Le rapport Guesnerie sur l'enseignement des SES 

Par François Jarraud



La commission Guesnerie a remis son rapport sur l'enseignement des sciences économiques et sociales  à Xavier Darcos le 3 juillet. Créée pour répondre aux accusations portées par des groupes conservateurs, la commission est allée très loin dans les préconisations, jusqu'à redéfinir les contenus à enseigner.


Pourtant le rapport dresse un tableau positif de la filière ES : les effectifs augmentent et les bacheliers ES réussissent en université; ils ont même un taux de succès en licence supérieur aux bacheliers S. Ce qui pousse la commission à préconiser la généralisation des SES en seconde, là où cette discipline n'est qu'une option actuellement.


Mais c'est pour mieux revoir les contenus. Ainsi l'enseignement est jugé trop critique envers les entreprises…Il est aussi trop vaste. La commission demande le recentrage des SES sur les "fondamentaux". Les élèves doivent d'abord apprendre des éléments sur les 


Le rapport préconise aussi une synergie renforcée avec les enseignements d'histoire et de maths et de faire appel aux jeux "expérimentaux" pour apprendre l'économie.


Enfin, la commission n'hésite pas à critiquer les manuels accusés de véhiculer des caicatures.

Lire sur le Café la présnetation complète du rapport

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/07/Lera[...]

Le rapport Guesnerie

http://www.lesechos.fr/medias/2008/0703//300277711.pdf

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SES : Une discipline révisée

C'est un fait sans précédent. C'est à une véritable révision de l'enseignement des SES que  s'est livrée la commission Guesnerie, préconisant une modification profonde des thèmes enseignés, des méthodes et des manuels. Si des abus ont pu exister dans cet enseignement, si l'entreprise n'y a peut-être pas eu la place qu'elle mérite, il n'en reste pas moins que ce rapport est particulièrement inquiétant car il amène le balancier beaucoup trop loin.


Il appelle à une réorientation idéologique des SES. "Les programmes de SES au lycée" écrit la commission, donnent l’impression qu’un enseignement de "problèmes politiques, économiques et sociaux contemporains" est dispensé aux élèves, plutôt qu’un enseignement de sciences sociales visant à leur faire acquérir les fondamentaux de l’économie et de la sociologie". Ce qui est insupportable pour la commission c'est que l'enseignement des SES puise aboutir à une critique sociale. "Les chapitres sociologiques du programme prêtent le flanc à deux tentations regrettables. La première est de donner à croire que l’objectif majeur ou unique de l’analyse est d’ordre critique et démystificateur… La seconde tentation est de se centrer beaucoup trop sur les problèmes sociaux contemporains (nouvelles pauvretés, renouveau et aggravation des inégalités scolaires, etc.)".


La commission invite à imposer dans les manuels une sociologie "positive". "A propos de la famille, sont évoquées principalement des ruptures et les inégalités homme-femme ; à propos de l’emploi, on tend à parler surtout chômage et précarité ; à propos de l’entreprise, à mettre l’accent sur les conflits, les mauvaises conditions de travail et les bas salaires ; à propos des revenus et de la redistribution, à évoquer surtout les inégalités – en donnant peu d’informations sur ce qui les explique et éventuellement les justifie" écrit la commission Guesnerie.


Quelle est cette "sociologie du bonheur" revendiquée par la commission ? Rien  ne peut justifier de rayer la culture sociologique au prétexte qu'elle entretient "la sinistrose" ! Si l'on veut que les jeunes comprennent la société dans laquelle ils vivent il faut évidemment qu'ils puissent prendre la mesure de ses inégalités.


Le dernier apport du rapport Guesnerie c'est de nous faire comprendre le rôle social de l'appel aux fondamentaux. "L’accent doit être mis sur l’apprentissage des fondamentaux de chaque discipline… et sur la compréhension de certains mécanismes simples" écrit la commission. "Les théories peuvent être appréhendées dans un premier temps comme des "boîtes à outils" plutôt que des visions constituées… Ce n’est que dans un second temps que peuvent être abordées les éventuelles controverses entre différentes théories". L'accent mis sur les fondamentaux, permet de découpler l'enseignement des SES de l'étude des théories et des problématiques de la société. C'est une façon de remplacer le débat par l'empilement de connaissances brutes et dégagées de tout concept.  On distingue mieux ce que signifie l'obsession des fondamentaux. Il y a là une leçon à retenir.


L'Académie des sciences morales démolit les SES

Quelques jours après la remise du rapport Guesnerie, les SES sont l'objet d'un nouveau rapport réalisé par l'Académie des sciences morales et politiques. Cette petite assemblée cooptée, qui comporte plusieurs membres de la commission Guesnerie,  s'est élargie pour l'occasion à 5 économistes français et étrangers.


On ne sera donc pas surpris d'y retrouver les conclusions de la commission Guesnerie, accentuée du fait de la situation. Le rapport a été remis à X. Darcos le 7 juillet.


Il ressort de ce rapport : "que les programmes de SES sont trop ambitieux ;qu’ils mettent trop peu l’accent sur la microéconomie ; qu’ils procèdent du général au particulier et ne permettent donc pas aux élèves d’acquérir des bases solides ; que les manuels sont parfois entachés d’affirmations erronées ; qu’ils présentent souvent une image biaisée et fortement négative des réalités économiques par des textes et des illustrations inappropriés.  Les programmes d’enseignement des sciences économiques et sociales doivent donc être remaniés en profondeur". Et l'Académie va jusqu'à proposer de nouveaux programmes.  Les manuels sont éreintés au passage par les éditeurs.

Le rapport

http://www.asmp.fr/vie_academie/communiques_presse/rap[...]



Par fjarraud , le mardi 01 juillet 2008.

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