La position de la Ligue de l'Enseignement 

Ecole primaire : pas fondamentale … la réforme !

 

Annoncée par le président de la République et développée par le ministre de l’éducation nationale, la réforme des programmes de l’école primaire a la prétention de les centrer sur les fondamentaux, ramenés semble-t-il  aux seuls français et mathématiques.

 

Quelle déception. On aurait pu s’attendre par exemple à un exercice appliqué de mise œuvre du socle commun, au delà du rappel des principes…ou bien encore à la hauteur de vue des « 7 savoirs nécessaires à l’éducation du futur» développés par Edgar Morin en 2001…lui qui fait référence en matière de politique de  civilisation.

 

Au lieu de cela, un rappel des évidences, de ce que font déjà les enseignants qui n’ont jamais renoncé à enseigner la langue, le vocabulaire, la grammaire, l’orthographe, le calcul, l’histoire, à faire partager les valeurs républicaines, laïques  et démocratiques.

 

Au lieu de cela, un petit goût de fondamentalisme archaïque qui fleure bon la blouse grise, la bonne odeur de craie, la « leçon de morale » du bon vieux temps. Dans ce temps là, et pour les meilleures années, jamais plus de la moitié d’une classe d’âge n’obtenait le certificat d’études !

 

Au lieu de cela, des temps d’apprentissages réduits pour des horaires  et des programmes impossibles à tenir et bien des frustrations à venir.

 

Au lieu de cela, la fin du cycle commun entre l’école maternelle et l’école élémentaire.

 

Au lieu de cela des relents d’une autre époque, qui devait affronter des questions d’une autre époque. Ce n’est pas avec les leçons de morale de la naissance de la République il y après de 140 ans, que la société française de l’individualisme démocratique du début du 21ème siècle, avec ses atouts et ses dérives, relèvera les défis de son vivre-ensemble d’aujourd’hui et d’un avenir commun partagé.

 

La méthode choisie par ministre qui fait l’impasse sur une réelle concertation de tous les acteurs en amont de ces propositions est une mauvaise méthode. Elle a sans doute permis à toutes les pressions opaques de s’exercer, à toutes les idées moisies et restauratrices de faire leur trou : associations disciplinaires les plus corporatistes, « déclinologues » nostalgiques d’une époque qui n’a jamais servi  que les héritiers et quelques éléments réchappés de la méritocratie…

 

C’est pour cela aussi certainement qu’il y a si peu de mise perspective de ces propositions avec l’ensemble de la scolarité, comme si collège et lycée pouvaient être décrochés de cette éducation commune qui doit constituer les bases de la qualification de personnes autonomes et solidaires, capables de se situer, de s’insérer et d’agir dans une époque incertaine et complexe.

 

Monsieur le président, monsieur le ministre, il faut reprendre votre copie et faire la preuve, par la large concertation qui doit s’instaurer, de votre volonté réelle de démocratiser la réussite de tous les enfants et les jeunes de notre pays.

 

La Ligue de l’Enseignement est prête à vous aider à reprendre la plume.

 

Eric Favey

Par ppicard3 , le jeudi 28 février 2008.

Partenaires

Nos annonces