L'Etat de l'Ecole. Guide de la rentrée 2010 : Le malaise enseignant a considérablement augmenté 

Par François Jarraud



Selon une étude publiée par le ministère (DEPP), deux enseignants sur trois se sentent concernés par le malaise enseignant.  Seulement 7% des enseignants pensent que le malaise enseignant n'existe pas. 67% se sentent personnellement concernés par lui. Ce nombre important illustre une véritable dégradation du métier : ils n'étaient "que" 53% à connaître ce malaise en 2005.


Plus que les conditions de rémunération ou celles de travail, c'est le manque de reconnaissance professionnelle qui est dénoncé par les enseignants des collèges et du lycée. Un prof sur trois (30%) envisage carrément de quitter le métier. La moitié souhaiterait rester dans l'éducation nationale, l'autre moitié un travail hors éducation.


Une perception négative des élèves. L'enquête, menée auprès de 1200 enseignants par Patricia Gambert et Jacques Bonneau, montre aussi une certaine dégradation de l'image que les enseignants ont de leurs élèves, et particulièrement les jeunes enseignants. "A peine plus de la moitié des enseignants estime que la plupart de leurs élèves travaillent pour passer dans la classe supérieure et réussir aux examens. Seulement 32% pensent que leurs élèves s'intéressent à leur discipline et à ses objectifs intellectuels et formateurs. On notera aussi qu'au moins la moitié des élèves demeurent passifs pour 28% des enseignants et que près de la moitié des enseignants ont des éléments perturbateurs dans leur classe" notent les auteurs.


Parmi les difficultés du métier, la gestion de l'hétérogénéité vient en tête devant la difficulté à atteindre les objectifs de travail dans le temps prévu : il faut lire là probablement la lourdeur des programmes. Et les satisfactions ? Les enseignants gardent des motifs de satisfaction comme le contact avec les élèves et l'autonomie dans le métier.


Finalement c'est l'image d'un métier éclaté qui s'impose. Une vision que Marcel Brun vous présente dans cet article.

Lire la suite : Un métier morcelé

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/Enseignantsduse[...]

L'étude publiée par le MEN

http://www.education.gouv.fr/cid49287/enseigner-colleg[...]


 

Enseignants au bord de la rupture : que faire ?

L'usure d'une bonne partie du corps enseignant impose de trouver une issue administrative. Un nouveau défi pour Luc Chatel ?


Près d'un enseignant en fin de carrière sur deux n'attend qu'une seule chose : partir le plus vite possible. L'enquête réalisée par le Carrefour social santé, un organisme associant la Mgen et les principaux syndicats, le 9 décembre dresse le tableau d'enseignants à bout de souffle. Seulement 47% jugent leur travail intéressant quand 55% l'estiment  fatiguant et 43% stressant.


Enseignants en fin de course. Qu'est ce qui rend ce métier si difficile ? C'est le comportement des élèves, le bruit , le volume de travail qui reviennent. Mais si on laisse les enseignants parler spontanément, ils mettent en avant le manque de considération et de reconnaissance, une critique qui vise l'institution. L'épuisement psychologique  vient ensuite. Certaines catégories d'enseignants sont plus touchés que d'autres. Il s'agit d'abord des professeurs de collège, ensuite des enseignants de technologie , une discipline qui se sent peu considérée, et des directeurs d'école dont la fonction est peu reconnue par l'institution.


Anticiper la sortie. "Je ne me vois pas rester en maternelle jusqu'à 62 ans" témoigne un professeur des écoles. "Comment travailler à temps plein avec toujours le même dynamisme jusqu'à un âge avancé dans un collège bondé d'adolescents" s'exclame un autre. Nombreux sont ceux qui rêvent d'une reconversion. Au total 43 % souhaitent anticiper leur fin de carrière et 37% ne feront pas une journée de plus.


Une enquête qui doit interpeller le ministre. Le carrefour santé social avait publié il y a quelques années une enquête similaire sur les enseignants débutants. Elle montrait leurs attentes et l'Education nationale en avait tenu partiellement compte, par exemple en ce qui concerne l'aide au logement. On savait par une étude ministérielle que le malaise enseignant augmente. Cette nouvelle enquête est particulièrement alarmante. Elle pose à nouveau la question de la seconde carrière et de la diversification des postes et des fonctions dans l'Education nationale. Luc Chatel aura-t-il la volonté et les moyens d'entendre la souffrance de ces enseignants ?

L'enquête

http://www.unsa-education.org/telechargement/social/CSS.pdf

L'enquête sur les enseignants débutants

ftp://ftp2.snepfsu.net/snepfsu/sante/enquete_mgen_sante.pdf

Le malaise enseignant a considérablement augmenté

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2009/107_Le[...]

Enseignant et après ?

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/106_Sommaire.aspx



Qui fatigue le plus les profs : les élèves ou les ministres ?

"Comment tenir jusqu'à la retraite ?" C'est une question qui ne se pose pas dans la plupart des métiers. Mais elle hante les salles des profs. Et elle prend souvent des proportions dramatiques. Pourquoi l'usure au travail est-elle si forte chez les enseignants ? Peut-on y remédier ?


Pour aborder ces questions, il est indispensable de lire le rapport de Dominique Cau Bareille (Créapt-CEE) qui vient d'être publié en ligne. Au terme d'entretiens elle a analysé très librement ce qui génère le sentiment de lassitude et les problèmes de santé des enseignants en fin de parcours. Un travail qui complète les nombreux travaux sur le mal-être des enseignants, une situation déjà reconnue officiellement.


 

Plus que les  élèves ce qui fatigue les profs ce sont les ministres. Dominique Cau Bareille a interrogé les enseignants de maternelle, d'école élémentaire, du collège et du lycée. Le premier facteur de fatigue, à chaque niveau, c'est le sentiment d'être empêché de faire correctement son métier par le cadre institutionnel. Ainsi les enseignantes de maternelle sont fatiguées par les postures qu'impose le travail avec des petits, par la fatigue nerveuse générée par le contact avec les enfants et les parents, mais aussi par l'évolution institutionnelle du métier. "Loin de valoriser leur savoir-faire, les changements qui affectent les maternelles (au niveau de l‘écriture, de la pré-lecture, introduction des sciences, de l’histoire en grande section, de la prévention routière par exemple) et les nouveaux modes d’évaluation de leur propre travail touchent le coeur du métier (mise en place des évaluations, fiches de préparations des séances), les fondamentaux de leur travail, leur autonomie. « Actuellement, on nous demande de singer l’élémentaire », disent certaines enseignantes. Le rapport mentionne aussi "les propos (abondamment commentés) du ministre de l’Éducation sur les maternelles, ont provoqué l’inquiétude des enseignantes rencontrées, et chez certaines une profonde amertume".  Les fins de carrière "apparaissent ainsi de plus en plus entachées de rancoeur et de difficultés à faire valoir leurs façons d’enseigner face à une institution dans laquelle elles ne se reconnaissent plus autant qu’avant. Au lieu d’y trouver un soutien, elles en soulignent les astreintes et frustrations, sentiments qui font partie des arguments pour envisager des départs précoces". Adapté à des situations différentes, c'est ce même désamour, ces mêmes frustrations qui sont ressentis à tous les niveaux.


Ainsi au collège, outre la charge d etravail des préparations pour lutter contre la passivité des élèves, les enseignants se plaignent de ne plus pouvoir faire leur métier. "Le sentiment que les orientations définies par les ministères privilégient l’abord d’un certain nombre de connaissances au détriment de leur approfondissement. Ceci génère une impression globale de faire du « saupoudrage » de connaissances plutôt qu’un travail de fond sur des notions fondamentales, permettant d’acquérir des méthodes de travail et de réflexion. Pour certains enseignants expérimentés, cela implique aussi un renoncement à des valeurs de métier". Or, "quand un enseignant se sent constamment inefficace, qu’il a le sentiment de tout échouer et de n’avoir aucun pouvoir, il en arrive à manquer d’initiative et à subir du stress".


Redonner du sens pour améliorer la santé. Aussi améliorer la santé des enseignants a-t-il des aspects institutionnels. Pour D Cau Bareille, "la qualité est au cœur des délibérations de fin de carrière". Inspecteurs et chefs d'établissement peuvent déjà beaucoup, dans l'aménagement du temps de travail et sur le registre de la reconnaissance, du partage de la formation et du soutien. Mais l'institution a aussi ses responsabilités. Dans la façon dont les programmes ont été imposés contre l'avis majoritaire (par exemple au primaire). Et aussi dans son refus ou son incapacité d'aménager les fins de carrière. D Cau Bareille appelle en conclusion à recueillir les expériences des enseignants en fin de carrière car c'est eux qui ont les réponses au mal-être. Cela même leur sera-t-il accordé ?


Le rapport

http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/104000123/0000.pdf


Sur le site du Café

Par fjarraud , le mercredi 25 août 2010.

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