Les nouveaux professeurs des écoles plus désenchantés que leurs aînés 

Par François Jarraud



Toujours animés par la vocation, les nouveaux professeurs des écoles sont plus attachés à la tradition pédagogique que leurs aînés révèle un sondage réalisé par le Snuipp. Publié régulièrement tous les trois ans depuis 2001, l'Observatoire des jeunes enseignants étudie les sentiments professionnels des professeurs des écoles ayant moins de 5 ans d'ancienneté.


Le premier enseignement est le maintien de la vocation. La moitié de ces jeunes profs font un métier dont ils ont rêvé enfant et 71% évoquent le mot "vocation" (+5% par rapport à 2001). Pour autant le décalage est sérieux entre le métier rêvé et la réalité. 57% avaient sous-estimés l'impact du métier dans la vie privée (+17% depuis 2001 !) et 48% la charge de travail (+15%). 81% sont satisfaits du métier (-6%).


Le second c'est le très fort sentiment de dévalorisation. Neuf jeunes enseignants sur dix estiment que le métier s'est plutôt dévalorisé.  Ils n'étaient que 59% en 2001. La dégradation de l'image du métier est donc extrêmement forte.


Peut-être le principal enseignement est la progression de la pédagogie traditionnelle chez ces jeunes enseignants. Deux sur trois (61%) mettent la transmission des connaissances devant les relations avec les enfants comme motif de satisfaction. La situation était inverse en 2001. "Faire confiance aux méthodes qui ont fait leurs preuves" passe au premier plan des manières d'enseigner (49%) devant "utiliser des méthodes innovantes" (45%). La situation était là aussi inversée en 2001.  L'importance accordée à l'épanouissement  de l'enfant est passée de 71 à 46% alors que la priorité accordée à "transmettre le goût de l'effort" a augmenté de 19 à 30%. Le repli sur le "écrire – compter" est prioritaire pour 37% des jeunes profs contre 16% en 2001. Mais le pire c'est la progression des enseignants qui estiment que la réussite de tous les élèves ne peut pas être atteint : ils sont 69%, contre 54% en 2001.


Pour autant les enseignants ne valident pas les réformes introduites par X Darcos. Depuis 2007 la majorité ne croit plus dans le suivi individualisé (52% en 2007, 33% de positif en 2010) ou l'accompagnement des élèves (31 contre 19%). Pour 8 profs sur 10, la priorité doit être mise sur la réduction du nombre d'élèves par classe. La modification des rythmes scolaires est rejetée par 52% des enseignants, ce qui laisse ouverte la possibilité du retour à la semaine de 5 demi-journées. Les programmes Darcos sont rejetés par 77% des enseignants, la suppression de l'année de stage par 92%.

Télécharger l'étude

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsjoints/ope2010.pdf



Une étude européenne montre des enseignants optimistes sur l'usage des TICE mais peu expérimentés


 

Les TIC (technologies de l'information et de la communication) ont-elles un effet positif pour l'enseignement primaire ? Oui répond l'étude européenne STEPS. Mais si les enseignants européens sont très majoritairement favorables à leur utilisation, leur intégration est encore problématique.


30 000 enseignants sondés dans 27 pays européens, des études précises menées dans des écoles, une enquête auprès des responsables politiques : l'étude STEPS financée par la Commission européenne est un travail ambitieux et de grande haleine. Il vise à répondre à des questions importantes : "Quel est l'impact des technologies de l'information et de la communication dans les écoles ? Comment utiliser au mieux les TIC pour améliorer l'enseignement et l'apprentissage ? Quelles sont les stratégies efficaces ?" Il laisse finalement des recommandations mais aussi des questions pendantes.


Les TIC sont-elles efficaces ? " C'est parfois la mise en place des TIC qui entraîne un impact, plutôt que les TIC elles-mêmes", souligne STEPS. "En d'autres termes, en mettant en place de nouvelles technologies, les parties prenantes réexaminent parfois une pratique existante et la remplace par une nouvelle pratique améliorée et plus efficace. Cependant, cette nouvelle pratique aurait pu avoir été mise en oeuvre même sans TIC". L'étude établit aussi que "tous les impacts ne sont pas des impacts recherchés". Ils peuvent d'ailleurs être indésirables. Mais un cas fréquent c'est que "les TIC permettent l'acquisition de compétences qui ne sont pas toujours mesurées et accréditées par la plupart des méthodes de test et programmes d'évaluation classiques". En clair elles développent des compétences, comme la collaboration ou la créativité par exemple, que l'Ecole évalue peu ou pas du tout. Globalement, "les TIC ont des répercussions positives sur le processus d'apprentissage et permettent d’atteindre des objectifs pédagogiques plus élevés. On considère que les TIC ont un impact positif sur l'environnement d'apprentissage, entraînant une amélioration de la compréhension et un apprentissage plus actif et différencié".


Quels usages ? D'après l'enquête, 87% des enseignants du primaire sont optimistes sur l'utilisation des TIC dans l'enseignement. Pour autant les usages varient selon les pays européens. Ainsi "l'analyse du sondage mené auprès des décideurs politiques fait ressortir une division sur la question visant à déterminer si les ordinateurs devaient être répartis dans les salles de classe ou regroupés dans les salles informatiques. Il semble néanmoins que les pays dans lesquels les TIC sont les plus présentes privilégient la répartition dans les salles de classe. Les pays préférant cette approche sont l'Autriche, la Grèce, la Lituanie, les Pays-Bas, Malte, Chypre, la Norvège, la Finlande, le Danemark et le Royaume-Uni". Les TBI sont aussi un outil "essentiel" dans certains pays.


Quelles sont les stratégies efficaces ? "La plupart des enseignants des écoles primaires européennes sont optimistes quant à l'impact des TIC sur l'apprentissage" affirme l'étude. "Les enseignants euphoriques prédominent dans des pays aussi divers que le Royaume-Uni, Chypre, les Pays-Bas, le Portugal et la Pologne ; tandis que les optimistes réservés sont majoritaires en Suède, en France et en Autriche". 87% déclarent que les élèves sont plus motivés et attentifs, tandis que 21 % seulement estiment que l'utilisation des ordinateurs en classe ne présente pas d'avantage éducatif significatif. Toutefois, "les preuves d'utilisation des TIC dans des matières spécifiques et de leur intégration dans l'enseignement et l'apprentissage sont minces". .Du coté des élèves, "ils sont très motivés à l'idée d'utiliser les TIC, mais les activités éducatives « officielles » menées avec les outils informatiques sont moins motivantes". L'étude recommande donc d'intégrer les TIC aux politiques éducatives et de renforcer les usages pédagogiuqes.


Cette étude n'est évidemment pas la première à aborder ce sujet. Le Café avait par exemple présenté les travaux particulièrement intéressants de Jean Heutte. L'étude STEPS vient confirmer l'intérêt éducatif des TIC et montrer la nécessité d'une politique européenne capable de partager les pratiques et les expériences.

Les documents

http://eacea.ec.europa.eu/llp/studies/study_impact_techn[...]

Sur le site d'Educnet

http://www.educnet.education.fr/primaire/actualites/etude-d[...]

Travaux de Jean Heutte

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/[...]

Tice pourquoi ca n'entre pas ?

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/200[...]

Le forum Retz 2010

http://www.editions-retz.com/forum-2010-podcats.html



Sur le site du Café

Par fjarraud , le mercredi 31 août 2011.

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