Michel Fouquet (SNEP) : " Le risque de cette journée c'est que ça se limite à être une bulle médiatique" 

Secrétaire national du Snep, le syndicat ultra majoritaire des professeurs d'EPS, Michel Fouquet décrypte la Journée du sport scolaire. Mi-fête, mi-chagrin, elle a au moins l'avantage de faire plaisir aux enseignants et aux élèves et d'éclairer aussi les zones d'ombre d'une discipline bien plus concernée que les autres par les suppressions de postes...


Quel regard le Snep jette-il sur cette Journée du sport scolaire ?


On est tout à fait favorable à cette journée. Elle donne la possibilité aux associations sportives (AS) de faire savoir ce qu'elles font. Le mercredi matin a été banalisé en partie dans les établissements à la demande du ministère et il y aura de belles manifestations même si c'est  peut-être un peu tôt dans l'année. Le risque de cette journée c'est que ca se limite à être une bulle médiatique. Nous, nous n'oublions pas les griefs avec le ministère.


C'est-à-dire ?


Le plus important ce sont les suppressions de postes. L'EPS a été concernée bien plus que les autres disciplines. Chez nous ce sont deux postes sur trois qui ne sont pas remplacés et non un départ en retraite sur deux. En quelques années on a été décimé : nous avons perdu près de 3 000 postes c'est à dire un enseignants sur dix. (NDLR : il y avait 32 000 professeurs d'EPS en 2004 il y en avait 29 557 en 2010-2011). C'est autant de collègues en moins pour animer les AS et donc moins d'activités... On enquête actuellement pour savoir si les cours obligatoires d'EPS sont partout effectués. Ce n'est pas certain. Mais les suppressions de postes touchent aussi à la façon de travailler. On perd beaucoup en souplesse dans l' organisation. Par exemple les dédoublements ne sont plus accordés. Il devient plus difficile de proposer la natation car il faut un nombre minimum d'encadrants.


La place de la discipline s'est-elle affirmée dans le système éducatif ?


Depuis 1994, passage de l'horaire à 4 heures, il y a eu peu de progrès sauf en 1999 la création de l'option de détermination au lycée. On sait que dans les discours officiels l'EPS est encensée mais dans le vécu des établissements on ne lui reconnaît pas la même valeur que les autres disciplines. En période de restriction budgétaire si le proviseur doit choisir entre EPS et maths ce n'est pas l'EPS qu'il gardera... La réforme du lycée qui donne plus d'autonomie dans la gestion de l'enveloppe horaire nous inquiète...


Luc Chatel met en avant le dispositif sport l'après-midi. Est-ce une réussite ?


Même à sa petite échelle actuelle, cette expérimentation se passe dans des conditions très différentes. A Paris par exemple le manque d'installations fait que parfois les activités sportives sont très réduites. Et puis comment croire qu'on développe le sport alors qu'on supprime en priorité les postes de professeurs d'EPS ? On est face à un coup médiatique.


Allez-vous porter ces revendications lors de la journée ?


On le fera peut-être ici et là, selon la situation. Mais on ne veut pas brouiller l'image de cette Journée du sport scolaire.


Propos recueillis par François Jarraud



A Aimé Césaire, le sport l'après-midi c'est en salle 201...


Inauguré en 2010 dans le quartier populaire de la Chapelle, à Paris, le collège Aimé Césaire est un collège "innovant et apprenant". A ce titre il a été retenu pour l'expérimentation cours le matin, sport l'après-midi. Pour Julien Guiraud, professeur d'EPS, ce n'est pourtant pas sans difficultés.


"La première année, le collège ne comptait que des sixièmes. Mais même avec cet effectif réduit on s'est heurté au manque d'installations. Dans le quartier toutes les installations sportives sont occupées. Les associations qui disposent d'équipement, certaines sont tout près du collège, ne peuvent pas nous aider.


Alors on fait ce qu'on peut. On dispose de la salle de gymnastique qui fait environ 10 mètres sur 8 et 2,50 mètres de haut et de la cour. On peut faire du sprint, de la course relais niveau 1 (la cour est trop petite pour le niveau 2), de l'ultimate, de la danse, de la lutte, du tennis de table, de la gymnastique au sol. ON a la volonté de mettre en oeuvre ce dispositif mais on n'a pas les installations nécessaires.


Cette année avec les 5èmes, les élèves n'ont pas forcément sport l'après-midi. Parfois c'est arts plastiques. Parfois c'est maths..."




Par fjarraud , le mercredi 21 septembre 2011.

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