L'Éditorial de Francois Jarraud : De quoi la Journée du sport scolaire est-elle le nom ? 

Ce 21 septembre, la Journée du sport scolaire ne doit pas nous faire oublier les difficultés que rencontre l'EPS dans le système éducatif français. "L'école doit être le lieu dans lequel on peut s'épanouir grâce à cette discipline" affirme Luc Chatel dans une interview publiée par Direct Matin. La discipline c'est "le sport". Plus loin, le ministre lui confie la tâche de lutter contre l'obésité. Ainsi est entretenue une confusion entre sport et EPS qui est la signature de cette Journée.

 

Il faut dire que c'est une belle journée. Les équipes d'EPS, avec les associations sportives, se sont réellement données du mal pour la faire réussir. C'est ce que montre par exemple notre article sur "le petit tour de France de la journée du sport scolaire" qui montre les efforts des enseignants ce 21 septembre. Elle reste un moment de partage et de convivialité autour du sport dans chaque établissement. Et tous nos intervenants soulignent leur plaisir à participer à cette Journée.

Mais il reste tous les autres jours... Pourtant au quotidien la place de l'EPS dans le système éducatif reste très secondaire. C'est la discipline qui a perdu le plus d'enseignants car elle est ciblée prioritairement par la rue de Grenelle, nous confie Michel Fouquet, secrétaire national du Snep. Si l'Usep se développe au primaire, l'EPS est confiée dans les écoles à des maîtres qui après leur master sont envoyés en classe sans formation, nous dit JM Sautreau. Mais déjà l'horaire officiel est rarement respecté. C'est que souvent l'EPS est saluée avec suffisance par les autres disciplines. Dans les situations de crise c'est souvent elle qu'on sacrifie.

L'expérimentation "cours le matin, sport l'après-midi" est régulièrement citée par Luc Chatel comme la preuve de la volonté du gouvernement de développer le sport. Le sport peut-être, dans la mesure où son déploiement est financé par les collectivités locales. Pour l'EPS on a vu ce qu'il en est de facto. Luc Chatel tire de cette expérimentation des aspects positifs comme l'amélioration du climat scolaire. Il vante dans une dépêche AFP une réduction des horaires d'enseignement. "Un jeune Français va 15 ans à l'école alors qu'un jeune aux Etats-Unis y va 11 ans". Cette affirmation est-elle exacte ? A la différence des jeunes confiés à Luc Chatel, tous les jeunes Américains parcourent le "K-12" qui, comme son nom l'indique, fait plus de 11 ans... Et ils obtiennent un diplôme de fin de secondaire quand 130 000 jeunes français sortent sans diplôme. Enfin à 70% ils entament des études supérieures (55% en France).

Ces propos entretiennent l'ambiguïté sur cette journée. C'est d'abord une fête. Mais la confusion entre sport et EPS ne tourne pas à l'avantage de cette dernière. On a pu reprocher au "sport l'après-midi" qu'il "externalisait" l'EPS pour le remplacer par du sport encadré par du personnel payé par les collectivités locales. Maintenant si Luc Chatel se sert de cette journée pour promouvoir la réduction de la scolarité on entre dans un nouveau dérapage. De quoi donc cette journée est-elle le nom ?

Dépêche AFP

Pourquoi les syndicats sont contre sport l'après-midi

 


 

Le dossier sur la deuxième journée du sport scolaire



Par fjarraud , le mercredi 21 septembre 2011.

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