Pari réussi pour la Nuit des écoles 

L'initiative a réussi à créer l'évènement. Objectif atteint : En moins de 10 jours ce sont près de 700 écoles qui se sont inscrites - « 70 selon le Ministère, 7000 selon les organisateurs » affiche avec humour le blog, probablement un peu plus puisque plusieurs écoles se sont encore inscrites au cours de la soirée, et  que durant le week-end arrivent au webmaster des photos d'écoles qui n'étaient pas encore connues. Pour la soirée, parfois jusque tard dans la nuit,  parents et enseignants se sont retrouvés pour partager un moment convivial, « citoyen ».

Partie de Loire-Atlantique, elle est plébiscitée :c'est le département qui recueille le plus d'inscriptions : plus de 200 ! Mais on note quand même une mobilisation loin d'être négligeable dans le département voisin du Maine-et-Loire (qui l'avait inaugurée en avant-première fin mai à Angers), en région parisienne, et la participation des DOM-TOM.

Consulter le blog de La nuit des écoles et voir les photos :

http://nuit.des.ecoles.over-blog.com/


Rencontre avec quelques participants sur Nantes et sa périphérie :

Une « nuit des écoles » particulière sur Nantes, parce qu'elle aurait bien pu finir en « nuit du commissariat ». Suite à l'occupation de l'Inspection Académique le mercredi 11 où un policier a été blessé (fracture du doigt), un enseignant est convoqué à 9h pour être confronté aux déclarations des « témoins spontanés ». Placé en garde à vue, il y est resté plus de 6h. durant lesquelles toute la journée les soutiens n'ont cessé de se relayer afin d'exiger sa libération. Parents, enseignants, conseillers pédagogiques, étudiants IUFM, élus, citoyens, voisins sortis sur leur balcon et solidaires déterminés à rester ici jusqu'à ce qu'il sorte, prêts à retourner dans leurs écoles et amener tout le monde dans la soirée sur place si besoin. Finalement Sami sort à 15h30, soulagement de courte durée quand on apprend qu'il passera en correctionnelle le 23 février 2009. A 16h. les manifestants retournent avec hâte dans leurs écoles : il faut prévenir les collègues de l'issue de la garde à vue et préparer « la nuit des écoles » qui va se tenir comme prévu.

 

Ce sont des écoles anciennement zep et à présent « Ambition Réussite », du centre-ville ou de la périphérie nantaise, elles portent des noms qui évoquent la République et elles ont participé à cette « nuit des écoles ». Petit tour d'horizon, dans les faits, comment ça c'est passé ?


Partout les élus sont passés rappeler les consignes de sécurité voire assurer de leur soutien.

Dans ce quartier populaire classé « Ambition réussite », 4 écoles sur 5 se sont mobilisées : dans le premier groupe scolaire, un écran géant pour une projection conviviale, soirée dégustation de petits plats traditionnels, l'ambiance est chaleureuse. On devise des accras à la main. La soirée est tellement réussie qu'on se promet de renouveler !


Un peu plus loin dans le quartier, sur une aire de jeux pour enfants, on a installé à la hâte bancs et petites tables d'une autre l'école pour un pique-nique au grand air et à la fraîche. Les enfants descendent des tours, les parents trouvent l'occasion de discuter avec les enseignants « hors cadre institutionnel », entre beurre de sardines et jus de pamplemousse. Les enfants n'en reviennent pas de voir la maîtresse à 21h. dans le quartier, pour un peu on dirait presque qu'on fait la fête tous ensemble...


Oui mais l'école n'est pas vraiment à la fête... dans les échanges il est question des nouvelles mesures du Ministre Darcos, du besoin de postes supplémentaires, du risque de fermeture de cette école, des enseignants qui ne sont pas bien remplacés, la banderole interroge les enfants : à présent qu'ils savent lire, il faut bien répondre à leurs questions! « Pourquoi c'est écrit « Parents- Profs en colère »? » demande ici une petite fille, là c'est un papa qui tente de joindre le correspondant presse du quartier et qui demande des éclaircissements sur les programmes aux enseignantes...

 

Avec la tombée de la nuit on perd quelques degrés, on se replie dans l'école maternelle, c'est l'heure du dessert, des petits gâteaux et du thé à la menthe. Avant d'aller se coucher dans la dernière école du bout du quartier, on se prépare également à se mobiliser dès le lendemain après-midi pour la manif organisée toujours contre les lois Darcos, la réclamation de 200 postes d'enseignants, contre la criminalisation des mouvements sociaux et le soutien au collègue poursuivi.


En centre-ville le décor est posé depuis quelques jours déjà. Tout s'est accéléré et la détermination semble encore plus forte depuis l'occupation de l'Inspection académique qui a amené le directeur a faire constater une blessure à la main (il n'y a pas de blessés légers que chez les forces de l'ordre). Une banderole est déployée.


C'est le soir du conseil d'école et le jour dévolu à la chorale des parents, nul doute donc qu'il y aura du monde tout au long de la soirée. L'école est située au coeur de la ville. On allume la lumière dans toutes les pièces. Il faut montrer qu'on reste éveillé !


Dans une classe un campement de fortune : une tente abrite une famille avec de jeunes enfants, l'enseignante qui me fait visiter me confie qu'elle va se choisir une autre « chambre » pour passer la nuit afin d'éviter les réveils nocturnes des joyeux bambins. Elle propose aux participants un vrai pensum : sur des feuilles de cahier, chacun est invité à « faire des lignes » et à recopier « J'ai participé à la nuit des écoles ». Les enfants sont ravis : les tableaux sont pour eux, un jeu de chamboultout s'organise : 3 points pour dégommer les programmes!


A Rezé, ville voisine, dans une autre école encore, c'est une quarantaine de parents et d'enseignants qui se sont retrouvés vers 19h.30. Ils commencent par débattre des sujets qui les ont amené à participer à cette initiative. Beaucoup de parents travaillent également dans la fonction publique, en particulier les hôpitaux, tous partagent la même inquiétude et incertitude quant au sort qu'on leur réserve, et plus largement l'avenir de notre société « sans que ça devienne trop meeting politique » me rapporte le directeur. Ici aussi la garde à vue de l'enseignant d'Indre est évoquée, elle a profondément choqué les collègues et parents qui se sont déplacés sur les lieux dans la journée, mais plus largement tous les participants à la soirée.


A plusieurs reprises, dans la journée devant le commissariat, et dans les différentes écoles le soir le « mouvement des 500 postes » (hiver 200-2001) est rappelé : un mouvement fort où la mobilisation avait fini par payer... Les personnes qui s'investissent y font référence comme à un héritage...


Et pour la suite, afin de montrer qu'on a de la ressource et qu'on ne s'essouffle pas, rendez-vous est déjà pris pour le 28/06 pour une autre initiative qui se veut aussi nationale, un nouveau blog créé, les débats continueront, même si la cloche des vacances va sonner d'ici peu parce qu'on peut se poser la question de savoir si « L'école est finie? »...

Sur le site du Café
Par fgiroud , le dimanche 15 juin 2008.

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