De Balzac à la techno ? 

Comment faire collaborer des enseignants de plusieurs disciplines au service d'un projet de lecture d'un texte de Balzac ?
Comment partir d'un texte littéraire pour entrer dans le monde technologique ? Encore un pari bizarre comme on n'entre trouve qu'au GFEN...
Jacqueline Bonnard, animatrice d'un atelier, fait vivre aux participants une démarche mise en oeuvre avec des élèves de cinquième : après avoir lu un extrait d'un texte de Balzac, "Les paysans" (1844), chacun doit rédiger une ou deux phrases décrivant ce qu'ils ont compris de la maison. Chacun se construit une petite histoire. Pour les élèves, entendre cette histoire leur renvoie à leur propre maison, et leur pose des questions : "mais cette maison a l'air bien petite pour toute cette famille ?".
Dans une seconde phase, des petits groupes permettent de confronter les phrases individuelles, avec mission de rassembler ce qui est partagé. On confronte les représentations. On s'éloigne de l'affect pour entrer dans un texte descriptif, précisant les fonctionnalités, les matériaux, les espaces.
A la lecture des synthèse des groupes, l'animatrice fait une synthèse au tableau. On repère les invariants, ce qui fait culture commune dont on pourra se servir ultérieurement.
Seconde consigne qui va orienter la réflexion du groupe vers la technologie et le plan : "surlignez tous les mots du texte qui permettent de s'orienter" : d'abord, l'extérieur : "à mi-chemin", "excentré", "à cinq cents pas de...", "au Nord", "sur une éminence". On se rapproche. Ca discute ferme : "mais non, de ce côté, la grange...". Et la treille, au Nord ou au Sud ? Et les trois marches, elles vont où ? Rapidement, l'évidence s'impose : il faut dessiner ! "N'oubliez pas de préciser les fonctions de chaque partie" demande l'animatrice. La discussion devient rude.
On affiche les dessins au tableau, on confronte, bien au-delà de ce qui était demandé. Après tout, ne peut-on pas lire Balzac en gardant chacun sa marge d'interprétation ?
L'animatrice lutte pour tenir la montre et arriver à tenir son cap : "face aux mêmes difficultés, les élèves ne dessinent pas forcément un plan, ils cherchent à organiser les informations au fur et à mesure". Elle précise comment chacun utilise ses connaissances préalables pour chercher à résoudre le problème, avant d'arriver à ses fins : en technologie, ce qui est important est l'identification des différents espaces, et les liaisons fonctionnelles entre eux pour arriver aux grands principes de l'habitation : "Une maison a trois fonctions : se protéger des intempéries, protéger ses biens et contribuer au bien-être de la famille. Et les inventions de l'homme pour y parvenir ne font que chercher à répondre à ces questions". Elle aide les membres de l'atelier à passer du descriptif au symbolique, à l'abstrait, à la norme codée en leur présentant la représentation fonctionnelle des espaces de vie qu'utilisent les architectes, et en les invitant à comparer ce qui était tenu pour vrai au XIXe, avec ce qui est devenu la norme du XXIe...Les propos de la conférence d'Elisabeth Bautier résonnent, lorsqu'elle invitait le matin même à aider à changer de regard sur le monde pour conceptualiser, "secondariser" : l'écrit sert à penser... En passant par le dessin et la représentation. On fait le lien avec le travail de Goigoux et Cèbe sur la compréhension de l'écrit : passer par le dessin et la représentation pour comprendre le texte, passer par le texte pour comprendre le plan...

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Par MBrun , le dimanche 03 avril 2011.

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