"La nécessité de rendre les programmes lisibles à la totalité des familles est un enjeu décisif" estime Jean-Louis Auduc, directeur d'IUFM, dans une tribune donnée au Café. Il estime que, si des "clarifications" ont bien eu lieu, "un effort devra être fait dans les programmes du collège pour éviter les rédactions pédantes".
Malgré les commentaires du ministre, lors de leur présentation, l’actuelle rédaction fin avril 2008 des projets de programmes du primaire marque une nette inflexion et des modifications substantielles par rapports aux projets primitifs.
La rédaction actuelle s’inscrit dans une meilleure cohérence du cursus des jeunes tout au long de la scolarité obligatoire :
- meilleure prise en compte des sept piliers du socle commun de connaissances et de compétences ;
- articulation entre les programmes et les progressions des grilles de référence parues sur Eduscol en octobre-novembre 2007
- souci d’une progression dans le cadre de cycles.
Les modifications non négligeables intervenues dans la rédaction des projets de programmes de la grande section de maternelle, du français et des mathématiques aux cycles 2 et 3, des sciences expérimentales et technologie au cycle 3 semblent montrer que le ministre a tiré les leçons des évaluations internationales qui indiquent, à l’inverse des idées reçues abondamment relayées par les médias que :
« Les élèves français sont compétents lorsqu’il s’agit d’une restitution directe de connaissances, mais ils ont des difficultés à les mobiliser pour expliquer des phénomènes de manière scientifique dans des situations de la vie courante non évoquées en classe »
( Note d’information DEP/MEN n°07.42 . Décembre 2007 )
Les clarifications indispensables et la disparition des approches caricaturales intervenues dans les programmes d’histoire-géographie, d’histoire des arts, d’instruction civique et morale semblent également de bonne augure.
Reste que le ministre n’a pas été jusqu’au bout des révisions nécessaires qui auraient permis une meilleure clarté des programmes de la scolarité obligatoire :
- l’articulation école maternelle/ école élémentaire reste floue ;
- il n’y a pas d’explications concernant le contenu des évaluations nationales-bilan de CE1 et de CM2 dont les résultats doivent être rendus publics, école par école, et qui risquent de développer une concurrence entre écoles et d’obérer la liberté pédagogique des maîtres pourtant réaffirmée dans le texte ;
- la coordination entre les programmes du primaire et ceux de collège n’apparaît pas. Si les textes restent en l’état, on aura d’un côté une trentaine de pages pour le primaire et de l’autre, plus de 350 pages pour le collège ( 200 déjà parues et 160 pour les projets soumis à concertation). Un tel déséquilibre pose question…..
Le souci de cohérence des programmes, la nécessité de rendre les programmes lisibles à la totalité des familles est un enjeu décisif pour que les familles comprennent mieux une école qui s’est considérablement modifiée en une génération.
Si ce souci est incontestable pour les programmes de l’école primaire et pour quelques disciplines en collège, il n’en reste pas moins qu’un effort devra être fait dans les programmes du collège pour éviter les rédactions pédantes totalement incompréhensibles pour les familles qu’illustre notamment l’actuel projet de programme d’éducation musicale.
Jean-Louis AUDUC
Directeur-adjoint IUFM de Créteil/Paris 12
Auteur de :
« Les relations parents-enseignants à l’école primaire »
« Le système éducatif français » (10e édition)
parus au SCEREN/CNDP en 2007-2008
Derniers articles de JL Auduc sur le Café :
La fracture sexuée
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Formation des enseignants
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2005/01/index250105[...]