Guide de rentrée 2008 : Philosophie 

François Jarraud


L'enseignement de la philosophie en débat

 

Qui veut tuer l'enseignement de la philosophie ? Luc Ferry sans doute qui dans La Croix se livre à une démolition en règle de cette discipline qu'il a lui-même enseignée. La réforme du lycée pourrait faire le reste.


Un sondage réalisé par La Croix et ses commentaires ont porté l'enseignement de la philosophie sur la place publique. Selon le sondage, l'opinion publique est à peu près divisée en trois parties. Un tiers des français souhaite rendre la philosophie obligatoire en première. Il s'agit plutôt des CPS supérieures, cultivées et à gauche (ou écologiste). Un nombre équivalent  souhaite en faire une option. Il s'agit de l'électorat de droite, de niveau bac, plutôt jeune. Enfin un français sur dix souhaite sa disparition. Il s'agit de l'extrême-droite de niveau éducatif faible. Les autres (20%) sont pour le maintien du statu quo actuel. Le quotidien décrit des professeurs de philosophie sur la défensive face à la réforme des lycée qui pourrait rendre la discipline optionnelle.


Dans un article, Luc Ferry, ancien ministre et professeur de philosophie, estime que "globalement la philosophie est très mal enseignée" et il demande la suppression du programme actuel au bac, programme qu'il a quand même porté comme ministre…


Car pour Luc Ferry, "la vérité, c’est que la philosophie n’a à peu près aucun rapport avec ce qu’on enseigne en terminale". Il revendique à la place de la découverte des notions, un enseignement de l'histoire des idées. "Ce qui serait passionnant pour les élèves, ce n’est pas ce vague exercice «d’étonnement», de « réflexion » ou « d’esprit critique » qu’on leur demande d’avoir sur les notions au programme – l’espace, le temps, le beau, le vrai, la justice… – mais de découvrir les grandes visions du monde qui ont scandé l’histoire de la pensée".


Il dénigre au passage l'enseignement de la philosophie à l'école primaire. "Les enfants sont trop jeunes pour ne pas être la proie d’un apprenti gourou et si l’on s’en tient à quelques discussions générales sur des «grands sujets», il vaut mieux parler d’instruction civique plutôt que de philosophie".


L'ancien ministre subit à son tour les critiques. Ainsi Jean-François Chazerans estime que "quoi qu’en pense Ferry la scolastique n’est pas tant un apprentissage par notions que par auteurs. C’était, en particulier Aristote, qui était l’auteur de référence universelle et indépassable". Avant de ramener l'ancien ministre dans le monde réel du bac. "Cette année j’ai 12,5 jours pour corriger 120 copies. Ce qui me fait une moyenne de 9,5 copies par jour. Soit presque 5 heures (si on ne compte pas le samedi et le dimanche : 7 heures de correction par jour !). Dans ces conditions : professeurs de classes préparatoires qui ne connaissant que l’élite et qui sont enclins à noter plus sévèrement et manque évident de correcteurs, l’arbitraire n’est-il pas la règle".

Article de L. Ferry

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2340440&rubId=786  

Article de JF Chazerans

http://philosophant.free.fr/article.php3?id_article=94


A lire aussi cet entretien entre François Bégaudeau et Luc Ferry dans Philomag

"F.B. Vous renvoyez dos à dos républicains et pédagogues. A mes yeux il n'y a pas symétrie. Si ma sympathie va plutôt aux seconds, c'est qu'ils me semblent moins idéologues que les premiers… Ce qui l'a porté, c'est davantage le souci de sauver des élèves en perdition qu'une idéologie « sympathoche » du type : « Les enfants sont tellement cool, cessons de leur faire violence en leur imposant un héritage ! » De fait, quand je fais un cours magistral, j'ai dix élèves qui suivent, dix qui ne comprennent pas et dix qui dorment. La pédagogie a été inventée pour ces deux dernières tranches…

L. F. : Je ne suis pas d'accord. L'idée selon laquelle il faudrait fabriquer des hameçons pour aller chercher les corps représente l'illusion pédagogiste par excellence. Il est faux de croire qu'on va travailler parce qu'on est motivé. C'est généralement l'inverse : on est motivé parce qu'on a travaillé. Ne nous intéresse vraiment, paradoxalement, que ce à quoi nous avons beaucoup travaillé, parfois par contrainte".

http://www.philomag.com/article,dialogue,francois-begaudeau-et-lu[...]


 

Les programmes des concours 2009

Le B.O. spécial du 29 mai publie les programmes des concours internes et externes de l'agrégation, du Capes et Capeps; ainsi que ceux du Caplp et du Capet. Le même numéro propose aussi les programmes des concours externes des CPE et CoPsy.


Au programme de l'agrégation externe de philosophie : Écrit . 2e épreuve. Composition de philosophie se rapportant à une notion ou à un couple ou groupe de notions.  L'iindividu.

. 3e épreuve. Épreuve d'histoire de la philosophie.: 1. Platon. 2. Hume : Traité de la nature humaine. Enquête sur l’entendement humain. Enquête sur les principes de la morale. L’Histoire naturelle de la religion. Dialogues sur la religion naturelle.

Oral : Première leçon : La politique.

Agrégation interne : la matière, la morale.

Le programme du capes externe est celui des classes de terminale. Il n'y a pas de capes interne.

Au B.O. spécail 4

http://www.education.gouv.fr/bo/2008/special4/default.htm


Les sujets des concours 2008

Le site académique d'Amiens met en ligne les sujets des concours 2008. L'agrégation interne proposait en première composition deux textes de Leibniz et Bergson et en sujet de composition : "la politique : affaire de compétences ?". Au capes externe, le sujet de composition était "la moralité est-elle utile à la vie sociale ?".

http://pedagogie.ac-amiens.fr/philosophie/PAF/sujetsconcours2008.html



Débuter en philosophie


En série générale


Des conseils pour les devoirs et les cours

"On veillera à donner très rapidement un sujet de dissertation, sans s'attarder dans des considérations méthodologiques préalables. Il est préférable de donner en classe, dans la leçon, le constant exemple du traitement méthodique d'une question, et notamment de l'usage philosophique des textes". Les IPR parisiens fixent leurs exigences dans le bulletin de rentrée. "Le travail de la dissertation doit être régulier et soutenu. En S, ES et dans les séries technologiques, la périodicité recommandée est d'un devoir toutes les quatre semaines, donné lors de la remise des copies précédentes. Trois devoirs en temps limité (4 heures) doivent être organisés au cours de l'année. En série L, le nombre des devoirs en temps libre est plus important (un toutes les trois semaines)".

http://philosophie.scola.ac-paris.fr/Bulletinderentrée0607.pdf


En série générale, le programme a été changé en 2003. Il est en ligne sur EduScol

http://www.eduscol.education.fr/index.php?./D0016/LLP16GD01.htm


Un recueil de textes officiels sur le métier

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/infosofficielles.htm

et un autre, très complet, sur l'enseignement de la philosophie

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/infosphilo.htm


Particulièrement le dédoublement de la 3ème heure en série S

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/philoofficiel/horaires.htm

Les 8 heures en série L

http://eduscol.education.fr/D0056/horairesseriel.htm


Sujets et textes

Plus de 3.000 sujets, près de 1.200 textes philosophiques : c'est ce que nous propose le site grenoblois. Un moteur de recherche permet d'accéder facilement aux notions et de construire ainsi rapidement des sujets de devoirs. Car "Les hommes peuvent-ils avoir des droits sans avoir des devoirs ?"…

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/pages/search2.php

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/pages/search.php3


Le manuel multimédia de Nantes

La rubrique philosophie de l'espace pédagogique de Nantes propose en cette rentrée un petit pratique multimédia de philosophie pour tous et pour personne. Vous pouvez accéder à un ensemble de documents relatif au programme de philosophie des classes terminales (textes philosophiques, sujets de dissertations, documents audio et vidéo de philosophie, activités pédagogiques, cours et conférences en ligne, ressources multimédia associées, ...). Il est autant destiné aux professeurs souhaitant trouver de nouvelles ressources, qu'aux élèves pour illustrer, prolonger ou approfondir leur cours mais aussi aux parents pour prendre connaissance des réflexions menées par leurs enfants durant cette année de terminale.


Par exemple, sur le thème de la bilogie, Stéphane Vendé nous propose des extraits vidéo (avec F. Dagognet), des sujets de dissertation, une sélection de ressources.

http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/79652062/0/fiche___pagelibre/[...]


Les auteurs au programme

Une sélection de sites Internet pour étudier chaque auteur au programme.

http://espaceeducatif.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/site/espaceeducatif3/p[...]


Textes

C'est une petite encyclopédie que le site académique de Grenoble nous propose. Pour chaque notion du nouveau programme 2003, pour chaque auteur, les enseignants trouvent sur le site des textes philosophiques illustrant le programme.

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/


Entraînement à la dissertation

Sur le site picard, C. Prompsy propose un exercice de correction de dissertation. Les élèves doivent travailler les problématiques, puis les conclusions.

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/sujets/exercicespla[...]


L'explication de texte au baccalauréat

" A la fin du premier trimestre, trois réunions départementales se sont tenues dans notre académie. Elles avaient pour vocation de susciter une réflexion commune sur l’explication de texte, sa nature et sa place dans notre enseignement. A l’issue de ces trois rencontres, nous étions convenus de consigner les conclusions de ces discussions et de les communiquer à tous afin qu’elles jouent un rôle régulateur dans la conduite de notre enseignement et dans nos pratiques d’évaluation, notamment lors des épreuves du baccalauréat". Le travail de ces rencontres picardes est mis en ligne par M. Francis Foreaux, IPR, Jocelyne Breton, M. Arnaud Desjardin et Pierre-André Huglo. Ils évoquent l'épreuve écrite, l'oral et l'organisation de l'épreuve.

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/philoofficiel/con[...]


A la Une : Les e-books de Grenoble

Sur le site de Grenoble, Pierre Hidlago diffuse sous forme de e-books au format pdf, d'anciens ouvrages de la collection "Profil d'une œuvre" chez Hatier. On peut ainsi revoir Aristote présenté par Jean-Claude Fraisse, Kant par JM Muglioni, Rousseau par E. Zernik, Descartes par E. Brauns. Voilà une collection de grande qualité pédagogique mise gratuitement à la disposition des lycéens.


Ce n'est pas tout. P. Hidalgo propose également en e-book les anciens ouvrages de la collection "Profil d'une notion" de Hatier. On dispose ainsi en téléchargement gratuit de La justice par Elisabeth Clément, La Liberté du même auteur,  Le temps par Catherine Malabou, Les passions et La religion par Frédéric Rognon. Enfin P. Hidalgo met aussi en téléchargement l'Amérique de Tocqueville.

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=8109

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=11031

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=8114


En série technologique


La philosophie en ST2S en 2008

Les horaires de la nouvelle filière Sciences et technologies de la santé et du social ont été publiés au J.O. du 28 septembre 2006. La philosophie y dispose d'une heure plus une heure de TD. Ces horaires de philosophie seront appliqués à la rentrée 2008.

http://eduscol.education.fr/D0055/horairesserieST2S.htm


Le nouveau programme (2006) en STG

"Dispensé durant une seule année, à la fin du cycle secondaire, et sanctionné par les épreuves d’un examen national, l’enseignement de la philosophie en classes terminales présente un caractère élémentaire qui exclut par principe une visée encyclopédique. Il ne saurait être question d’examiner dans l’espace d’une année scolaire tous les problèmes philosophiques que l’on peut légitimement poser, ou qui se posent de quelque manière à chaque homme sur lui-même, sur le monde, sur la société, etc. Il ne peut pas non plus s’agir de parcourir toutes les étapes de l’histoire de la philosophie, ni de répertorier toutes les orientations doctrinales qui s’y sont élaborées. Il convient donc d’indiquer clairement à la fois les thèmes sur lesquels porte l’enseignement et les compétences que les élèves doivent acquérir pour maîtriser et exploiter ce qu’ils ont appris. Le programme délimite ainsi le champ d’étude commun aux élèves des séries technologiques". Après d'après discussions, le nouveau programme des séries technologiques entre en application à la rentrée 2006. Il se compose d'une liste de notions et d'auteurs.

Le programme au B.O.

http://www.education.gouv.fr/bo/2005/hs7/MENE0501664A.htm

 

Comment enseigner la philo en série technologique ?

Dans l'académie d'Amiens, les professeurs de philosophie ont échangé fin décembre sur le projet de programme et surtout sur les méthodes pédagogiques à développer pour le rendre accessible. Par exemple : comment gérer les difficultés et lacunes des élèves sur le plan culturel ? Comment résoudre le problème de la maîtrise de l'écrit ? Comment rendre les textes accessibles ? Une réflexion commune riche, ouverte et inventive qui aborde notamment la question de "l'enfermement volontaire" de certains élèves. "Comment impliquer subjectivement les élèves ?"

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/PAF/enseignertechno.htm

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/PAF/enseignertechno2.htm


L'épreuve des séries technologiques

Une note publiée au B.O. du 8 juin définit les épreuves de philosophie des bacs technologiques à compter de la session 2007. Peu de changement : une épreuve écrite (trois sujets : deux dissertations, une explication de texte) de 4 heures, (coeff 2 ou 3), une épreuve orale de contrôle (durée 20 minutes, coeff 2).

http://www.education.gouv.fr/bo/2006/23/MENE0601210N.htm  


Socrate et Matrix

En terminale STI, Yannick Bezin montre comment s'appuyer sur un film populaire pour amener les lycéens à la lecture et à la philosophie. Sa démarche met en parallèle les thèmes du film avec des textes philosophiques. Ainsi l'illusion de Néo renvoie à la caverne de Platon. Le film évoque la liberté, le destin, le progrès technique, l'évolution. Sa démarche est accompagnée d'une sélection webographique qui ouvre d'autres perspectives d'utilisation en philosophie.

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/sujets/matrix.htm



Bientôt la philosophie en lycée professionnel ?


Enseigner la philosophie en lycée professionnel

"Il ne fait donc pas de doute pour les rédacteurs de ce rapport que l'enseignement de la philosophie en lycée professionnel, tel qu'ils ont pu l'examiner en fonctionnement dans l'académie de Reims, a fait la preuve de son opportunité et de sa faisabilité. Ils estiment que les avantages éducatifs, mais aussi culturels et sociaux, l'emportent très largement sur les coûts collectifs, au bénéfice des élèves parmi les plus démunis et, qu'à ce titre, son développement doit être encourage". C'est un rapport très favorable qu'ont remis les inspecteurs généraux Alain Séré et Philippe Forstmann sur le dispositif d'enseignement de la philosophie en lycée professionnel. Disons tout de suite que cet enseignement est balbutiant. Alors que la philosophie est inscrite aux programmes des terminales technologiques et générales, elle est seulement expérimentée en lycée professionnel. Elle ne touche que 650 élèves de 50 classes.


Pourtant, les inspecteurs soulignent ses apports positifs.  Les élèves sont sensibles au fait qu'ils font des études comparables aux autres bacheliers. Et cet enseignement "contribue a modifier indubitablement le rapport au savoir et au langage des élèves concernés, a installer (ou a développer) des attitudes face aux textes, aux concepts, aux autres, a l'exercice personnel de la pensée". Les élèves maitrisent mieux l'écrit, ils sont mieux préparés a suivre l'enseignement de culture générale de bts, leur attitude envers l'école s'améliore.


Comment arrimer cet enseignement a la filière professionnelle ? Pour l'inspection générale il faut "mieux articuler l'enseignement de la philosophie au cadre pédagogique du lycée professionnel". Et pour cela, les inspecteurs recommandent de s'appuyer sur les ppcp, un dispositif malheureusement généralement ignore des professeurs de philosophie  qui oeuvrent en l.p… l'inspection souhaite également que cet enseignement soit évalue au bac professionnel. Enfin il conviendra de préparer les professeurs de philosophie a enseigner en l.p. car l'inspection estime qu'il "n'est pas pertinent de former des enseignants en vue d'une pratique exclusive en l.p.". Le rapport demande donc des moyens pour cet enseignement, menace par les réductions de postes, et un cadrage réglementaire. Deux conditions qui devraient impliquer  l'inspection générale de philosophie a laquelle n'appartiennent pas nos deux  auteurs.

http://media.education.gouv.fr/file/27/5/5275.pdf



Et pour les élèves…


Le Guide du Bac du Café pédagogique

 La rubrique philosophie du Guide du bac peut vous aider à trouver des ressources pour compléter les cours, des conseils méthodologiques et aussi des enseignants pour vous aider. Elle vous aide aussi à bien comprendre l'épreuve du bac général ou technologique..

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/BacBrev[...]


Dissertation mode d'emploi

Comment faire une "belle" dissert ? Sans illusion mais avec conviction, le site Philopartous s'adresse aux lycéens…

http://philopartous.free.fr/apptt/method1.htm





Pas de vacances pour la philo

Associer à un philosophe antique une image lui correspondant, imaginer les équipes de la partie de pétanque épicuriens versus stoïciens, retrouver dans une liste des problèmes philosophiques : voilà quelques uns des exercices que propose le Cahier de vacances Philo de Sophie Fromager et Patricia Laporte.


Ce n'est pas le cahier de vacances classique qui s'adresse aux seuls lycéens et vise la révision (impossible ici !) ou la préparation scolaire à un programme. A travers ces exercices, des pensées philosophiques et des informations sur les philosophes, le cahier initie à la réflexion philosophique et tente de nous apprendre à penser. Et même pire encore : il nous apprend à faire la bonne vieille dissertation.


Les lycéens y trouveront une approche originale et efficace de la philosophie. Les professeurs de bonnes idées d'exercices. Les parents, de sacrés casse tête. Trois bonnes raisons pour découvrir ce Cahier !

Sophie Fromager et Patricia Laporte, Cahier de vacances Philo, CNRS éditions.


Une vie après la philo ?

"L’enseignement de la philosophie en classe terminale suscite bien souvent l’enthousiasme : voici enfin une discipline qui depuis plus de deux mille ans aborde les questions essentielles de l’existence… Pourtant beaucoup hésitent à s’engager dans une licence de philosophie : le principe de réalité conduit à s’interroger sur les débouchés possibles après une licence de philosophie. On entend souvent l’objection légitime : « Tout cela c’est très bien, mais comment vas-tu gagner ta vie ? Tu ferais mieux de te donner une formation technique courte qui te donnera une compétence sur le marché du travail ! »" Le site académique de Caen apporte une réponse à cette objection.


Il publie un guide réalisé par l'université de Caen  "pour s'orienter et préparer son insertion professionnelle". Elle montre clairement les issues possibles après deux années de licence et après la licence. Les futurs étudiants disposent ainsi de pistes professionnelles (journalisme, formations professionnelles etc.).

Le guide

http://www.discip.ac-caen.fr/philosophie/article.php3?id_article=33


Cours en ligne

Comment prolonger le cours de philosophie ? Serge Durand,professeur au lycée L. de Vinci à Saint-Witz (95) utilise le site du lycée. Les élèves y retrouvent les leçons, les corrigés des contrôles ainsi que des conseils méthodologiques.

http://www.lyc-vinci-st-witz.ac-versailles.fr/spip.php?rubrique19



Réfléchir à ses pratiques


Philosopher : tous capables

"Comment donner à l'enseignement de la philosophie toute sa valeur formatrice et émancipatrice, et ainsi contribuer à sa démocratisation ? Comment faire face aux évolutions des élèves tout en maintenant des exigences intellectuelles élevées ? Comment permettre à chacun de découvrir en soi, avec les autres, des capacités de réflexions nouvelles ?" Cet ouvrage du Gfen Philosophie souhaite montrer comment faire face aux évolutions des élèves tout en maintenant un haut niveau d'exigence. En enjeu : la démocratisation du lycée. L'ouvrage rend largement compte de pratiques pédagogiques : ateliers d'écriture, travaux méthodologiques, soutien, etc. Il donne des exemples de croisement de disciplines : avec l'histoire – géographie, l'action commerciale en STT, l'économie gestion par exemple. Un ouvrage doublement émancipateur.

http://www.gfen.asso.fr/catalogue/revues/revues/pratik_philo.htm


L'enseignement de la philosophie en Europe

Comment est enseignée la philosophie chez nos voisins européens ? La webmestre, Carole Prompsy nous emmène dans un véritable tour d'Europe qui inclut les états de l'est et ne se limite pas aux programmes. Dans nombre de pays la philosophie est absente ou facultative. Elle a généralement bien du mal à se détacher de l'enseignement de la religion, de l'éthique ou de la morale. Les méthodes pédagogiques varient également tout comme les modes d'évaluation (la dissertation n'est pas universelle). Voilà des pages que tout enseignant devrait parcourir !

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/europe.htm


L'histoire de la discipline

Le site d'Amiens met en ligne des liens qui permettent de suivre l'histoire de l'enseignement de la philosophie en France : programmes de 1823, 1832, 1865. Un enseignement bien politique..

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/histoire.htm


La B.D. comme outil pédagogique

" L’idée de partir de la bande dessinée afin d’introduire ou d’illustrer certaines notions philosophiques avec les élèves est partie d’un constat : ils ont pour la plupart un rapport de méfiance absolue à l’égard des textes philosophiques dont ils ont le sentiment qu’ils sont écrits dans une « langue étrangère ». Par contre, même s’ils sont incapables, la plupart du temps, d’un rapport critique à l’image, ils ne l’envisagent pas avec la même méfiance. Par ailleurs, la bande dessinée contemporaine offre un réservoir quasiment inépuisable d’illustrations pour nos cours dans la mesure où elle aborde, que ce soit par le biais de l’humour, du polar ou encore de l’interrogation sociale un certain  nombre d’interrogations que la philosophie prend en charge de manière plus analytique". Arielle Castellan, professeure à Amiens, propose quelques exemples éclairants sur l'art,"théorie et expérience" ou encore le travail.

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/sujets/bd.html


Pour aller plus loin… : Il faut enseigner la philosophie avant la terminale


Peut-on philosopher avant la terminale ? Il semble bien que oui si on en juge par la multiplication des expériences de "discussion à visée philosophique" à l'école et au collège ou par l'introduction du débat à l'école ou au lycée (en ECJS). Nous avons demandé à François Galichet de nous éclairer sur les enjeux de ces nouveaux desseins pour la philosophie.


La pratique du débat philosophique dans les classes élémentaires connaît un développement très important en France depuis quelques années. Ce développement est d'autant plus remarquable que la conception française de l'enseignement philosophique obéit à une doctrine très stricte, qui n'a pratiquement pas évolué depuis sa fondation par Victor Cousin au milieu du 19ème siècle et les instructions d'Anatole de Monzie en 1925, qui lui donnent sa forme définitive. Cette doctrine stipule que l'accès à la pensée philosophique exige un certain degré de maturité intellectuelle et psychique, ainsi que l'acquisition d'un ensemble de connaissances encyclopédiques. L'enseignement philosophique représente alors en quelque sorte le couronnement des études secondaires, en même temps qu'une sorte d'étape initiatique qui fait passer l'élève de l'adolescence, âge de toutes des révoltes et de tous les bouillonnements irrationnels, au stade du jeune adulte capable de choix lucides et raisonnés. Dans cette doctrine, on le voit, l'exercice de la réflexion philosophique chez l'enfant est non seulement absurde - car il n'a ni la maturité, ni les connaissances nécessaires - mais dangereux, car il introduit et agite des idées qui ne seraient pas de son âge, et pourraient le conduire aux comportements les plus extrêmes.



La doctrine traditionnelle de l'enseignement philosophique


Cette doctrine est encore soigneusement préservée et verrouillée par les gardiens institutionnels de la corporation des professeurs de philosophie : inspecteurs généraux et régionaux, associations d'enseignants, universitaires de la discipline. Malgré des contestations de plus en plus vives en leur sein 1, on peut dire que les professeurs de lycée y adhèrent et concourent à maintenir la situation bloquée, comme le récent rejet d'une réforme pourtant timide l'a bien montré.


Cela n'a rien d'étonnant : les enseignants de philosophie sont recrutés et formés sur des critères exclusivement universitaires. Or beaucoup d'étudiants choisissent la philosophie pour des raisons essentiellement personnelles, parce qu'ils sont tourmentés par des interrogations, des questionnements qu'ils souhaitent approfondir. Par suite, le choix de la carrière enseignante, qui est à peu près la seule voie qui s'offre à eux s'ils veulent continuer à pratiquer la philosophie à plein temps, répond moins à un désir pédagogique de faire partager une passion intellectuelle qu'à la nécessité prosaïque de gagner sa vie. Dans ces conditions, l'enseignement à un seul niveau - la terminale - et dans des classes qui ne posent pas trop de problèmes - les lycées d'enseignement général et technologique - leur permet de limiter au minimum incompressible leur réflexion didactique, et de réduire leur démarche d'enseignement à des formes (le cours magistral, la dissertation) qui sont aussi proches que possible des formes universitaires qui sont les seules qu'ils aient jamais connues.


Dans les autres disciplines ( français, mathématiques, sciences, langues , etc.), leur très large étalement sur de nombreux niveaux ( de la sixième à la terminale) et dans plusieurs filières à finalités très différentes ( enseignements généraux, technologiques et professionnels ) oblige les futurs enseignants à un effort d'adaptation, de transposition et de diversification des objectifs , des méthodes, des techniques, qui interdit de faire l'économie de la pédagogie. L'enseignement philosophique français, limité à le seule terminale ( cas désormais unique en Europe) permet à ses protagonistes de prétendre encore pouvoir se passer d'une réflexion pédagogique et didactique , au motif que la philosophie serait sa propre pédagogie.


Dans ces conditions, il n'y a rien d'étonnant à ce que l'idée d'une pratique de la philosophie dès le plus jeune âge - c'est-à-dire dès la maternelle - soit venue en France sous l'impulsion de l'étranger.



Les pratiques nouvelles de « philosophie pour enfants »


Ce mouvement a été initié aux Etats-Unis par Matthew Lipman, créateur d'un programme de « Philosophie pour enfants » ( Philosophy for children). Ce programme repose sur une série de romans, correspondant chacun à un niveau d'âge. Ils servent de point de départ à des débats et des discussions permettant de constituer la classe en « communauté de recherche » ( community of inquiry).


L'idée a été reprise dans divers pays du continent américain , notamment au Brésil ( où plus d'un millier de classes pratiquent la méthode Lipman) et Canada ( où de nombreuses recherches didactiques ont été menées autour de ce thème2). En Belgique, dans le cadre du cours de morale institué au primaire comme au secondaire, elle a été mise en pratique essentiellement sous la forme de dilemmes moraux visant à une confrontation des représentations sur des questions éthiques.


En France, les activités philosophiques en classe se sont multipliées dans l'enseignement primaire depuis une dizaine d'années, au point que certains ont pu parler de « l'émergence d'un nouveau genre scolaire »3. Plusieurs colloques ( Paris 2001, Rennes 2002, Balaruc 2003, Caen 2004, Poitiers 2005) ont eu lieu, témoignant d'une reconnaissance officielle de ce type de pratique par le Ministère. Depuis la rentrée 2002, une demi-heure hebdomadaire de débat est inscrite à l'emploi du temps de toutes les classes primaires, ce qui lui donne un cadre institutionnel où elle peut se développer .


Entre l'école primaire et le lycée, où la philosophie, même si elle n'est officiellement présente comme discipline qu'en Terminale, peut être enseignée dès la classe de seconde par le biais de l'ECJS et des TPE, entre autres, le collège constituait jusqu'ici un « trou noir », un hiatus d'autant plus choquant que la pré adolescence, entre 11 et 16 ans, est un âge où l'on se pose beaucoup de questions « philosophiques ». Ce hiatus commence à être comblé : des initiatives se font jour pour organiser des discussions à visée philosophique, d'abord en SEGPA, puis maintenant dans les classes dites « normales »,notamment par le biais d'IDD ( Itinéraires de découverte) consacrés entièrement à ce type d'approche. Les échos de ces expériences montrent un intérêt passionné de la part des élèves, à tel point que des professeurs de français ou d'autres disciplines sont prêts à s'y engager leur tour.


On peut donc dire que cet essor témoigne d'un besoin réel, voire d'une nécessité dans le monde contemporain où l'incertitude sur les valeurs fondamentales va de pair avec un ensemble d'urgences - démocratiques, sociales, écologiques - qui exigent une réflexion de chaque citoyen sur les finalités de la vie sociale. C'est pourquoi certains ont pu parler d'un « droit à la philosophie » qui s'inscrirait dans le cadre des droits à la liberté d'opinion, d'expression et de pensée reconnue à l'enfant ( articles 12,13 et 14 de la CDE).



Les professeurs de philosophie devant un choix crucial


Les enseignants actuels de philosophie, formés à l'Université à une conception de la philosophie universitaire sont, dans leur majorité, on l'a vu, tentés de restreindre l'enseignement de la philosophie à la seule classe de Terminale.


Or avec l'émergence des nouvelles pratiques du philosopher, vont bientôt arriver au lycée des élèves pour qui la philosophie ne sera plus une activité inconnue, vaguement initiatique, et objet d'une curiosité intense avant, trop souvent, de susciter une déception profonde.


Ces élèves, qui auront pratiqué la philosophie durant des années, essentiellement sous la forme de discussions argumentées précédées et suivies par la production de textes libres et la lecture de textes en rapport avec les sujets débattus, débarqueront en Terminale avec l'idée de continuer à pratiquer la philosophie ainsi.


Les professeurs de philosophie seront donc devant un choix. Ou bien ils continueront de s'arc'bouter sur des positions intenables, et ils s'exposeront à une disqualification suicidaire de l'enseignement philosophique au Lycée, donnant des arguments à tous ceux qui rêvent d'en faire un enseignement purement optionnel. Ou bien ils s'ouvriront à ces nouvelles pratiques et même y participeront : c'est ainsi que plusieurs enseignants de philosophie ont accepté, dans le cadre d'une opération menée en Seine-Saint-Denis par la Fondation 93, d'aller dans des classes de SEGPA animer des discussions sur des thèmes philosophiques.


Ils y seront encouragés par certains philosophes universitaires qui ne considèrent pas ces nouvelles pratiques comme une trahison de la philosophie ni comme un enseignement au rabais qui usurperait la qualification de philosophique.


Ainsi François Dagognet, professeur émérite à l'Université de Paris 1, écrit-il à la fin de sa préface à l'ouvrage d'Anne Lalanne, Faire de la philosophie à l'école élémentaire : dans ce type d'atelier, « l'élève apprend à penser ». Alors que « l'enseignement traditionnel [de la philosophie] va droit dans le mur » et « risque de susciter l'ennui », avec les nouvelles pratiques l'élève « va jusqu'à échanger avec ses semblables. Il se sensibilise aux mots essentiels. Il s'interroge ». C'est pourquoi le livre qui en fait la relation « déstabilise les dogmatiques ».


Yves Michaud, professeur de philosophie à la Sorbonne, fondateur de l'Université de tous les savoirs, a écrit un ouvrage La philo 100% ado , où il décrit le travail philosophique effectué avec des collégiens.


Jean-Luc Nancy affirme clairement : « Ce que nous appelons encore« enseignement de la philosophie » doit connaître une mutation à laquelle aucune réforme des programmes de la seule terminale ne peut suffire. La première et minimale condition en est, de toute évidence, le développement d'une culture philosophique ou pré-philosophique ( ce que Hegel entendait par philosophische Bildung ) bien avant la terminale (…). Il faut qu'aujourd'hui le jeune élève puisse découvrir l'exercice de la pensée réfléchie et critique bien avant d'être formellement exposé à l'épreuve des textes, opérations et outils proprement philosophiques ». Jean-Luc Nancy fut lui-même un pionnier en la matière, puisqu'il mena une expérience de « Philosophie en cinquième » dès les années 1970.


S'il s'enferme dans le ghetto de la terminale ( et a fortiori de la terminale générale et technologique, en refusant même l'extension aux lycées professionnels, qui sont actuellement privés de philosophie), l'enseignement philosophique est condamné à mourir. Sa seule chance de survie est de rejoindre le mouvement qui considère, avec Montaigne, que « la philosophie, on a grand tort de la peindre inaccessible aux enfants (…). Puisque la philosophie est celle qui nous instruit à vivre, et que l'enfance y a sa leçon comme les autres âges, pourquoi ne la lui communique-t-on pas ? ». « La philosophie a des discours pour la naissance des hommes comme pour la décrépitude ». « Ni le plus jeune âge ne se refuse à la philosophie, ni le plus vieil ne s'en lasse ».


François GALICHET

Professeur émérite de philosophie

IUFM d'Alsace et Université de Strasbourg 2.


Bibliographie indicative :

Michel Tozzi coord., L'éveil de la pensée réflexive à l'école primaire, Hachette Education, 2001

J.Chatain, J-C Pettier, Textes et débats à visée philosophique au cycle 3, au collège , SCEREN-CRDP de Créteil, 2003.

Yves Michaud, La philo 100% ado, Bayard Jeunesse, 2003

A.Lalanne, Faire de la philosophie à l'école primaire, ESF, 2002

François Galichet, Pratiquer la philosophie à l'école, Nathan, 2004.

http://www.pratiques-philosophiques.net/  ( espace d'informations et de publications sur les nouvelles pratiques d'enseignement philosophiques)


Notes

1 Contestations qui s'expriment en particulier par le biais de l'ACIREPH, qui milite pour une extension de l'enseignement philosophique à des filières ( lycées professionnels) et des niveaux ( seconde et première ) où il n'est pas encore introduit.

2 Cf M.F Daniel, La philosophie et les enfants, Montréal, Editions Logiques, 1992, et P.Laurendeau, Des enfants qui philosophent, Montréal, Editions Logiques, 1996.

3 Cf Les activités à visée philosophique en classe : l'émergence d'un genre ? M. Tozzi dir., SCEREN CRDP de Bretagne, 2003.



Le blog comme une source. Rencontre avec Jean-Christophe Blondel alias Harry Staut…


Le blog est-il adapté à l'enseignement de la philosophie ? Celui d'"Harry Staut"  le donne à penser qui offre un cadre agréable et ouvre des pistes qui ne peuvent qu'allécher les élèves.


Ce qui frappe en arrivant sur votre blog, outre sa qualité graphique, c'est le choix des sujets. Tous semblent repousser le domaine scolaire traditionnel : le désir, l'ignorance, Nietzsche mais en fin de vie... Qu'est ce qui justifie ces thèmes ?


Effectivement, en ce moment, quand on arrive sur le blog, on peut avoir l'impression que le propos général de celui-ci se place en décalage par rapport au strict domaine scolaire. C'est une impression juste si on conçoit le domaine scolaire comme un programme fermé, dont, par exemple, la fin de vie de Nietzsche ne fait pas officiellement partie. Néanmoins, il ne me semble pas que des sujets tels que le désir, l'ignorance, soient extérieurs au domaine scolaire. Tout d'abord, le désir est inscrit au programme de philosophie de terminale. De la même manière, la réflexion sur la vérité, qui est aussi au programme, permet (et même, commande) de s'intéresser à ce qu'est l'ignorance, même si celle-ci ne fait pas partie des valeurs que promeut l'éducation nationale. Justement, travailler sur ces évidences qui orientent la scolarité permet à donner à celle-ci un sens, particulièrement en cette dernière année de cycle, qui est censée conclure le cursus des élèves dans le secondaire.


Mais au delà de cette justification, il me semble que choisir des sujets qui peuvent sembler 'gratuits' permet de revenir vers une conception plus fondamentale de l'école, liée au loisir antique, qui était entre autres cet usage non productif de la réflexion, la pratique d'une recherche spirituelle n'ayant pas à être utile, et j'essaie de consacrer ces derniers mois de gratuité scolaire qu'est la classe de terminale à ces questions qui relèvent du véritable loisir.

 


Quel était le projet du blog à son départ ? Comment a t il évolué ?


J'enseigne la philosophie depuis douze ans, dont dix en tant que titulaire sur zone de remplacement, en Aquitaine. Ce caractère itinérant de mon travail a, lui aussi, généré ce blog : il permettait de poursuivre, pour certains élèves plus intéressés que la moyenne, l'enseignement au delà de l'année scolaire, qui est de toutes façons insuffisante. Depuis deux ans, je suis en poste fixe dans la région parisienne, sur un lycée en ZEP. Depuis les premières années, la question de la manière d'enseigner cette discipline, sans la réduire à de simples contenus, et sans la rendre inaccessible, constitue la plus grosse part de ma réflexion professionnelle. Ce blog est un des moyens que je mets en oeuvre, bien qu'il soit, comme le reste de mes dispositifs pédagogiques, imparfait. Sans doute son caractère parfois non conventionnel est il aussi en partie du au cursus peu académique qui fut le mien, n'ayant eu qu'un court parcours universitaire, et ayant été un peu tôt propulsé sur l'estrade, ce qui eut au moins pour bénéfice de me faire aborder ce terrain avec fort peu de certitudes.


Au début, le projet fut provoqué par des considérations très matérielles : je trouve intéressant de montrer aux élèves ce à quoi peut ressembler le traitement des sujets auxquels je leur demande de réfléchir. Pour échapper au risque que ces propositions puissent leur sembler être LA correction qu'ils cherchent tant, et dans la mesure où j'ai du mal à 'faire court', j'ai été vite confronté à une quantité de photocopies que certains des lycées qui m'employaient ont trouvée un peu excessive. Aussi ai-je commencé, il y a quelques années, à mettre en ligne ces documents pour mes élèves, ce qui les rendait aussi accessibles à tout internaute. Le choix du blog s'est imposé naturellement, permettant de ne pas s'encombrer avec le côté plus technique de la mise en place d'un véritable site, et correspondant bien à ma volonté de ne pas figer la réflexion dans une architecture de site qui serait l'équivalent d'un livre de cours, avec ses chapitres, ses leçons définitives. D'où le choix, aussi, d'orienter le blog davantage vers le traitement de sujets, et de ne plus proposer de cours, au sens strict du terme.

 

L'évolution des techniques mises à disposition des rédacteurs de blogs a aussi permis d'ouvrir de nouvelles perspectives, en proposant des nouveaux contenus, audio et vidéo, permettant de faire découvrir aux élèves des documents qu'il ne connaît que trop rarement.

 

Ajoutons, même si cela peut paraître accessoire, que la gratuité des contenus fait partie intégrante du blog, et que c'est important.

 


Le blog reprend les cours. Mais comment articulez vous le blog avec la classe ? Comment jugez vous de son utilité scolaire ?


A vrai dire, je crois que l'idée d'un blog reprenant le cours, au charme de laquelle j'ai succombé pendant un temps, est peu pertinente scolairement. Le cours, c'est la réflexion qui a lieu en classe, et dont ni un compte rendu écrit, ni une leçon telle qu'on en trouve dans les manuels ne peuvent être l'équivalent. Au mieux, les leçons que j'ai pu proposer dans le blog n'étaient la trace que des éléments de culture philosophique qui sont mis en jeu dans le cours, mais ils n'allaient pas au-delà, car ils ne rendaient pas compte du dialogue qui a lieu avec les élèves.


C'est pour cette raison que j'essaie d'orienter le blog davantage vers trois objectifs : proposer des traitements de sujets qui ne soient pas de simples corrigés de dissertation (travail qui s'effectue plutôt en cours, et sur les copies elles-mêmes) - Jeter des coups de projecteurs sur des sources de culture qui ne sont pas nécessairement de l'ordre de la culture philosophique officielle - Informer les élèves des sources de réflexion auxquelles ils peuvent s'abreuver, qu'il s'agisse de manifestations culturelles, de spectacles, d'expositions, d'émissions ou même d'expériences qui peuvent susciter un étonnement et une réflexion philosophiques.


L'image qui me vient le plus spontanément à l'esprit, pour désigner l'esprit de ce projet, c'est celui d'une source. C'est ce qui me manquait le plus lorsque j'étais élève : un lieu permettant de m'abreuver, et où je pourrais trouver du contenu complétant ce que le temps limité de l'école et les bornes des programmes ne permettaient pas d'aborder. Internet permet de proposer ce genre de source. J'oriente plus particulièrement ce blog vers mes élèves; ainsi les articles accompagnent-ils les problématiques abordées en classe, mais je ne m'interdis pas d'explorer d'autres domaines, en marque du travail scolaire, en ayant cependant pour projet général de connecter ces éléments aux divers champs qu'explore le cours.


L'utilité scolaire est difficile à évaluer. Il est même probable que l'esprit général de ce blog soit en partie liée à l'idée d'inutilité. Pour mes élèves, il n'a rien d'obligatoire, aucune évaluation ne se fait sur son contenu. Je ne sais même pas s'ils le consultent. En dernier ressort, si je veux trouver un argument en faveur de l'utilité de ce blog, je dirais qu'il me motive, ce qui n'est pas sans intérêt !

 

Cependant, certains élèves témoignent parfois de leur lecture, en me questionnant sur tel ou tel article. Pour ceux qui ont le plus de difficulté de compréhension avec le cours, certains articles permettent en quelque sorte de leur tendre la main, en faisant référence à des éléments de culture jugés assez populaires pour leur sembler accessibles (Fight-Club, par exemple, que j'ai déjà exploité, mais je pense aussi aux films de Roméro, qui permettent d'aborder certaines questions politiques). Pour ceux qui ont davantage de facilité avec le cours, j'essaie de proposer dans le blog un complément, des sortes de parenthèses et d'approfondissements qu'on n'aurait pas le temps de développer en cours.


On pourrait donc affirmer que ces articles s'adressent en premier lieu aux élèves qui font la démarche de ne pas se contenter du cours, qu'ils soient en difficulté ou non.

 


Cette démarche n'est pas fréquente dans votre discipline; Comment est-elle perçue par les collègues ?


Je ne suis pas sûr que cette démarche soit particulièrement rare dans cette discipline. Internet propose un grand nombre de contenus philosophiques, parfois gratuits, et de plus en plus payants. Les collègues de mon établissement, dans ma discipline, connaissent peu mon blog. Ce sont plutôt ceux qui enseignent d'autres matières qui s'y intéressent.

 


Liens :

Le blog d'Harry Staut

http://www.harrystaut.fr/



La liste de C. Prompsy

Une sélection d'une douzaine de blogs animés par des enseignants pour leurs élèves. Des approches parfois traditionnelles mais souvent originales. Ainsi Harry Staut qui utilise la chanson Hurt de Johnny Cash pour son introduction à la philosophie, ou celui des "petits philosophes" où des lycéens s'expriment.

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/philosophie/liens0.html#blog

Par fjarraud , le lundi 01 septembre 2008.

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