveau numéro de la Revue Internationale d’éducation de Sèvres (n°56). Alors qu’est ce qui doit être enseigné ? La revue analyse le cas de sept pays : l’Angleterre, la Belgique, le Chili, la Finlande, la France, l’Italie et la Tanzanie.


Parmi ces sept pays, la France a la particularité d’être celui où la question est la moins clairement posée. Les programmes semblent sortis tout droit de l’Olympe ou de la cuisse de Jupiter. Sacrés et inviolables, ils sont dans la réalité soumis aux recettes que chaque enseignant mitonne dans sa petite cuisine sur son petit fourneau. Dieu merci ! Parce que chacun sait que, sans le cuisinier, le plat serait immangeable. Hélas il le demeure pour une frange importante des élèves qui redoublent ou fuient le système scolaire.


Ce que révèle ce numéro de la Revue Internationale d’éducation de Sèvres, dirigé par Roger-François Gauthier, c’est que, frappés du même phénomène, la plupart des autres pays posent ouvertement la question des contenus d’enseignement. Ils ne pensent pas en terme de programme mais de curriculum, un mot qui désigne l’ensemble de l’enseignement.


La revue montre concrètement comment sont mis en place les curricula, qui les initie, qui les vérifie et ce que change concrètement ces approches.  Centrées sur l’élève, elles contribuent à améliorer les systèmes éducatifs.

Le sommaire de la revue internationale d’éducation de Sèvres

http://www.ciep.fr/ries/ries56.php  

Pour démocratiser l’enseignement, faut-il revoir ses contenus ?

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/82D[...]



Sur le site du Café
Par fjarraud , le jeudi 07 juillet 2011.

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